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La riposte à Ebola en République démocratique du Congo risque de faiblir (OMS)

Un agent de santé examine un bébé âgé d'une semaine sous une tente d'isolement dans un centre de traitement d’Ebola à Beni, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. 3 décembre 2018.
© UNICEF/Guy Hubbard
Un agent de santé examine un bébé âgé d'une semaine sous une tente d'isolement dans un centre de traitement d’Ebola à Beni, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. 3 décembre 2018.

La riposte à Ebola en République démocratique du Congo risque de faiblir (OMS)

Santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé mardi les bailleurs de fonds à continuer de financer la riposte contre la flambée d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC) pour ne pas risquer un retour en arrière.

Selon le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, il faut d’urgence fournir 148 millions de dollars à tous les partenaires engagés dans la riposte pour qu’ils puissent poursuivre leur travail. Jusqu’à présent, moins de 10 millions de dollars ont été promis.

Cet appel est lancé une semaine avant la prochaine mission du Dr Tedros en RDC, où il doit rencontrer le Président congolais Felix Tshisekedi à Kinshasa avant de se rendre dans les zones de Butembo et Katwa où le virus Ebola sévit.

« C’est une situation sans précédent. Jamais il ne s’est produit une flambée d’Ebola dans de telles conditions, avec une population très mobile et de nombreuses lacunes du système de santé », a déclaré le Dr Tedros dans un communiqué de presse.

« La sécurité est un autre problème majeur. Je suis très affecté par les rapports faisant état d’une attaque dimanche soir contre un établissement de santé géré par Médecins sans Frontières à Katwa. Néanmoins, avec les partenaires et sous la direction du gouvernement de la République démocratique du Congo, nous avons fait des progrès majeurs. Des centaines de décès, voire des milliers peut-être, ont été évités. Mais la flambée n’est pas terminée et nous avons besoin d’urgence de fonds supplémentaires pour en voir la fin », a-t-il ajouté.

Des dizaines de milliers de personnes vaccinées

Plus de 80.000 personnes ont été vaccinées et plus de 400 ont été traitées en RDC. Des milliers de cas présumés ont été suivis, ont eu des tests et ont été transférés dans d’autres centres après confirmation qu’ils n’avaient pas le virus Ebola. Plus de 40.000 contacts ont été identifiés et chacun d’entre eux a été vu chaque jour pendant trois semaines pour s’assurer qu’ils ne tombaient pas malades.

À elle seule, l’OMS a expédié 300 mètres cubes de fournitures, dont les approvisionnements pour la vaccination et 470.000 équipements de protection individuelle pour les partenaires gérant les centres de traitement.

Parallèlement à la riposte dans le pays, des centaines d’agents de santé, de gardes-frontières et d’autres intervenants dans les pays limitrophes ont été formés et préparés à la riposte à un cas potentiel.

Selon l’OMS, les partenaires ont endigué la flambée dans des zones de santé successives et évité la transmission aux pays limitrophes, démontrant ainsi que le succès est possible malgré des circonstances difficiles. Toutefois, la poursuite de la transmission à Butembo et à Katwa entraîne le risque que la flambée atteigne des zones encore plus volatiles et dangereuses, où pratiquement aucun partenaire ne peut intervenir. C’est pourquoi l’aide est nécessaire maintenant. Ce n’est qu’avec le maintien et l’intensification des actions actuelles que nous pourrons mettre un terme à cette flambée dans les prochains mois, estime l’agence onusienne.

Le plan de riposte pour la période allant de février à juillet a été présenté par le Ministre congolais de la Santé le 13 février. Il prévoit l’ancrage de l’intervention dans les structures locales du système de santé, le renforcement des capacités des intervenants locaux, notamment aux niveaux provincial et local, et l’approfondissement de l’engagement des communautés locales, notamment les groupes de femmes et les survivants de la maladie.

« C’est notre responsabilité partagée de mettre fin à cette flambée », a déclaré le Dr Tedros. « Aucun pays, ou partenaire, ne peut faire face, seul, à ce virus. L’impact sur la santé publique et les ramifications économiques iront bien au-delà d’un seul pays ou continent. Nous nous engageons à ne pas fléchir tant que la flambée ne sera pas terminée. Mais il est coûteux de vaincre le virus Ebola, où qu’il soit. Pour cela nous devons tous travailler ensemble ».