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Des experts des droits humains de l’ONU demandent la libération d’un blogueur mauritanien

Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.
Photo ONU/Elma Okic
Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.

Des experts des droits humains de l’ONU demandent la libération d’un blogueur mauritanien

Droits de l'homme

Un groupe d’experts des droits humains de l’ONU a exprimé mardi sa grande préoccupation quant à la détention arbitraire prolongée et l’état de santé du blogueur et défenseur de droits humains mauritanien Cheikh Ould Mohamed M’Kheitir. 

« Nous demandons au gouvernement de la Mauritanie de libérer M. M’Kheitir en accord avec ses obligations internationales et les recommandations des mécanismes des Nations Unies pour les droits humains », ont déclaré ces experts dans un communiqué de presse.

M. M’Kheitir a été condamné à mort pour apostasie en décembre 2014 après avoir publié un article en ligne questionnant l’utilisation de justifications religieuses pour légitimer la discrimination basée sur les castes. Le 9 novembre 2017, la Cour d’appel de Nouadhibou a annulé sa condamnation à mort et l’a condamné à deux ans de prison et une amende, le rendant éligible pour une libération immédiate eu égard au temps déjà passé en prison. 

Refusant d’appliquer la décision de la Cour d’appel, le gouvernement a cependant décidé de le placer en détention administrative dans un lieu inconnu du public, sans accès à ses avocats, pour des raisons d’ordre public et pour prétendument assurer la sécurité physique de M. M’Kheitir. Le procureur de la république a aussi fait appel de la décision auprès de la Cour suprême mais rien n’indique que la Cour examinera ce cas prochainement. 

« Il est très préoccupant que M. M’Kheitir ait déjà été détenu pendant quatre ans et que, au mépris de la décision de la Cour d‘appel, la détention administrative soit aujourd’hui considérée comme la seule solution pour garantir sa sécurité et l’ordre public en Mauritanie, ce qui ne devrait pas être le cas dans un Etat de droit » ont ajouté les experts, indiquant qu’il est impératif pour M. M’Kheitir d’avoir accès à ses avocats. 

« Cette détention prolongée pour l’exercice pacifique de ses droits à la liberté de conscience et d’expression, est en contradiction avec les normes internationales relatives aux droits de l’homme et les conventions internationales ratifiées par la Mauritanie, et viole ses droits fondamentaux », ont déclaré les experts.

Des informations crédibles indiquent que l’état de santé de M. M’Kheitir s’est dégradé de manière significative depuis qu’il est, il y a plus d’un an, en détention administrative et dans un lieu inconnu du public. 

« Les dommages à l’intégrité physique et mental de M’Kheitir rendent sa libération ou son évacuation médicale très urgente afin qu’il puisse accéder à des traitements médicaux adéquats », ont conclu les experts. 

Ces experts sont : Agnès Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ;  Karima Bennoune, Rapporteure spéciale des Nations Unies dans le domaine des droits culturels ;  José Antonio Guevara Bermúdez, Président-Rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire ; Bernard Duhaime, Président-Rapporteur du  Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires ; Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme ;  Nils Melzer, Rapporteur Spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ;  Dainius Pūras, Rapporteur Spécial sur le droit à la santé ;  Diego García-Sayán, Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats ; et Ahmed Shaheed, Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction.