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Burkina Faso : l’aide entravée par une insécurité persistante au nord du pays

Une jeune fille devant une marmite dans un camp pour personnes déplacées à Barsalogho, dans la région du Centre-Nord, du Burkina Faso. Plus de 100.000 personnes ont été déracinées de leurs foyers en raison d'affrontements intercommunautaires.
OCHA/Otto Bakano
Une jeune fille devant une marmite dans un camp pour personnes déplacées à Barsalogho, dans la région du Centre-Nord, du Burkina Faso. Plus de 100.000 personnes ont été déracinées de leurs foyers en raison d'affrontements intercommunautaires.

Burkina Faso : l’aide entravée par une insécurité persistante au nord du pays

Migrants et réfugiés

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés est alarmée par l’insécurité persistante au nord du Burkina Faso, qui affecte les civils, notamment les personnes déplacées et les réfugiés. Cette année seulement, quelque 3.000 ressortissants du Burkina Faso se sont réfugiés au Mali.

« Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) est actuellement en train d’enregistrer et d’aider ces nouveaux arrivants », a déclaré le porte-parole du HCR, Babar Baloch. L’Agence onusienne ajoute que près 300 autres civils se sont également réfugiés au Ghana, après avoir été forcés de fuir la partie septentrionale du Burkina Faso, à la suite d’un conflit lié à la chefferie de Zoaga.

L’Agence onusienne redoute d’ailleurs que davantage de civils soient touchés par de nouvelles violences. Au total, ces violences ont contraint plus de 11.000 Burkinabés à se réfugier dans les pays voisins.

Sur les 10.000 Burkinabés qui ont fui au Mali, 8.500 résident actuellement à Gossi, Tombouctou, N’Tilit et Gao, qui sont directement touchés par l’insécurité.

La majorité des déplacés internes se trouvent dans la région du Sahel

En outre, plus de 115.000 personnes sont maintenant déplacées internes à la suite des derniers incidents. Selon le HCR, plus de 90% des personnes déplacées internes vivent dans des communautés d’accueil. Quelque 70% des personnes déplacées se trouvent dans la région du Sahel et 30% à Djibo seulement.

Par ailleurs, cette violence a gravement entravé l’accès des organisations humanitaires aux personnes déplacées à l’intérieur du pays.

« Cette violence, qui a également de plus en plus ciblé les acteurs humanitaires, limite la capacité de la communauté humanitaire à fournir une assistance vitale dans les zones touchées », a regretté M. Baloch.

Dans ces conditions, le HCR se joint à d’autres partenaires humanitaires pour plaider en faveur de la sécurité des civils et du respect de la neutralité des travailleurs humanitaires, afin de garantir une assistance continue à ceux qui ont besoin de protection et d’assistance.

Depuis 2015, le Burkina Faso connaît une insécurité croissante, marquée par plusieurs attaques très médiatisées dans la capitale Ouagadougou et une propagation de l’insécurité dans les régions du nord et de l’est du pays. En dépit des mesures de sécurité et du déploiement des forces militaires, certaines parties du pays ont connu une forte augmentation de la violence depuis 2018.

Le Burkina accueille également près de 25.000 réfugiés maliens

Mais ce pays accueille actuellement quelque 25.000 réfugiés maliens également touchés par le conflit dans cette partie du Sahel. « La violence a restreint notre accès à des milliers de réfugiés installés à l’extérieur des camps des provinces de Soum et d’Oudalan dans la région du Sahel, près de la frontière malienne », a fait valoir le HCR qui invite instamment les réfugiés de ces régions à s’installer dans des camps où les organismes humanitaires pourront assurer leur protection et leur accès aux services sociaux de base.

Face à cette urgence humanitaire, le HCR a mis à disposition des abris et des secours dans ses stocks actuels à l’intérieur du Burkina Faso. Le HCR effectue également un suivi de la protection des personnes déplacées et intensifie sa présence dans le pays pour répondre aux besoins humanitaires croissants.

Mais ces efforts pourraient être entravés par le manque de fonds. Le HCR, qui plaide pour un besoin urgent de fonds supplémentaires, rappelle que son présent appel de fonds de 27,3 millions dollars américain pour le Burkina Faso n’est financé qu’à hauteur de 26%.