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L’OMS lance une nouvelle initiative pour éliminer le cancer du col de l’utérus

Des femmes immunisées contre le cancer du col utérin à Bogota, en Colombie.
OPS/OMS/Jane Dempster
Des femmes immunisées contre le cancer du col utérin à Bogota, en Colombie.

L’OMS lance une nouvelle initiative pour éliminer le cancer du col de l’utérus

Santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé jeudi à Genève une nouvelle initiative visant à éliminer le cancer du col de l’utérus qui constitue l’une des principales causes de mortalité chez les femmes dans le monde.

A quatre jours de la Journée mondiale contre le cancer (lundi 4 février), cette nouvelle initiative de l’OMS appelle les partenaires et les pays à faciliter l’accès à trois interventions essentielles de prévention du cancer du col de l’utérus (vaccination anti-PVH ; dépistage et traitement des lésions précancéreuses ; prise en charge du cancer du col de l’utérus) ainsi qu’à améliorer la couverture de ces interventions.

Selon l’agence onusienne pour la santé, un demi-million de nouveaux cas de cancer du col utérin sont diagnostiqués chaque année dans le monde et environ 310.000 femmes décèdent de cette pathologie. « Neuf décès sur 10 dus au cancer du col de l’utérus concernent des femmes vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire », a rappelé le Dr Etienne Krug, directeur du Département de l’OMS sur les maladies non transmissibles.

La nouvelle initiative de l’OMS doit permettre d’améliorer les données sur le cancer du col de l’utérus. « C’est l’un des cancers les plus fréquents chez les femmes dans le monde et il se développe à la suite d’une infection », a expliqué Dr. Krug, soulignant que la pathologie se développe lentement sans présenter beaucoup de symptômes. « Et donc, le cancer n’est pas détecté et souvent à temps surtout dans les pays en voie de développement. Très souvent, ce cancer est découvert trop tard et crée beaucoup de souffrances », a-t-il regretté.

Un cancer évitable par la vaccination et soignable par la détection précoce

Lors d’une rencontre organisée mercredi à son siège à Genève, l’OMS a plaidé pour plus d’investissements pour diminuer le besoin de soins avancés pour traiter le cancer du col de l’utérus. Un plaidoyer conforme à l’appel à l’action lancé par son Directeur général, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour éliminer cette maladie et que les Etats membres de l’Organisation ont adopté.

Le cancer du col de l’utérus « est évitable par la vaccination et traitable par la détection précoce », fait valoir l’OMS qui défend l’accélération de « l’accès au dépistage et à un diagnostic ».

Si on arrive à vacciner la grande majorité des filles entre 9 et 14 ans dans le monde, on peut éliminer le cancer du col de l’utérus

L’agence onusienne appelle à élargir le vaccin préventif contre le cancer du col de l’utérus auprès des jeunes filles. Utilisé dans plus de 90 Etats, ce vaccin atteint des taux de couverture de plus de 90% dans certains d’entre eux, mais n’atteint pas plus de 25% dans d’autres, notamment dans les pays en développement. L’OMS rappelle pourtant que le sérum a permis de réduire de 90% le nombre de cancers dans certaines régions.

« Si on arrive à vacciner la grande majorité des filles entre 9 et 14 ans dans le monde, on peut éliminer cette pathologie », a d’ailleurs insisté le Dr. Krug dans un entretien accordé à ONU Info.

En attendant, le directeur du Département de l’OMS sur les maladies non transmissibles appelle à continue la détection des cancers qui se développement rapidement pour pouvoir les traiter. Une telle détection permettrait, dans les décennies à venir, de pouvoir éliminer cette maladie, en misant sur une prévention primaire (vaccination contre le PVH), secondaire (dépistage et traitement des lésions précancéreuses) et tertiaire (diagnostic et traitement du cancer invasif du col de l’utérus) ainsi que des soins palliatifs.

L’OMS veut lutter contre la douleur liée aux cancers

Cette année, la Journée mondiale contre le cancer sera l’occasion pour l’OMS de présenter ses nouvelles directives face au problème de la douleur liée aux cancers.

Dévoilées ce jeudi, ces nouvelles directives remplacent les précédentes lancées il y a plus de 20 ans, détaillent la séquence axée sur les antalgiques, les suivis des opioïdes ainsi que des dispositifs pour soigner la douleur liée aux métastases.

« Nous voulons attirer l’attention sur le fait que 55% des patients traités pour le cancer souffrent de douleur », a fait valoir le Dr Krug. Un chiffre revu à la hausse lorsqu’il s’agit du cancer en phase terminale et qui atteint 66%, selon l’OMS. « C’est une grosse proportion des patients et une grande partie d’entre eux n’ont pas accès à ces traitements », a ajouté le Dr. Krug. Cela se traduit par un manque de sommeil, une irritabilité, des difficultés de continuer la vie de tous les jours et d’interagir avec la famille et les amis.

Les soins existent, de même que le savoir-faire. Donc personne ne devrait vivre ou décéder dans la douleur due au cancer

Ces dernières années, l’OMS n’a cessé de plaider, dans certains cas, pour des soins palliatifs qui consistent à soulager plutôt qu’à guérir les symptômes provoqués par le cancer ainsi qu’à améliorer la qualité de vie des patients et de leur famille. Si ces soins palliatifs peuvent aider les gens à vivre plus confortablement, l’agence onusienne insiste sur le fait qu’il « s’agit d’un besoin humanitaire urgent partout dans le monde pour les personnes atteintes de cancer ou d’autres maladies chroniques mortelles ».

Dans ces conditions, l’OMS soutient qu’une plus grande attention accordée au traitement de la douleur et une augmentation de l’accès aux médicaments permettraient aux patients atteints de cancer d’avoir « une qualité de vie bien meilleure ». « Les soins existent, de même que le savoir-faire. Donc personne ne devrait vivre ou décéder dans la douleur due au cancer », a conclu le Dr. Krug.

Deuxième cause de décès dans le monde, le cancer est responsable de la mort de 9,6 millions de personnes en 2018, soit près d’un décès sur six dans le monde.