L'actualité mondiale Un regard humain

Colombie : l’ONU alarmée par le nombre de défenseurs des droits humains tués, harcelés et menacés

Une femme de la communauté wayuu dans le département de La Guajira, en Colombie, pose près de son vélo devant son village. Les attaques contre les défenseurs des droits humains en Colombie n’ont pas épargné les peuples autochtones.
CINU Bogotá/Dagoberto Muñoz
Une femme de la communauté wayuu dans le département de La Guajira, en Colombie, pose près de son vélo devant son village. Les attaques contre les défenseurs des droits humains en Colombie n’ont pas épargné les peuples autochtones.

Colombie : l’ONU alarmée par le nombre de défenseurs des droits humains tués, harcelés et menacés

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est déclaré vendredi alarmé par le nombre « impressionnant » de défenseurs des droits de l’homme tués, harcelés et menacés en Colombie et par le fait que cette tendance semble s’aggraver.

« Nous appelons les autorités à déployer des efforts considérables pour lutter contre le harcèlement et les attaques visant les représentants de la société civile et à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre l'impunité endémique qui règne autour de ces cas », a déclaré le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d’une conférence de presse à Genève.

Au cours des quatre premiers mois de cette année, 51 meurtres présumés de défenseurs et de militants des droits humains ont été signalés par des acteurs de la société civile et des institutions de l'État, ainsi que l'institution nationale des droits de l'homme. Le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies en Colombie a documenté les meurtres de 115 défenseurs des droits de l'homme pour l’année 2018.

Ces crimes se produisent dans un contexte de stigmatisation des défenseurs des droits, en particulier ceux vivant dans les zones rurales.

Le HCDH note qu’un large éventail de militants sont ciblés. Parmi eux, on trouve des dirigeants communautaires, des Afro-Colombiens, des autochtones, des écologistes, des paysans, des journalistes, des gays et lesbiennes et des défenseurs des droits des femmes, dont certains participent à la politique locale.

« Certains d’entre eux ont apparemment été pris pour cible parce qu’ils soutenaient l’application de certains aspects de l’accord de paix colombien, notamment la restitution des terres, les droits des victimes et le programme de substitution aux cultures illicites », a souligné le porte-parole du HCDH.

Il s’est dit inquiet qu’à l'approche des élections locales d'octobre, le nombre d'attaques violentes puisse encore augmenter.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a noté les mesures prises jusqu'à présent par l'État colombien pour améliorer la protection des défenseurs des droits de l'homme et l’annonce récente de la création de juges spécialisés.

« Néanmoins, nous demandons aux autorités de redoubler d'efforts pour élargir et renforcer les efforts visant à préserver un environnement libre et sûr pour l'engagement civique », a dit M. Colville, qui a appelé l'État colombien à veiller à ce que tous les meurtres, attaques et menaces fassent l'objet d'enquêtes appropriées et que leurs auteurs soient traduits en justice.