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Le dialogue interculturel, un outil puissant pour la prévention des conflits et de l'extrémisme violent

Vue de Bakou, en Azerbaïdjan, où se déroule le 5eme Forum mondial pour le dialogue interculturel
Ministère du Tourisme et de la Culture, Azerbaïdjan
Vue de Bakou, en Azerbaïdjan, où se déroule le 5eme Forum mondial pour le dialogue interculturel

Le dialogue interculturel, un outil puissant pour la prévention des conflits et de l'extrémisme violent

Culture et éducation

Face à la récente « vague de crimes haineux et d'attentats terroristes » visant des lieux de culte, le Haut Représentant des Nations Unies pour l'Alliance des civilisations (ONUAC), Miguel Angel Moratinos, a ouvert jeudi à Bakou, en Azerbaïdjan, le cinquième Forum mondial pour le dialogue interculturel, « le cœur lourd ».

« Je me tiens devant vous aujourd'hui le cœur lourd », a déploré M. Moratinos, expliquant qu'il ‘s’était rendu la veille à Colombo, au Sri Lanka, pour rendre hommage aux victimes du terrorisme suite aux « horribles attaques terroristes » perpétrées contre trois églises catholiques et des hôtels qui ont fait des centaines de morts le dimanche de Pâques.

Le Forum est placé cette année sous le thème « Construire le dialogue dans l'action contre la discrimination, l'inégalité et les conflits violents».

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Pour le Haut Représentant, l’attaque contre une synagogue en Californie alors que des fidèles juifs observaient la Pâque, la fusillade dans une synagogue à Pittsburg, l’attaque contre une cathédrale aux Philippines et le massacre de musulmans dans des mosquées à Christchurch constituent « un rappel brutal … qu’aucune religion, aucun pays et aucune ethnie n'est épargné par cette violence inqualifiable ».

« Dans toutes ces attaques odieuses et lâches... nous voyons un modèle commun : la haine de l'Autre », a affirmé M. Moratinos.  « Ces criminels détournent des communautés religieuses entières, dressant les religions les unes contre les autres ». Il a affirmé que le problème n'est jamais la foi, mais « ceux qui manipulent les fidèles et les retournent les uns contre les autres par leurs interprétations perverties des textes sacrés ». 

Selon lui les extrémistes violents cherchent à « diviser et à semer l'instabilité dans nos sociétés » et le lien « instable entre les conflits prolongés, le terrorisme et l'extrémisme violent reste un défi permanent pour la communauté internationale ».

Le chef de l’Alliance des civilisations a dénoncé « l'huile sur le feu » qu’ajoutent les médias sociaux, au même titre que le « dark web » offre un espace aux radicaux, aux militant de la suprémacie des blancs et aux partisans d'extrême droite pour « cracher leurs idéologies tordues ». 

Miguel Angel Moratinos a soutenu que la prévention de l'extrémisme violent et la garantie d'une paix durable sont des objectifs « complémentaires et se renforçant mutuellement ». « On ne saurait trop insister sur l'importance du dialogue en tant qu'outil essentiel de prévention des conflits et de prévention de l'extrémisme violent », a-t-il déclaré.

M. Moratinos a parlé du rôle que jouent les jeunes dans la lutte contre l'extrémisme violent en encourageant le dialogue interculturel et interconfessionnel et en luttant contre les discours haineux grâce à l'utilisation positive des médias sociaux. « Après tout, ces jeunes sont notre espoir non seulement pour l'avenir, mais aussi pour notre présent », a-t-il dit. 

Le Centre Heydar Aliyev , à Bakou, en Azerbaïdjan a été conçu par l'architecte iraquo-britannique Zaha Hadid.
ONU Info/Elizabeth Scaffidi
Le Centre Heydar Aliyev , à Bakou, en Azerbaïdjan a été conçu par l'architecte iraquo-britannique Zaha Hadid.

Pas de place pour l'exclusion

Pour sa part, la Sous-Directrice générale pour les sciences humaines et sociales à l'Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Nada Al-Nashif, a souligné l'importance de promouvoir le dialogue interculturel et la compréhension mutuelle.

Elle a noté les progrès réalisés depuis que le Processus de Bakou a été lancé il y a plus de 10 ans, appelant à se « concentrer sur des actions concrètes et en assurer le suivi » pour créer un impact. Elle a souligné l'émergence de nouvelles forces de division qui répandent la haine, l'intolérance et l'ignorance.

A l'heure où la diversité culturelle est menacée par les pressions d'un populisme exclusif, Mme Al-Nashif a noté que « le monde est confronté à la plus grande crise des réfugiés et des déplacés de l'histoire récente ». « Les nouvelles technologies susceptibles de mieux connecter les individus et les communautés sont utilisées à mauvais escient pour semer la division et l'incompréhension », a-t-elle expliqué.

La Sous-Directrice générale a souligné l'urgente nécessité de renforcer l'inclusion et la cohésion dans les sociétés qui subissent des « transformations profondes, parfois imprévisibles », ajoutant qu'elles sont également importantes pour catalyser l'innovation nécessaire pour faire progresser le Programme de développement durable à l'horizon 2030.

« Les défis d'aujourd'hui sont complexes et ne tiennent pas compte des frontières », a-t-elle souligné. « Il n'y a pas de place pour l'unilatéralisme ou l'exclusion ».

L'objectif doit être « d'accepter le changement sur la base des droits de l'homme et du respect mutuel, de le façonner dans des directions positives, de construire un avenir plus juste, plus inclusif et plus durable pour chaque femme et chaque homme », a-t-elle dit.

Mme Al-Nashif a conclu en exhortant tout le monde à continuer de travailler ensemble pour promouvoir le dialogue « pour comprendre nos différences, renforcer nos valeurs communes et coopérer ensemble pour notre bien commun ».

De son côté, le Secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique, Yousef bin Ahmad Al-Othaimeen, a déploré que le monde soit aujourd'hui témoin de toutes sortes de discriminations. « Le terrorisme n'a ni religion, ni race, ni nationalité », a-t-il affirmé, qualifiant le « dialogue entre les cultures » de « nécessité absolue ». 

S'exprimant au nom du Conseil de l'Europe, sa Vice Secrétaire générale, Gabriella Battaini-Dragoni, a fait valoir que des sociétés inclusives, avec des droits égaux et une dignité égale pour tous, exigent l’entente. « La promotion du dialogue interculturel n'est pas un événement, c'est un défi sans fin qui exige une éducation pour soulager l'anxiété et dissiper l'ignorance », a-t-elle dit.  « En s'unissant, avec des assurances mutuelles, les gouvernements ouvrent la voie à l'inclusion sociale fondée sur la volonté politique ».