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L’ONU appelle les Etats à mieux faire respecter le droit international humanitaire

Mark Lowcock, chef de l'humanitaire de l'ONU, devant le Conseil de sécurité (archives).
Photo : ONU/Manuel Elias
Mark Lowcock, chef de l'humanitaire de l'ONU, devant le Conseil de sécurité (archives).

L’ONU appelle les Etats à mieux faire respecter le droit international humanitaire

Aide humanitaire

Le chef de l’humanitaire de l’ONU a appelé lundi le Conseil de sécurité et les Etats membres à agir afin de mieux faire respecter le droit international humanitaire et préserver l’espace dans lequel évoluent les travailleurs humanitaires.

« Aujourd'hui, les conflits sont marqués par des attaques plus directement dirigées contre les travailleurs humanitaires et contre le personnel et les établissements médicaux », a déploré le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, devant les membres du Conseil.

En 2018, 317 attaques contre des travailleurs humanitaires ont fait plus de 113 morts. 388 attaques contre le personnel de santé ont été enregistrées l’année dernière par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces dernières ont coûté la vie à plus de 300 personnes et fait 400 blessés.

« Dans certains endroits, le personnel médical est également confronté à des poursuites pénales pour avoir soigné des combattants blessés », a dit M. Lowcock.

Selon Mark Lowcock, qui est aussi le Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, le monde dispose déjà d’un cadre juridique solide pour protéger les activités humanitaires en période de conflits. Le problème, c'est que les parties belligérantes et leurs soutiens ne le respectent pas toujours. « Et cela a de graves conséquences », a-t-il dit.

M. Lowcock a indiqué que le viol est aujourd’hui utilisé comme arme de guerre de façon délibérée et organisée. « Une femme déplacée sur cinq interrogée dit avoir subi des violences sexuelles », a-t-il dit. Et les enfants ne sont pas épargnés. Enrôlement dans des groupes armés, mariages forcés précoces, participation à des attaques suicides. Plus de 21.000 violations graves des droits de l’enfants ont été vérifiées par les Nations Unies en 2017.

« Le droit international humanitaire vise à minimiser la souffrance humaine en temps de guerre, notamment en protégeant les activités humanitaires », a dit M. Lowcock. « Davantage faire respecter le droit international humanitaire est l’un des moyens les plus efficaces de préserver l'espace humanitaire », a-t-il ajouté.

Prendre les humanitaires pour cible ne fait que rendre les populations plus vulnérables, a-t-il dit. Selon le chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 139 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, la plupart d'entre elles en raison d'un conflit armé. « C’est trois fois plus qu'il y a dix ans », a-t-il dit.

Devant le Conseil, Mark Lowcock a recommandé des actions dans cinq domaines :

1. Promouvoir les politiques et pratiques visant à renforcer l’adhésion au droit international humanitaire.

2. Elargir et approfondir la compréhension et l’acceptation des règles existantes du droit international humanitaire.

3. Faciliter les activités humanitaires et médicales.

4. Faire respecter les règles du droit international humanitaire.

5. Etablir une reddition des comptes en cas de violations de ce droit.

Le chef d’OCHA a souligné que les États « ont vraiment besoin de faire beaucoup mieux » pour que les auteurs de graves violations du droit international humanitaires rendent des comptes.

Il a ainsi suggéré l’adoption de législation nationales adéquates et renforcées dans ce domaine. Et lorsque les systèmes nationaux de justice sont insuffisants, il devrait y avoir plus de soutien aux mécanismes judiciaires internationaux ou hybrides, y compris la Cour pénale internationale, a-t-il dit.

« N’oublions jamais qu’établir la responsabilité pour les violations graves du droit international humanitaire est requise par la loi », a souligné le Secrétaire général adjoint. A ce titre, « les sanctions imposées par le Conseil de sécurité peuvent être un outil puissant pour promouvoir le respect (de ce droit) », a rappelé M. Lowcock aux membres du principal organe onusien à qui incombe la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.