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Ebola : l’OMS appelle tous les partis politiques congolais à se joindre à la lutte contre l’épidémie

Un volontaire de la Croix-Rouge explique les dangers d'Ebola à la frontière entre la République démocratique du Congo et l'Ouganda.
Photo UNICEF/Adriko
Un volontaire de la Croix-Rouge explique les dangers d'Ebola à la frontière entre la République démocratique du Congo et l'Ouganda.

Ebola : l’OMS appelle tous les partis politiques congolais à se joindre à la lutte contre l’épidémie

Santé

L'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo (RDC) ne prendra fin qu'avec la coopération entre partis politiques et l'implication des communautés, estime le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Il regrette aussi que son agence soit confrontée à un grave déficit de financement pour lutter contre cette épidémie.

S’adressant mercredi aux États Membres à Genève après sa récente visite en RDC et en Ouganda, le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué qu’il a passé en revue les interventions sanitaires et rencontré des dirigeants de multiples secteurs pour les inciter à s'engager.

« La coopération politique doit venir de part et d'autre des frontières et de part et d'autre des lignes qui séparent les partis politiques », a déclaré le Dr. Tedros.

« Un leadership politique biparti en RDC est le seul moyen pour les communautés de comprendre la menace d'Ebola et de s'impliquer pour mettre fin à l'épidémie. Pendant ce temps, d'autres pays ont la responsabilité mondiale d'appuyer les intervenants en santé - de la RDC, de toute l'Afrique et du monde entier -, qui travaillent avec courage pour sauver des vies », a-t-il ajouté. 

Sur les 98 millions de dollars nécessaires à la riposte à Ébola, seuls 44 millions de dollars ont été reçus. Le déficit de financement est immédiat et critique. Si les fonds ne sont pas reçus, l'OMS ne sera pas en mesure de poursuivre l'action à l'échelle actuelle.

D'autres partenaires font également face à des manques de financement qui ont conduit certains à réduire ou à arrêter leurs activités. La réponse risque d'être dictée par des décisions liées à la capacité financière plutôt qu'aux besoins opérationnels.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS (archives)
ONU/Elma Okic
Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS (archives)

De multiples rencontres à Kinshasa et Butembo

Lors de sa récente visite en RDC, le Dr. Tedros a rencontré le Premier ministre Sylvester Ilunga Ilunkamba et les chefs de l'opposition - dont Martin Fayulu et Mbusa Nyamwisi - ainsi que des chefs religieux et des partenaires à Kinshasa. A Butembo, l'un des points chauds de l'épidémie, il a rencontré des responsables communautaires, religieux, commerciaux et des partenaires, notamment des organisations non gouvernementales et d'autres organismes des Nations Unies.

« J'ai rencontré de nombreux dirigeants de tous les secteurs de la société. Ils ont convenu qu'ils ont tous un rôle à jouer pour aider les gens à comprendre la gravité de cette maladie », a déclaré le chef de l'OMS. « Le virus se faufile entre les vides quand on ne se donne pas la main ».

C'était la neuvième mission du patron de l’OMS dans le pays. Sa dernière visite à Butembo remonte à la fin du mois d'avril, après de multiples attaques contre des agents de santé et des installations sanitaires, et la mort du Dr Richard Mouzoko.

Le virus se faufile entre les vides quand on ne se donne pas la main - Dr Tedros, Directeur général de l'OMS

« La dernière fois que j'ai été en RDC, c'était une période très difficile », a déclaré le Dr. Tedros. « Mais les centaines d'intervenants qui travaillent pour mettre fin à cette épidémie sont engagés parce que les habitants de la RDC ont besoin de leur aide. Nous nous sommes donc réunis pour trouver des moyens de revitaliser et de renforcer la riposte. Je suis revenu cette fois-ci pour examiner les progrès accomplis et voir si les changements nécessaires ont été apportés et fonctionnent », a-t-il souligné.

Des besoins clairs ont été identifiés à l'époque pour un environnement de travail plus sûr et pour une plus grande participation d'autres partenaires des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales.

Un autre besoin évident est une meilleure utilisation du vaccin Ebola, qui est un outil très efficace s'il est fourni à toutes les personnes qui ont été en contact avec un cas confirmé. La vaccination est intensifiée et offerte à un plus grand nombre de personnes, y compris les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de plus de six mois. Le nouveau protocole a été lancé par le Dr Tedros dimanche à Katwa, un autre point chaud de l'épidémie d'Ebola.      

L'adaptation de la stratégie montre maintenant des signes de dividendes, avec de meilleures tendances à Butembo et Katwa, même si Mabalako devient un nouveau point chaud. 

Visite de deux jours en Ouganda

Au cours de deux jours de réunions en Ouganda, le Dr. Tedros a rencontré le Président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, la Ministre de la Santé, le Dr Jane Ruth Aceng, les dirigeants de l'Uganda Virus Research Institute, Rosa Malango, Coordonnatrice résidente des Nations Unies, l'Ambassadrice américaine Deborah Malac, et d'autres personnalités.

Le pays est en mode de riposte depuis la semaine dernière lorsque les autorités ont confirmé la présence d'Ebola chez trois personnes qui avaient été infectées en RDC. Depuis lors, malheureusement, les trois personnes infectées sont décédées. Aucun nouveau cas n'a été confirmé.

Le chef de l'OMS note que l'investissement du pays dans la préparation a permis de réagir rapidement. « Après avoir constaté la rapidité de l'intervention en Ouganda, je ne peux qu'exhorter la communauté internationale à continuer de soutenir les activités de préparation en cours dans ce pays et dans les pays voisins », a-t-il dit. « Nous avons vu concrètement comment cet investissement sauve des vies en contrôlant la propagation d'un pathogène dangereux ».