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Au Yémen, le conflit ne fait qu’empirer et la situation humanitaire reste désastreuse (ONU)

Des délégués au Conseil de sécurité écoute l'exposé de Martin Griffiths, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, sur la situation dans ce pays.
Photo : ONU/Loey Felipe
Des délégués au Conseil de sécurité écoute l'exposé de Martin Griffiths, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, sur la situation dans ce pays.

Au Yémen, le conflit ne fait qu’empirer et la situation humanitaire reste désastreuse (ONU)

Paix et sécurité

Plusieurs responsables onusiens ont mis en garde lundi contre une nouvelle escalade de la violence au Yémen, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU à New York.

« Le Yémen ne devient pas moins, mais plus violent. Le conflit ne fait qu'empirer », a déclaré le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Mark Lowcock lors d’une intervention par visioconférence devant les membres du Conseil de sécurité.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), les combats au Yémen cette année ont déplacé plus de 250.000 personnes. Le nombre d'incidents ayant tué ou blessé des enfants a plus que triplé entre le dernier trimestre de 2018 et le premier trimestre de cette année.

« Plus le conflit durera longtemps, plus nous serons confrontés à des défis pour le résoudre et inverser ses effets terribles », a pour sa part prévenu l’Envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths. La désescalade à Hodeïda, principal port du pays sur la Mer rouge, continue de bénéficier aux habitants de la ville et à l’aide humanitaire, a dit l’envoyé onusien. Selon M. Griffiths, le nombre de victimes à Hodeïda a baissé de 68% dans les cinq mois qui ont suivi le cessez-le-feu.

Dans la ville de Taëz, dans le sud-ouest du Yémen, la situation militaire et politique demeure extrêmement complexe et fragile, et cela au détriment de la population, a dit l’envoyé. M. Griffiths s’est également dit profondément déçu par le manque de progrès dans la mise en œuvre des échanges de prisonniers et de détenus pourtant convenus à Stockholm en décembre dernier. L’émissaire onusien a appelé les parties à donner la priorité à cette question.

Mais pour le chef du Programme alimentaire mondial (PAM), le Yémen se distingue en premier chef par sa situation humanitaire « désastreuse ».

« Le PAM est empêché de nourrir les plus affamés au Yémen », a dit David Beasley, le Directeur exécutif de l’agence humanitaire onusienne qui a dénoncé le détournement de l’aide alimentaire dans les zones contrôlées par les Houthis ces 18 derniers mois et le fait que son agence ne soit pas autorisée à agir en toute indépendance.

« Qui a pris la nourriture ? Où-est-elle partie ? » a demandé M. Beasley devant les membres du Conseil de sécurité. Il a prévenu que des enfants meurent en raison du détournement de l’aide alimentaire.

Au Yémen, le PAM dispose de l’argent pour mener à bien ses opérations humanitaires et a seulement besoin qu’on le laisse accéder aux zones où les populations sont dans le besoin. « Tout ce que nous demandons est de nous laisser faire notre travail », a martelé M. Beasley.

Après quatre ans de conflit, « rien ne changera au Yémen, à moins que chacun soit prêt à faire les choses différemment », a dit M. Lowcock. En l’absence de changement, le Conseil de sécurité et la communauté internationale ne pourront constater que la répétition des mêmes constats navrants, a -t-il prévenu : « plus de combats, plus de destructions, plus de maladies, et plus d’appel de fonds ».