L'actualité mondiale Un regard humain

En Syrie, la moitié des enfants n’a connu que le conflit (UNICEF)

Des enfants syriens s'abritent derrière la porte d'une maison, au milieu de tirs et de bombardements, dans une ville touchée par le conflit.
UNICEF/NYHQ2012-0218/Romenzi
Des enfants syriens s'abritent derrière la porte d'une maison, au milieu de tirs et de bombardements, dans une ville touchée par le conflit.

En Syrie, la moitié des enfants n’a connu que le conflit (UNICEF)

Culture et éducation

Quatre millions d’enfants sont nés en Syrie depuis le début du conflit il y a près de huit ans, a annoncé jeudi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). La moitié des filles et garçons syriens n’ont connu que la guerre.

Pour l’agence onusienne, la priorité est de pouvoir atteindre tous les enfants syriens où qu’ils se trouvent et de répondre à leurs besoins immédiats et à venir.

« Tous les enfants syriens âgés de 8 ans ont grandi dans un climat de danger, de destruction et de mort », a déclaré Henrietta Fore, la Directrice exécutive de l'UNICEF, à l'issue d'une visite de cinq jours en Syrie. « Ces enfants doivent pouvoir retourner à l'école, recevoir leurs vaccins et se sentir en sécurité et protégés. Nous devons pouvoir les aider », a-t-elle ajouté.

En Syrie, Mme Fore a pu se rendre dans certaines des zones nouvellement accessibles. Elle a constaté de visu comment le conflit avait affecté les familles, les enfants et les communautés dans lesquelles ils vivent.

À Douma, dans la Ghouta orientale, quelques mois seulement après la levée du siège qui a duré cinq ans, les familles déplacées commencent à rentrer et on estime à environ 200.000 personnes la population de la ville. De nombreuses familles sont revenues dans des bâtiments endommagés et la menace de munitions non explosées est omniprésente. Depuis mai 2018, 26 enfants auraient été tués ou blessés dans l'ensemble de la Ghouta orientale par des restes d’explosifs de guerre.

Tous les enfants syriens âgés de 8 ans ont grandi dans un climat de danger, de destruction et de mort - Henrietta Fore, lDirectrice exécutive de l'UNICEF

« À Douma, les familles vivent - et élèvent des enfants - parmi les décombres, luttant pour obtenir de l'eau, de la nourriture et de la chaleur par ce temps hivernal », a déclaré Mme Fore. « Il y a 20 écoles et toutes sont surpeuplées et ont besoin de formation pour les jeunes enseignants, des livres, du matériel scolaire, des portes, des fenêtres et de l'électricité ».

Le degré de destruction à Douma est tel qu’une ONG partenaire, avec le soutien de l’UNICEF, a créé un dispensaire informel dans le hall d’une mosquée endommagée.

Les jeunes confrontés à une banalisation de la violence

À Hama, la Directrice générale de l'UNICEF a visité un centre où des filles et des garçons apprennent à se défendre contre la violence basée sur le genre.

« Depuis que le conflit a éclaté, les enfants et les jeunes sont devenus de plus en plus violents », a déclaré Zein, 15 ans, qui vient régulièrement visiter le centre. « L'intimidation, le harcèlement, les passages à tabac, le mariage précoce - toutes ces formes de violence ont augmenté. Les enfants et les jeunes voient partout la violence autour d'eux et la considèrent comme normale. Nous devons mettre un terme à cette situation en sensibilisant le public sur comment façonner un meilleur comportement ».

Au dernier jour de sa mission en Syrie, Mme. Fore s’est rendue à Deraa ou vivent près d’un million de personnes. Les niveaux de déplacement dans ce gouvernorat sont élevés, ce qui met davantage de pression sur des services déjà limités. La moitié des 100 centres de soins de santé primaires du gouvernorat ont été endommagés ou détruits.

Les deux principales stations d'approvisionnement en eau alimentant la ville de Deraa étaient situées dans des zones précédemment disputées, provoquant de fréquentes coupures d'eau et une dépendance vis-à-vis des services de transport d’eau par camion. L’UNICEF a aidé à installer un pipeline de 16 kilomètres pour fournir de l’eau salubre à 200.000 personnes.

L’âge des élèves de première année varient entre 6 et 17 ans

Sur près de 1.000 écoles dans le gouvernorat, au moins la moitié ont besoin de réparations. Les salles de classe sont surpeuplées. Parmi les enfants qui ont manqué des années d'apprentissage en raison de la guerre, l’âge des élèves de première année varient entre 6 et 17 ans. Beaucoup d'élèves abandonnent leurs études. Le taux d'abandon scolaire en Syrie est de 29%.

« Les écoles sont les lieux où sont semées les graines de la cohésion sociale », a déclaré Mme Fore. « Nous avons besoin d'une éducation de qualité qui donne envie aux enfants d'aller à l'école et d’y rester ».

Au fur et à mesure que l'accès s’améliore, l'UNICEF élargit ses services de soutien en matière de santé, de nutrition et de protection de l'enfance. L’agence aide les écoles, propose des programmes d'apprentissage accéléré aux élèves qui ont raté des années de scolarité, forme des enseignants. Elle répare également les réseaux d'égouts, les canalisations d'eau et les stations d'épuration.

Dans les zones qui restent difficiles à atteindre, l’UNICEF renouvelle son appel en faveur d’un accès régulier et inconditionnel et continue de collaborer avec ses partenaires pour fournir une assistance immédiate dans la mesure du possible.

Dans toute la Syrie, l’UNICEF appelle à la protection des enfants à tout moment et à un renforcement du tissu social déchiré par des années de combats. « Près de huit ans après le début du conflit, les besoins sont toujours importants », a déclaré Mme Fore. « Mais les millions d'enfants nés pendant cette guerre et qui ont grandi dans la violence sont prêts : ils veulent apprendre. Ils veulent jouer. Ils veulent guérir ».