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Zimbabwe : la cheffe des droits de l’homme de l'ONU demande la fin de la répression

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.
Photo : ONU/Laura Jarriel
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

Zimbabwe : la cheffe des droits de l’homme de l'ONU demande la fin de la répression

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s'est dit vendredi profondément préoccupé par la crise socio-économique en cours au Zimbabwe et par la répression des manifestations de grande ampleur dans le pays, à la suite de la décision du gouvernement d’augmenter les prix du carburant. 

Les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet se sont inquiétés des informations faisant état d’un recours excessif à la force, y compris par balles réelles, par les forces de sécurité zimbabwéennes au cours des manifestations qui ont débuté lundi dernier.

Au Zimbabwe, les populations sont descendues dans la rue pour protester contre les mesures d’austérité économique et la hausse des prix du carburant, qui affectent leurs ménages et leurs entreprises déjà appauvries.

« Des informations suggèrent que les manifestants ont brûlé des pneus, utilisé des pierres pour barrer les routes et empêché les usagers des bus de se rendre au travail », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat lors d’un point de presse ce vendredi à Genève.

Plusieurs bâtiments ont également été incendiés et des actes de pillage ont été signalés. La police aurait riposté avec force, notamment en utilisant des balles réelles.

« Il existe des rapports crédibles faisant état d’un certain nombre de décès - notamment d’un policier », a ajouté Mme Shamdasani. Les services de la Haut-Commissaire Bachelet font état également « d’allégations inquiétantes d’intimidation et de harcèlement généralisés de la part des forces de sécurité effectuant des fouilles maison par maison ».

La Commission zimbabwéenne des droits de l’homme a également reçu des rapports accusant la police « de passages à tabac ».

Selon les chiffres officiels présentés par le ministre de la Sécurité nationale, plus de 600 personnes ont été arrêtées dans tout le pays, dont des dirigeants de l’opposition et représentants de la société civile.

« Nous sommes également préoccupés par le fait que les services Internet ont été gravement perturbés ces derniers jours », a indiqué la porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’ONU.

Bachelet soutient l’appel lancé pour la mise en place d’un dialogue national

Face à cette situation tendue, le Haut-Commissariat plaide pour la libération rapide de « tous les manifestants détenus pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Il appelle le gouvernement à mener des enquêtes sur toutes les informations faisant état de violences, y compris les allégations d’un recours excessif à la force par les forces de sécurité, de la façon la plus transparente et dans un souci de responsabilisation.

Le Haut-Commissariat estime qu’il est essentiel que toutes les parties, y compris les manifestants, s’abstiennent de recourir à la violence et cherchent à résoudre la situation de manière pacifique.

Nous exhortons Harare à s'efforcer, avec le soutien de la communauté internationale, d'atténuer la crise actuelle  - Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat

Les autorités étatiques ont le devoir de garantir le droit des populations à la liberté d’expression, ainsi que de faciliter et de protéger le droit de rassemblement et de manifestation pacifique, font valoir les services de la Haut-Commissaire.

Ils demandent également au gouvernement de veiller à ce que les forces de sécurité traitent avec beaucoup plus de précaution les manifestations, notamment en ce qui concerne l’utilisation d’armes à feu et de munitions réelles, en stricte conformité avec les obligations internationales du pays en matière de droits de l’homme et les principes pertinents en matière de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de précaution et de responsabilité.

Par ailleurs, le Haut-Commissariat soutient l’appel lancé au gouvernement par la Commission des droits de l’homme du Zimbabwe pour la mise en place d’un dialogue national, avec une participation plus large de tous les secteurs, afin de trouver des solutions aux défis économiques auxquels le pays est confronté.

« Nous appelons le gouvernement à trouver les moyens d’engager le dialogue avec la population sur leurs griefs légitimes et à mettre un terme à la répression contre les manifestants », poursuit l’agence onusienne. « Nous exhortons Harare à s'efforcer, avec le soutien de la communauté internationale, d'atténuer la crise actuelle », conclut la porte-parole du Haut-Commissariat.