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Soudan : l’ONU condamne l’usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques

Manifestants dans les rues de Khartoum, au Soudan (11 avril 2019).
Photo Ahmed Bahhar/Masarib
Manifestants dans les rues de Khartoum, au Soudan (11 avril 2019).

Soudan : l’ONU condamne l’usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a condamné fermement lundi les actes de violence et un recours excessif à la force par des agents de sécurité à l'encontre de civils, ayant fait de nombreux morts et des blessés à Khartoum, au Soudan.

Selon la presse, les forces soudanaises sont violemment intervenues, lundi 3 juin, contre les manifestants qui campaient depuis des semaines dans le centre de Khartoum. Un comité de médecins, affilié aux manifestants, a fait état d’au moins trente morts et des centaines de blessés.

M. Guterres « condamne l'usage excessif de la force pour disperser les manifestants sur le site de sit-in et s'alarme des informations selon lesquelles les forces de l’ordre auraient ouvert le feu à l'intérieur d’établissement médicaux », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

« Le Secrétaire général rappelle au Conseil militaire de transition sa responsabilité en matière de sûreté et de sécurité des citoyens soudanais. Il exhorte toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue. Cela inclut la responsabilité de faire respecter les droits humains de tous les citoyens, y compris le droit à la liberté de réunion et d'expression », a-t-il ajouté.

Le chef de l’ONU a aussi appelé à un accès sans entrave aux soins dispensés sur le site du sit-in et dans les hôpitaux où les blessés sont soignés. Il a exhorté les autorités soudanaises à faciliter l'ouverture d'une enquête indépendante sur les décès et à faire en sorte que les personnes responsables rendent des comptes.

M. Guterres a exhorté les parties prenantes à poursuivre le dialogue pacifique et à maintenir le cap dans les négociations sur le transfert du pouvoir à une autorité de transition dirigée par des civils, comme l'exige l'Union africaine.

« L’Organisation des Nations Unies est déterminée à travailler avec l’Union africaine pour appuyer ce processus et se tient prête à appuyer les parties prenantes soudanaises dans leurs efforts pour instaurer une paix durable », a dit son porte-parole.

L’ONU réclame un transfert rapide du pouvoir à une administration civile

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a également vivement déploré lundi l'utilisation de balles réelles dans les camps de manifestants à Khartoum. Les leaders des manifestants auraient également été arrêtés.

« Au cours des derniers mois, les manifestants au Soudan ont été une source d'inspiration, manifestant pacifiquement et s’efforçant de dialoguer avec le Conseil militaire de transition », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué de presse.

« Je déplore complètement le recours présumé à une force excessive dans les camps des manifestants. Les informations selon lesquelles des balles réelles auraient été utilisées par les forces de sécurité à proximité des installations médicales, voire à l'intérieur de celles-ci, sont extrêmement alarmantes. J'exhorte les forces de sécurité à mettre immédiatement un terme à ces attaques et à garantir à tous un accès sûr et sans entrave aux soins médicaux », a-t-elle ajouté.

La Haut-Commissaire Bachelet a déclaré que « ceux qui exercent leur droit à la liberté de réunion et d'expression pacifiques doivent être protégés, pas visés, ni détenus. C’est un principe fondamental du droit international relatif aux droits humains ».

Elle a appelé les autorités de transition à faire un effort concerté pour une transition rapide vers une administration civile. Elle a réclamé une enquête rapide et indépendante sur l’usage d’une force excessive et demandé que les responsables soient traduits en justice.