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Bruxelles : la conférence pour l’aide à la Syrie mobilise 7 milliards de dollars

Un garçon réfugié syrien au Liban qui a huit ans, soit le même nombre d'années que la guerre qui sévit dans son pays depuis 2011.
© HCR/Andrew McConnell
Un garçon réfugié syrien au Liban qui a huit ans, soit le même nombre d'années que la guerre qui sévit dans son pays depuis 2011.

Bruxelles : la conférence pour l’aide à la Syrie mobilise 7 milliards de dollars

Aide humanitaire

La troisième conférence d’appel de fonds de Bruxelles pour la Syrie a permis de recueillir 7 milliards de dollars sur les 9 milliards nécessaires pour aider et reconstruire le pays, mais aussi appuyer les pays voisins qui accueillent des réfugiés. Plus de 50 ministres des affaires étrangères se sont réunis avec des représentants des Nations Unies, alors que la menace d'intensification du conflit se profile de nouveau dans un pays déchiré depuis huit ans par la guerre. 

Devant les journalistes, le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Mark Lowcock, a déclaré qu'il semblait y avoir « au moins 6,5 milliards de dollars » et probablement près de 7 milliards de dollars annoncés.

«C’est un résultat très important et si nous en arrivons là, nous serons heureux», a-t-il déclaré.

«Tout d’abord, c’est un signe important de la solidarité de la communauté internationale avec le peuple syrien à l’intérieur du pays et avec ses voisins qui accueillent un nombre considérable de réfugiés qui ressentent le fardeau de cette générosité. Deuxièmement, le fait que le poste soit clarifié sur les niveaux de financement si tôt dans l’année nous donne confiance que nous pourrons maintenir un très haut niveau de programmation tout au long de l’année », a-t-il ajouté.

C’est un résultat très important et si nous en arrivons là, nous serons heureux - Mark Lowcock, chef des affaires humanitaires de l'ONU

Faisant écho à ce message, Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a averti que « les besoins sont de plus en plus importants » pour les réfugiés syriens et les communautés hôtes des pays voisins ainsi que pour les « nombreux » Syriens rentrant chez eux.

En dépit de ces retours, M. Grandi a suggéré qu'il faudrait un certain temps avant qu'un nombre important de personnes ne quitte les pays voisins, en raison des énormes dégâts causés aux infrastructures de base en Syrie, de l'insécurité persistante et du manque de produits de première nécessité.

Le Haut-Commissaire a appelé à « des investissements plus prévisibles » de la part des donateurs afin d'alléger les tensions sur les communautés d'accueil au Liban, en Turquie, en Jordanie, en Égypte et en Iraq, où les gouvernements ont constaté qu'il était « difficile pour eux de dire à leurs populations qu'elles vont devoir continuer à accueillir un grand nombre de Syriens ».

Un conflit «pas encore terminé», selon l’Union européenne

Dans la capitale belge, siège principal des institutions européennes,  Federica Mogherini, la Haute-Responsable des affaires étrangères de l'Union européenne (UE), co-organisatrice de la conférence, a souligné la nécessité de faire preuve de solidarité avec le peuple syrien et de soutenir une solution politique conduite par l'ONU. Le conflit de plus de huit ans n'est « pas encore terminé », a-t-elle rappelé.

« Nous voulons que le peuple syrien ne soit pas oublié à un moment où la communauté internationale semble se soucier un peu moins de cela », a ajouté Mme Mogherini.

« Une situation militaire… pourrait se développer dans un sens ou dans un autre, mais ce qui est clair pour tout le monde, c'est que pour gagner la paix, il faudra un processus politique, contrôlé par les Syriens et dirigé par les Nations Unies à Genève », a dit Mme Mogherini.

Aujourd'hui, 12 millions de Syriens sont des réfugiés ou des personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie, soit environ la moitié de la population d'avant-guerre.

Dans le cadre de l'appel lancé par l'ONU, 3,3 milliards de dollars sont nécessaires pour aider les personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie, et 5,5 milliards de dollars pour les réfugiés et les communautés d'accueil dans les pays voisins.

Sans financement continu, les activités humanitaires « seraient interrompues, réduisant les livraisons de vivres, d'eau, de soins de santé, d'abris et de protection qui sauvent des vies », a averti le patron des affaires humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock.

L’appel d’António Guterres

Dans un appel vidéo adressé aux participants à la conférence, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, avait exhorté les pays à « renouveler leurs engagements financiers, humanitaires et politiques envers le peuple syrien, ainsi qu’à l’égard des pays et communautés accueillant des réfugiés ».

« Seule une solution politique basée sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité peut apporter une paix durable en Syrie », a-t-il souligné avec insistance.

Mark Lowcock, chef d'OCHA, a exprimé son inquiétude face à la détérioration de la situation à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, où plus de 90 personnes ont été tuées par des bombardements et des frappes aériennes, dont près de la moitié sont des enfants.

Seule une solution politique basée sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité peut apporter une paix durable en Syrie - António Guterres, Secrétaire général des Naitons Unies

Ses commentaires font suite à des frappes aériennes sur le gouvernorat d'Idlib, contrôlé par l'opposition, qui compte environ trois millions d'habitants et de nombreux groupes armés, qui se sont établis là-bas et qui sont chassés d'anciens fiefs des rebelles.

Décrivant le conflit comme « l’une des plus grandes crises de notre temps », Mark Lowcock a ajouté qu'un assaut militaire à grande échelle contre Idlib « créerait la pire catastrophe humanitaire que le monde ait connue au 21ème siècle ».

Ailleurs en Syrie, « beaucoup d'endroits sont plus calmes qu'il y a un an », a-t-il ajouté, avant d'avertir que les « dernières poches de terres contrôlées par Daesh » dans le nord-est connaissaient une « violence continue et même une augmentation de celle-ci ».

Outre la menace constante de violence, les familles syriennes sont confrontées à des difficultés croissantes, a expliqué Mark Lowcock. Huit personnes sur dix vivent sous le seuil de pauvreté et le coût des produits alimentaires est six fois plus élevé qu'avant la guerre.

Les soins de santé sont « désespérément inadéquats », a ajouté le responsable de l'ONU, allant des services de maternité aux services de reproduction, en passant par le soutien nutritionnel et le traitement de la maladie, tandis que la majorité des 6,2 millions de personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie ont besoin d'un abri.