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COP24 : le secteur du bâtiment et de la construction, un potentiel inexploité (PNUE)

ONU Environment et le module de vie écologique de l'Université de Yale; une petite maison durable exposée au siège des Nations Unies à New York.
UN News/Matt Wells
ONU Environment et le module de vie écologique de l'Université de Yale; une petite maison durable exposée au siège des Nations Unies à New York.

COP24 : le secteur du bâtiment et de la construction, un potentiel inexploité (PNUE)

Développement durable (ODD)

Malgré des progrès pour devenir plus vert, le secteur du bâtiment et de la construction a besoin de prendre des « mesures spectaculaires » pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, prévient l'agence des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans un rapport publié vendredi à la conférence sur le climat (COP 24) à Katowice, en Pologne.

« Il est essentiel que notre façon de construire des bâtiments change considérablement au cours des deux prochaines années », a déclaré Joyce Msuya, Directrice exécutive adjointe du PNUE. « Il suffit d’examiner les normes actuelles et la qualité de nombreux bâtiments pour constater que nous pouvons faire beaucoup mieux », a-t-elle ajouté, soulignant qu 'il était nécessaire de rendre les bâtiments moins consommateurs d’énergie.

Actuellement, les bâtiments représentent près de 40% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 36% de la consommation totale d’énergie. Dans le rapport, co-rédigé par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le PNUE avertit que « les gouvernements, les villes et les entreprises devront prendre des mesures spectaculaires si l’on veut que le secteur mondial de la construction et du bâtiment réduise son empreinte carbone conformément aux accords internationaux ».

Intitulé Vers un secteur du bâtiment et de la construction efficient, résilient et à émissions nulles, le rapport était présenté dans le contexte des négociations à la COP 24 sur la manière de faire progresser la mise en œuvre de l'Accord sur le climat adopté à Paris en 2015, dans lequel les parties se sont engagées à limiter le réchauffement climatique à  2°C au-dessus des niveaux préindustriels et à s’approcher de 1,5 °C. 

 Nous pouvons faire beaucoup mieux - Joyce Msuya, Directrice exécutive adjointe du PNUE

Le développement de nouvelles techniques, de nouveaux outils, de nouveaux produits et de nouvelles technologies (pompes à chaleur, meilleures fenêtres, isolation renforcée, appareils écoénergétiques, énergies renouvelables et conception plus intelligente) a permis aux émissions de se stabiliser ces dernières années.

Il y a d'autres signes encourageants. Parmi les 500 entreprises (qui représentent des milliards de dollars de chiffre d'affaires) plusieurs entreprises du secteur de la construction, du ciment et de l'acier ont aligné leurs objectifs de réduction des émissions avec l'Accord de Paris. L'organisation à but non lucratif World Green Building Council, un réseau du secteur privé composé de 71 membres, plaide également pour que tous les bâtiments n'émettent aucune émission nette d'ici 2050.

Il existe un énorme potentiel pour réduire le niveau actuel des émissions, mais l’action est trop lente, selon les défenseurs de l’environnement. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, l’Alliance mondiale pour le bâtiment et la construction, hébergée par le PNUE, vise une amélioration de la consommation d’énergie de 30% dans le secteur du bâtiment et de la construction.

Les bâtiments sont le principal moteur de la demande énergétique

Ce qui rendra les choses encore plus difficiles, c'est que le nombre de nouveaux bâtiments devrait augmenter rapidement dans les prochaines années, en particulier dans les zones urbaines d'Afrique et d'Asie.

« Les bâtiments sont un facteur clé de la demande énergétique et les développements au sein du secteur, tels que l'utilisation croissante des climatiseurs, ont un impact important sur les tendances énergétiques et environnementales au niveau mondial », a déclaré le Dr Fatih Birol, Directeur exécutif de l'Agence internationale de l’énergie (AIE), qui est une organisation intergouvernementale autonome.

Le nouveau rapport met en évidence un écart important entre les montants dépensés pour des solutions écoénergétiques et les investissements en croissance rapide investis dans la construction et la rénovation de bâtiments. « Si nous ne rendons pas les bâtiments plus efficients, leur consommation énergétique croissante aura un impact sur nous tous, que ce soit par l’accès à des services énergétiques abordables, une qualité de l’air médiocre ou une facture énergétique plus élevée », a averti le Dr Birol.

Si nous ne rendons pas les bâtiments plus efficients, leur consommation énergétique croissante aura un impact sur nous tous - Fatih Birol, Directeur exécutif de l'Agence internationale de l’énergie 

Les données soulignent en particulier la forte augmentation de la demande de systèmes de refroidissement et de climatiseurs. Elle est liée à l’amélioration des conditions de vie dans les pays en développement et à la hausse des températures dans de nombreuses régions du globe, en raison du changement climatique. Depuis 2010, l’énergie utilisée par les systèmes de refroidissement a augmenté de 25% et plus de 1,6 milliard de climatiseurs sont en service.

L’un des engagements de l’Accord de Paris est que les pays élaborent et renforcent leurs propres plans d’action nationaux pour le climat mais, à ce jour, seuls 104 plans mentionnent des actions spécifiques visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, les codes du bâtiment et les certifications énergétiques. Très peu abordent la question des matériaux de construction - tels que l'acier et le ciment - et les émissions de carbone associées à leur fabrication.

Le rapport recommande également que les normes de construction évoluent vers des bâtiments plus résilients face aux changements climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes, tels que tempêtes et ouragans, inondations, vents violents et élévation de la température.