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RDC : plus de 300.000 personnes ont fui les violences en Ituri depuis début juin (HCR)

Un site de personnes déplacées à l'hôpital général de Bunia, la capitale de la province de l'Ituri, dans l'est de la RDC.
Photo HCR/Gloria Ramazani
Un site de personnes déplacées à l'hôpital général de Bunia, la capitale de la province de l'Ituri, dans l'est de la RDC.

RDC : plus de 300.000 personnes ont fui les violences en Ituri depuis début juin (HCR)

Aide humanitaire

Au cours des deux dernières semaines, plus de 300.000 personnes ont fui les violences inter-ethniques dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé mardi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

« Les dernières flambées de violence ont poussé plus de 300.000 personnes à partir depuis le début du mois de juin », a déclaré Babar Baloch, porte-parole du HCR, lors d’un point de presse à Genève.

Le HCR et les autres acteurs humanitaires n’ont actuellement pas accès à la plupart des zones touchées. « Ces estimations sont donc reçues de sources locales dans 125 localités », a indiqué M. Baloch. Selon l’agence onusienne, la situation dans la province de l’Ituri s’était gravement détériorée depuis le milieu de la semaine dernière avec de « multiples attaques » impliquant les communautés hema et lendu.

Des déplacements de grande ampleur ont été ainsi enregistrés dans trois des cinq territoires administratifs de l’Ituri (Djugu, Mahagi et Irumu). Des personnes fuient attaques et contre-attaques sur le territoire de Djugu. On signale que les deux communautés Hema et Lendu forment des groupes d’autodéfense et sont impliquées dans des règlements de compte.

Le HCR craint que cette escalade puisse toucher de vastes régions de la province. « Nous sommes très inquiets pour la sécurité des civils après avoir été informés de meurtres, de kidnappings, de mutilations et de violences sexuelles », a dit M. Baloch.

Par ailleurs, le HCR indique que des opérations militaires sont actuellement en cours sur le territoire de Djugu pour reprendre le contrôle de la situation. Des attaques interethniques entre les deux communautés avaient déjà contraint quelque 350.000 personnes au déplacement à la fin de 2017 et au début de 2018, « mais la situation s’était ensuite calmée ».

Plus de 10.000 déplacés dorment dans ou à proximité de l’église de Drodro

Suite à cette nouvelle escalade de violence, près de 20.000 personnes se sont réfugiées à Bunia, la capitale de la province de l’Ituri. Selon le HCR, des efforts sont en cours pour identifier les sites appropriés autour de la ville. Plusieurs personnes tentent de se mettre en sécurité sur des sites proches de Bunia, mais auraient été bloquées par des jeunes armés appartenant aux deux groupes ethniques. D’autres essaient de traverser le lac Albert pour se rendre en Ouganda.

La plupart des personnes déplacées ont trouvé refuge dans des communautés mais environ 30.000 d’entre elles se sont présentées à des sites d’accueil où les conditions sont déjà terribles. « Les gens dorment maintenant en plein air ou dans des bâtiments publics. La plus grande concentration de déplacés étant ces 10.000 personnes dormant dans ou à proximité de l’église de Drodro, dans le territoire de Djugu, sans aucune aide viable », a précisé le porte-parole du HCR.

Le HCR et ses partenaires collaborent avec les autorités pour avoir une idée plus précise des besoins des déplacés notamment en matière d’abris, d’articles ménagers de base et de nourriture. La réponse humanitaire est déjà débordée dans cette partie de la RDC avec une série d’autres urgences dans la région du nord-est et une situation sécuritaire instable et un manque de fonds.

Juste au sud de l’Ituri, dans la province du Nord-Kivu, le HCR a récemment lancé une intervention d’urgence en faveur de près de 100.000 personnes déplacées à Nobili, près de la frontière avec l’Ouganda.

La RDC compte environ 4,5 millions de déplacés internes. De nouveaux déplacements ont été observés récemment, principalement dans les provinces de l’est, notamment en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.