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Trente-cinq millions de personnes souffrent de troubles liés à l'usage de drogues (ONUDC)

Un Afghan consomme de l'héroïne à Kaboul.
Photo MANUA/Najeeb Farzad
Un Afghan consomme de l'héroïne à Kaboul.

Trente-cinq millions de personnes souffrent de troubles liés à l'usage de drogues (ONUDC)

Santé

De meilleures recherches et des données plus précises ont révélé que les conséquences néfastes de l'usage de drogues sur la santé sont plus graves et plus répandues qu'on ne le pensait auparavant, selon le dernier Rapport mondial sur les drogues, publié mercredi par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

D'après ce rapport, quelque 35 millions de personnes dans le monde souffrent de troubles liés à la consommation de drogues et ont besoin d'un traitement.

« Les conclusions du Rapport mondial sur les drogues de cette année complètent et complexifient  davantage le tableau mondial des problèmes liés à la drogue, soulignant la nécessité d'une coopération internationale plus large pour promouvoir des réponses équilibrées et intégrées à l'offre et à la demande en matière de santé et de justice pénale », a déclaré Yury Fedotov, Directeur exécutif de l'ONUDC.

Le rapport estime à 53 millions le nombre d'usagers d'opioïdes, soit 56 % de plus que les estimations précédentes. Les opioïdes sont responsables des deux tiers des 585.000 décès dus à l'usage de drogue en 2017. Au niveau mondial, 11 millions de personnes se sont injectées des drogues en 2017, dont 1,4 million vivent avec le VIH et 5,6 millions avec l'hépatite C.

Les estimations plus élevées pour 2017 sont le résultat d'une meilleure connaissance de l'ampleur de la consommation de drogues grâce aux nouvelles enquêtes menées en Inde et au Nigéria, deux des dix pays les plus peuplés du monde.

Augmentation de la gravité et de la complexité de la situation mondiale de la drogue

En 2017, on estime qu'environ 271 millions de personnes, soit 5,5 % de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans, ont consommé des drogues au cours de l'année précédente. Bien que cette estimation soit semblable à celle de 2016, une perspective à plus long terme révèle que le nombre de personnes qui utilisent des drogues est maintenant 30% plus élevé qu'il ne l'était en 2009.

Bien que cette augmentation soit due en partie à une croissance de 10% de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans, les données montrent maintenant une prévalence plus élevée de l'usage d'opioïdes en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord et de l'usage du cannabis en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie qu'en 2009.

Selon les estimations, la fabrication illicite mondiale de cocaïne a atteint un niveau record de 1.976 tonnes en 2017, soit 25% de plus que l'année précédente. Dans le même temps, la quantité mondiale de cocaïne saisie en 2017 a augmenté de 13% pour atteindre 1.275 tonnes, soit la quantité la plus importante jamais enregistrée.

La crise de surdose d'opioïdes synthétiques en Amérique du Nord a également atteint de nouveaux sommets en 2017, avec plus de 47.000 décès par surdose d'opioïdes enregistrés aux États-Unis, une augmentation de 13% par rapport à l'année précédente, et 4.000 décès liés aux opioïdes au Canada, une augmentation de 33% comparativement à 2016.

Le fentanyl et ses analogues demeurent le principal problème de la crise des opioïdes synthétiques en Amérique du Nord, mais l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique centrale et l'Afrique du Nord sont aux prises avec un autre opioïde synthétique, le tramadol. Les saisies mondiales de tramadol sont passées de moins de 10 kilogrammes en 2010 à près de 9 tonnes en 2013 et ont atteint un niveau record de 125 tonnes en 2017.

La drogue la plus consommée dans le monde reste le cannabis, avec environ 188 millions de personnes ayant consommé cette drogue en 2017.

Le rapport montre qu'un domaine dans lequel la communauté internationale a connu un certain succès est celui de la lutte contre les nouvelles substances psychoactives, comme en témoigne la diminution du nombre de ces substances identifiées et signalées pour la première fois à l'ONUDC. Les nouvelles substances psychoactives n'ont pas été utilisées sur le marché comme on le craignait il y a quelques années, et la communauté internationale a réagi en temps opportun pour évaluer les dommages causés par ces substances et pour programmer celles qui justifiaient un contrôle international.

La prévention et le traitement continuent d'être insuffisants

La prévention et le traitement continuent d'être insuffisants dans de nombreuses régions du monde, avec seulement une personne sur sept souffrant de troubles liés à l'usage de drogues qui reçoit un traitement chaque année.

C'est particulièrement frappant dans les prisons. Le rapport de cette année présente une analyse approfondie de l'usage de drogue et de ses conséquences néfastes pour la santé en milieu carcéral, ce qui donne à penser que la prévalence de maladies infectieuses comme le VIH, l'hépatite C et la tuberculose active, et les risques connexes, sont disproportionnellement plus élevés parmi la population carcérale que parmi la population générale, en particulier parmi les détenus qui utilisent des drogues par injection en prison.

Cinquante-six pays ont indiqué qu'ils offriraient un traitement de substitution aux opiacés dans au moins une prison en 2017, tandis que 46 pays ont indiqué qu'ils ne disposaient pas d'une telle option thérapeutique en milieu carcéral. Les programmes d'échange de seringues sont beaucoup moins disponibles dans les prisons : 11 pays ont signalé qu'ils étaient disponibles dans au moins une prison, mais leur absence a été confirmée dans 83 pays.

Le rapport montre que les interventions thérapeutiques efficaces fondées sur des preuves scientifiques et conformes aux obligations internationales en matière de droits de l'homme ne sont pas aussi disponibles ou accessibles qu'elles devraient l'être, et que les gouvernements nationaux et la communauté internationale doivent intensifier leurs interventions afin de combler cette lacune.