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En Afghanistan, l’UNICEF s’alarme de la malnutrition infantile

L'UNICEF assiste Nargas pour s'assurer que fille âgée de 15 mois Arzo ne fasse pas partie des enfants malnutris en Afghanistan.
Photo UNICEF/Thomas Nybo
L'UNICEF assiste Nargas pour s'assurer que fille âgée de 15 mois Arzo ne fasse pas partie des enfants malnutris en Afghanistan.

En Afghanistan, l’UNICEF s’alarme de la malnutrition infantile

Aide humanitaire

Près de 2 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë en Afghanistan. Dans ce lot, l’UNICEF estime que 600.000 souffrent actuellement de malnutrition aiguë sévère, qui est la forme la plus dangereuse de dénutrition chez l’enfant. 

« Sans une amélioration de la situation générale en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, qui nécessite un financement urgent, l’état nutritionnel des enfants en Afghanistan risque de se détériorer davantage », a prévenu Christophe Bouliérac, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), lors d’un point de presse ce vendredi à Genève.

Cette situation nutritionnelle préoccupante est le reflet d’une « insécurité alimentaire croissante et de mauvaises habitudes alimentaires » dans ce pays. Mais elle intervient aussi dans un contexte de violence persistante, de phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses et inondations soudaines) et de nombreux déplacements.

Si les agriculteurs ont été confrontés à une grave sécheresse en 2018, la même situation prévaut encore en 2019 et a conduit à la mauvaise situation nutritionnelle des enfants.

D’après l’analyse des données réalisée en 2018, les régions touchées par la sécheresse ont enregistré une augmentation d’un quart du nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère. « Les conclusions des dernières enquêtes nutritionnelles menées en Afghanistan montrent également que 22 des 34 provinces dépassent actuellement le seuil d’urgence de la malnutrition aiguë », a précisé le porte-parole de l’UNICEF.

Pourtant en 2018, l’UNICEF, seul fournisseur d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi pour les enfants malnutris en Afghanistan, ne pouvait jusqu’à présent cibler que moins de la moitié des enfants sévèrement malnutris (275.000) en raison de l’insuffisance des financements. Pour 2019, l’UNICEF entend venir en aide à 375.000 enfants, soit 60% des gamins souffrant de malnutrition aiguë sévère.

« Cependant, nous ne les atteindrons pas si nous n’obtenons pas, dans un délai de trois semaines le financement requis de 7 millions de dollars », relève M. Bouliérac.

L’UNICEF a besoin urgemment de 7 millions de dollars

Le programme de l’UNICEF sur la nutrition en Afghanistan n’est financé qu’à hauteur de 50%, soit 13 millions de dollars sur plus de 26 millions nécessaires en 2019.

« Si nous ne recevons pas ces fonds dans les trois semaines, nous ne pourrons pas acheter, importer et distribuer le matériel nécessaire aux 1.300 établissements de santé soutenus par l’UNICEF dans les 34 provinces afghanes », a ajouté le porte-parole. Dans ces conditions, les enfants en tant que tels n’auront pas accès au traitement requis dans un pays où sévit déjà la malnutrition.

Selon l'agence onusienne, l’Afghanistan est l’un des pays où le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère est le plus élevé, avec le Yémen et le Soudan du Sud. Or tout enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère est « une crise et doit être traité pour survivre ».

« Alors, que se passera-t-il si nous ne recevons pas ces 7 millions dans les trois semaines ? », s’interroge M. Bouliérac qui estime toutefois que l’UNICEF ne pourra pas dire à ce stade « combien d’enfants vont mourir ». « Mais nous pouvons vous dire qu’un enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère a 11 fois plus de risques de mourir que ses pairs en bonne santé », a fait valoir le porte-parole de l’UNICEF.

En attendant, l’UNICEF, dans le cadre de ses interventions immédiates destinées à sauver des vies, a fourni des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et a soutenu le traitement de la malnutrition aiguë sévère de plus de 73.000 enfants. L’UNICEF fournit également aux écoles des suppléments d’acide folique et de fer aux adolescentes âgées de 10 à 19 ans. « Ce sont les nouvelles mères et il est crucial de prévenir le cercle vicieux de la malnutrition de la mère à l’enfant », a fait remarquer M. Bouliérac.

L’UNICEF soutient l’intégration de services de conseil sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans toutes les provinces afin de veiller à ce que les mères et les prestataires de soins aient le soutien nécessaire pour allaiter et nourrir leurs enfants de 0 à 23 mois. L’UNICEF soutient enfin des programmes communautaires dans 7 provinces, en sensibilisant le personnel soignant et les parents sur la façon de mieux prendre en charge et de prévenir la dénutrition les enfants de moins de deux ans.