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Papouasie : l’ONU appelle l’Indonésie à respecter le droit de réunion pacifique et la liberté d'expression

Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.
ONU Genève/Violaine Martin
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

Papouasie : l’ONU appelle l’Indonésie à respecter le droit de réunion pacifique et la liberté d'expression

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a fait part vendredi de sa préoccupation face au grand nombre d'arrestations en Indonésie suite aux manifestations pacifiques organisées pour commémorer la fête nationale de Papouasie occidentale.

Plus de 500 personnes ont été arrêtées les 1er et 2 décembre lors de ces manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs localités d'Indonésie.

« Nous avons reçu des informations selon lesquelles les forces de sécurité auraient utilisé des barrages pour empêcher les manifestants d'organiser des rassemblements pacifiques à Jakarta, Nusa Tenggara Est, Maluku Nord, Merauke et auraient perturbé les services de prière organisés par des étudiants papous autochtones pour mettre fin aux commémorations, entrainant l’arrestation et la détention de plusieurs personnes », a déclaré une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse a Genève.

La majorité des arrestations ont eu lieu à Surabaya, dans l'est de Java, où le HCDH a reçu des informations inquiétantes faisant état d'un recours excessif à la force et à la violence par les forces de sécurité lors d'une manifestation au cours de laquelle des affrontements ont éclaté entre les manifestants et des personnes criant des slogans anti-Papouasie.

Les forces de sécurité auraient également mené des opérations de recherche dans les dortoirs d'étudiants. Celles-ci ont entraîné l'arrestation et la détention arbitraires d'au moins 300 personnes. Toutes les personnes détenues ont depuis été libérées sans inculpation.

« Bien que nous reconnaissions la complexité de la situation en Papouasie, nous sommes préoccupés par la répression des manifestations pacifiques et par les informations de plus en plus nombreuses faisant état d'un recours excessif à la force par les forces de sécurité, de harcèlement, d'arrestations et de détentions arbitraires en Papouasie, y compris de harcèlement et de menaces à l'encontre d'avocats travaillant sur ces affaires », a déclaré Ravina Shamdasani.

Selon le HCDH, de tels actes peuvent restreindre l'exercice légitime des droits à la liberté d'association, de réunion pacifique, à la liberté d'expression et risquent de porter atteinte aux droits fondamentaux de la population. « Notre bureau et les mécanismes des droits de l'homme de l'ONU ont à maintes reprises exprimé leurs préoccupations au sujet de la situation des droits de l'homme en Papouasie », a rappelé la porte-parole du HCDH.

« Nous appelons les autorités indonésiennes à veiller à ce que les forces de sécurité fassent preuve de retenue lors du maintien de l'ordre lors des manifestations et à veiller au respect du droit de réunion pacifique et de la liberté d'expression pour tous », a-t-elle ajouté.

Lors de sa visite à Jakarta en février dernier, le précédent Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, avait reconnu les bienfaits du développement, ce dernier pouvant certainement entraîner l’accès de nombreuses personnes aux services et biens fondamentaux qui améliorent considérablement leur bien-être. « Mais si ces personnes ne peuvent pas exprimer leurs préoccupations et participer aux décisions, l’évolution qui en résultera n’améliorera pas leur bien-être », a prévenu Ravina Shamdasani.

« Nous exhortons le gouvernement à prendre des mesures constructives pour donner suite aux griefs exprimés en Papouasie, conformément aux obligations internationales de l’Indonésie en matière de droits de l’homme et aux engagements politiques pris dans le cadre de l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme », a dit la porte-parole, ajoutant que le HCDH continuera de suivre de près l'évolution de la situation.