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Venezuela : Michelle Bachelet condamne les meurtres et appelle au dialogue pour mettre fin à la crise

Pacaraima, Brésil : des Vénézuéliens arrivés à la frontière attendent à un poste de la police fédérale brésilienne chargée de traiter les demandes d'asile ou de permis de séjour spéciaux au Brésil. 16 février 2018.
Photo: HCR / Reynesson Damasceno
Pacaraima, Brésil : des Vénézuéliens arrivés à la frontière attendent à un poste de la police fédérale brésilienne chargée de traiter les demandes d'asile ou de permis de séjour spéciaux au Brésil. 16 février 2018.

Venezuela : Michelle Bachelet condamne les meurtres et appelle au dialogue pour mettre fin à la crise

Droits de l'homme

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU a réclamé vendredi l'ouverture d'une enquête indépendante sur le recours à la force contre les manifestants, citant des informations selon lesquelles 20 personnes auraient été tuées et plus de 350 autres arrêtées cette semaine au Venezuela. 

Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH) a déclaré lors d'un point de presse vendredi à Genève que Mme Bachelet a demandé « la mise en place d'enquêtes efficaces sur les violences qui ont fait plusieurs morts et blessés au cours des manifestations de cette semaine au Venezuela ».

Outre la vingtaine de personnes tuées cette semaine « après avoir été abattues par des forces de sécurité ou des membres de groupes armés progouvernementaux », de nombreuses autres personnes ont été blessées lors des rassemblements mardi et mercredi par plusieurs types de munitions utilisées par les forces de sécurité. « Ces personnes auraient été blessées par balles et balles en caoutchouc », a détaillé M. Colville.

En outre, plus de 350 personnes ont été arrêtées. Des raids ont été ainsi menés dans des propriétés des zones les plus pauvres de la capitale Caracas où au moins 180 manifestations ont été organisées cette semaine.

Parmi les personnes interpellées, 320 ont été appréhendées rien que pour la journée de mercredi 23 janvier, selon des indications relayées auprès du Haut-Commissariat à Genève. « Michelle Bachelet a donc appelé à la libération immédiate de toute personne arrêtée pour avoir exercé ses droits fondamentaux », a ajouté le porte-parole du Haut-Commissariat.

La cheffe des droits de l’homme redoute que la situation dégénère

Face à cette répression, Mme Bachelet a réclamé vendredi l'ouverture d'une enquête indépendante sur le recours à la force contre les partisans de l'opposition vénézuélienne.

« Tout incident violent entraînant la mort ou des blessures doit faire l'objet d'une enquête indépendante et impartiale afin de déterminer si les autorités ont eu recours à un usage excessif de la force ou si des crimes ont été commis par des membres de groupes armés, qu'ils soient pro-gouvernementaux ou non », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué.

« Je suis extrêmement préoccupée par le fait que la situation au Venezuela pourrait rapidement dégénérer et avoir des conséquences catastrophiques », a ajouté l'ancienne Présidente chilienne.

Pour Mme Bachelet, il est essentiel d'empêcher « la répétition des schémas de répression » documentés par le HCDH en 2017, notamment des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires généralisées, des restrictions à la liberté de réunion et d'expression, ainsi que des perquisitions et des attaques indiscriminées.

La Haut-Commissaire a réitéré aussi sa demande au gouvernement du Président Nicolas Maduro et aux soutiens de l'opposant et Président du Parlement Juan Guaido, de lancer immédiatement un dialogue. Ce scénario doit permettre d'aboutir à une solution « pacifique », a-t-elle dit. Elle a exhorté toutes les parties à mener des discussions immédiates pour désamorcer l'atmosphère de plus en plus volatile et à trouver une solution à long terme à la crise politique et socio-économique du pays.

Michelle Bachelet renouvelle l’appel au dialogue lancé par le chef de l’ONU

Michelle Bachelet a déclaré qu'il était essentiel que les autorités s'abstiennent de fermer toute voie de dialogue en traduisant en justice les dirigeants politiques et sociaux, notamment les membres de l'Assemblée nationale.

« Que faut-il de plus avant que les responsables politiques ne placent le bien-être de leur peuple avant leurs propres intérêts ? », s’interroge-t-elle avant de rappeler que ce qui se passe au Venezuela est « une crise de gouvernance » et il incombe donc « aux dirigeants du pays de mettre fin à cette situation désastreuse ».

Selon les services de la Haut-Commissaire Bachelet, plus de trois millions de Vénézuéliens ont fui le pays, et des millions d'autres vivent dans des conditions misérables.

Jeudi, le Secrétaire général de l’ONU a exhorté à Davos (Suisse) tous les acteurs à faire baisser les tensions en cette période critique et à ne ménager aucun effort pour prévenir la violence et éviter toute escalade.

António Guterres a également appelé à une enquête transparente et indépendante sur « les informations faisant état de victimes lors des manifestations et des troubles au Venezuela ». Il a rappelé l’urgence pour tous les acteurs concernés de s’engager dans un dialogue politique inclusif et crédible pour faire face à la crise prolongée dans le pays, dans le plein respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme.