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Yémen : visite d’un haut responsable du PAM alors que l’agence a eu accès à ses entrepôts de blé à Hodeïda

Des camions du PAM chargés de blé, d'huile et de sel au Yémen (archives).
Photo OCHA/Charlotte Cans
Des camions du PAM chargés de blé, d'huile et de sel au Yémen (archives).

Yémen : visite d’un haut responsable du PAM alors que l’agence a eu accès à ses entrepôts de blé à Hodeïda

Aide humanitaire

Le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Amir Abdulla, est en visite pendant trois jours au Yémen, où il doit avoir des entretiens avec les autorités yéménites et des réunions avec l’équipe du PAM dans ce pays.

 

« L’objectif de la mission porte principalement sur la situation humanitaire au Yémen, les progrès de l’intensification des opérations pour atteindre 12 millions de personnes chaque mois et la nécessité d’assurer la responsabilité de notre opération », a précisé Hervé Verhoosel, porte-parole du PAM lors d’un point de presse ce mardi à Genève.

Plus de 3 millions de personnes sont toujours déplacées et plus de de 24 millions, soit plus des deux-tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU. Et cette mission du haut responsable onusien intervient alors qu’une mission du PAM et une équipe technique de la compagnie Red Sea Mills ont pu accéder dimanche à des entrepôts de blé dans la ville portuaire de Hodeïda, dans l’ouest du Yémen. Ces entrepôts sont contrôlés par les forces gouvernementales et « sont cruciaux pour la population » épuisée par quatre années de conflit.

« L’équipe technique restera sur place pour nettoyer et entretenir l’équipement de meunerie en vue de la mouture et de la distribution éventuelle du blé », a déclaré M. Verhoosel. Ce processus prendra plusieurs semaines. La phase deux de l’opération de récupération va ensuite débuter avec le broyage du blé en farine avant son transfert dans les communautés vulnérables exposées à une importante insécurité alimentaire au Yémen.

Des vivres distribués à plus de 10,6 millions de personnes en mars

Le mois dernier, une mission du PAM dans les entrepôts de Red Sea Mills à Hodeïda avait dû être reportée pour des « raisons de sécurité ». L’agence onusienne prévoit d’envoyer plus de travailleurs et d’experts techniques dans les entrepôts en temps voulu, ainsi que des fournitures à l’équipe qui travaille actuellement sur le site.

« Pour ce faire, nous avons besoin d’un accès sûr et continu aux sites, situés à proximité des zones sensibles », a-t-il indiqué.

En février, une équipe du PAM avait visité le site pour la première fois depuis septembre, date à laquelle il était devenu inaccessible en raison des affrontements. Quelque 51.000 tonnes de blé y étaient entreposées, de quoi nourrir 3,7 millions de personnes pendant un mois.

Nous avons besoin d’un accès sûr et continu aux sites, situés à proximité des zones sensibles - Hervé Verhoosel, porte-parole du PAM

D’après M. Verhoosel, des tests effectués en laboratoire avaient confirmé la présence de charançons et la nécessité de procéder à une fumigation avant que le blé ne soit transformé en farine, selon le PAM. Environ 70% du blé pourrait encore être récupérable, mais le rendement en farine sera inférieur à la normale.

« Plus de deux mois se sont écoulés depuis cette évaluation et la qualité du blé se détériorera probablement davantage, en particulier en raison de la chaleur », a-t-il précisé.

En attendant, le Programme alimentaire mondial a distribué en mars dernier des vivres à plus de 10,6 millions de personnes au Yémen, soit le plus grand nombre jamais atteint en un mois. L’agence onusienne entend intensifier ses activités pour venir en aide aux 12 millions de personnes qui ont un besoin urgent de nourriture au cours des prochains mois. « Les opérations au Yémen sont les plus importantes au monde pour le PAM », a fait valoir M. Verhoosel.

Des migrants en détention alors que débute le Ramadan

Par ailleurs, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rappelé que près 3.000 migrants sont toujours détenus dans deux sites de détention temporaires dans les gouvernorats d’Aden et d’Abyan, au Yémen. « Parmi les détenus, il y a des ressortissants éthiopiens, beaucoup de musulmans pratiquants, qui se préparent pour un jeûne de trente jours durant le Ramadan », a déclaré Joel Millman, porte-parole de l’OIM.

Depuis le 21 avril dernier, les autorités ont regroupé et placé en détention arbitraire plus de 5.000 migrants. Ils sont détenus dans deux stades sportifs et un camp militaire dans les gouvernorats d’Aden, Abyan et Lahej. Les détenus sont principalement de nationalité éthiopienne, qui sont entrés au Yémen pour chercher des moyens de subsistance et des opportunités dans la péninsule arabique.

Vendredi dernier déjà, l’OIM avait confirmé que 2.473 migrants étaient toujours en détention dans le stade du 22 mai à Aden, dont 873 étaient des enfants. Ces derniers jours, plus de 1.400 personnes détenues dans le camp militaire de Lahej auraient été relâchées. L’OIM s’efforce de confirmer l’emplacement et le bien-être de tous les migrants libérés à Lahej, notamment parce que certains d’entre eux souffraient de diarrhée aqueuse aiguë.

Des milliers de migrants sont bloqués ailleurs au Yémen. Depuis Sanaa, à compter de lundi dernier, l’OIM envisage de transférer un total de 327 migrants éthiopiens à Addis-Abeba, dans le cadre de son programme de retour humanitaire volontaire.