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Syrie : Michelle Bachelet alarmée par la recrudescence des attaques et des pertes civiles à Idlib

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.
Photo : ONU/Laura Jarriel
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

Syrie : Michelle Bachelet alarmée par la recrudescence des attaques et des pertes civiles à Idlib

Droits de l'homme

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a appelé mardi toutes les parties impliquées dans les attaques menées dans la région syrienne d’Idlib, ainsi que les gouvernements extérieurs ayant une influence, à veiller à ce que la protection des civils soit primordiale dans la planification et l'exécution de toutes les opérations militaires, conformément au droit international.

« J'exhorte toutes les parties impliquées à veiller avant tout à ce que les civils eux-mêmes et les infrastructures civiles soient protégés comme l'exigent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme», a déclaré la Haut-Commissaire dans un communiqué de presse.

« Les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution doivent être pleinement respectés et les objets militaires ne doivent pas être placés à proximité de civils », a-t-elle ajouté.

J'exhorte toutes les parties impliquées à veiller avant tout à ce que les civils eux-mêmes et les infrastructures civiles soient protégés - Michelle Bachelet, Cheffe des droits de l'homme 

L'intensification des bombardements terrestres d'Idlib et de ses environs par les forces gouvernementales et leurs alliés au cours des dernières semaines, associée à une série d'attaques d'acteurs non étatiques, a fait de nombreuses victimes civiles et a laissé des millions de personnes, dont des centaines de milliers de personnes déplacées, dans une situation extrêmement vulnérable, estime la cheffe des droits de l'homme des Nations Unies.

Selon un décompte partiel effectué par les Nations Unies, depuis la fin du mois de janvier au moins 47 civils ont été tués et 84 ont été blessés lors de bombardements.

« Un grand nombre de civils, y compris des centaines de milliers de personnes déplacées, à Idlib et dans le nord d'Alep, vivent une existence intolérable », a déclaré Michelle Bachelet.

« Ils sont pris au piège entre l'escalade des hostilités et les bombardements, et sont obligés de vivre sous le régime extrémiste de Hay'at Tahrir Al-Sham et d'autres combattants extrémistes qui se livrent régulièrement à des assassinats, des enlèvements et des détentions arbitraires », a-t-elle précisé.

Une intensification des bombardements depuis décembre 2018

Le bombardement de la « zone tampon démilitarisée » qui comprend Idlib et le nord du gouvernorat d'Hama et l'ouest du gouvernorat d'Alep a commencé à s'intensifier en décembre 2018 et s'est encore accru ces derniers jours. Dans le même temps, les conflits internes entre acteurs non étatiques et l'utilisation d'engins explosifs improvisés se sont multipliés dans les zones qu'ils contrôlent, notamment par le groupe extrémiste Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS).

Michelle Bachelet a également exprimé son inquiétude concernant le sort de quelque 20.000 personnes qui ont fui les zones contrôlées par l'Etat islamique d'Iraq et du Levant (EIIL, appelé aussi Daech) dans l'est du gouvernorat de Deir-ez-Zor au cours des dernières semaines et se retrouvent maintenant dans des camps de fortune gérés par des groupes armés kurdes, qui empêcheraient ces personnes déplacées de partir.

Les civils continuent à être utilisés comme des pions par les différentes parties - Michelle Bachelet

La Haut-Commissaire a déclaré qu'elle restait particulièrement préoccupée par la situation de quelque 200 familles, dont de nombreuses femmes et enfants, qui seraient emprisonnées dans la petite zone encore sous le contrôle de l'EIIL. Il semble que nombre d'entre eux sont activement empêchés de partir par l'EIIL et continuent d'être soumis à des frappes aériennes et terrestres intensifiées de la part des forces de la coalition dirigée par les États-Unis et de leurs alliés des FDS sur le terrain.

« Les civils continuent à être utilisés comme des pions par les différentes parties », a déploré la cheffe des droits de l’homme. «Je les appelle à fournir un passage sûr à ceux qui souhaitent fuir, tandis que ceux qui souhaitent rester doivent également être protégés autant que possible. Ils ne doivent pas être sacrifiés à une idéologie ou à une opportunité militaire ».