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L’ONU célèbre le 70e anniversaire de la Convention sur la prévention du génocide

Le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Auschwitz est devenu un symbole de la terreur, du génocide et de l'Holocauste.
Photo : ONU/Evan Schneider
Le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Auschwitz est devenu un symbole de la terreur, du génocide et de l'Holocauste.

L’ONU célèbre le 70e anniversaire de la Convention sur la prévention du génocide

Droit et prévention du crime

Les Nations Unies ont célébré vendredi le 70ème anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide qui a été adoptée à l’unanimité le 9 décembre 1948 par l'Assemblée générale des Nations Unies et est entrée en vigueur le 12 janvier 1951.

« Au lendemain de l’Holocauste et de la Seconde Guerre mondiale, le monde s’est réuni pour adopter une convention afin de prévenir le génocide et de punir toute personne commettant ce crime indicible. 70 années plus tard, la prévention du génocide continue d’être une tâche essentielle, qui conserve toute son actualité », a dit le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

En septembre 2015, l'Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 9 décembre Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime.

Lors d’une cérémonie organisée au siège de l’ONU, M. Guterres a rappelé que le terme ‘génocide’ et la Convention doivent largement leur existence à  Raphael Lemkin, qui s’est battu pour que le monde reconnaisse le meurtre de masse comme un crime international.

« Les procès de Nuremberg ont puni les dirigeants nazis pour les crimes qu'ils avaient commis contre l'humanité. Mais Lemkin était préoccupé par l'avenir, par la protection des groupes vulnérables, afin d'empêcher ce qu'il appelait les ‘futurs Hitler’ », a souligné le chef de l’ONU.

« La modernité ne nous protège pas du génocide. L'ère numérique ne nous protège pas du génocide. Seules nos propres actions, fondées sur nos valeurs et nos principes, peuvent nous protéger du génocide » - António Guterres

« La modernité ne nous protège pas du génocide. L'ère numérique ne nous protège pas du génocide. Seules nos propres actions, fondées sur nos valeurs et nos principes, peuvent nous protéger du génocide. La Convention sur le génocide offre un cadre juridique essentiel à nos efforts », a prévenu M. Guterres.

Il a rappelé que depuis Nuremberg, la communauté internationale n’a pas réussi à prévenir les génocides au Cambodge, au Rwanda, et à Srebrenica dans l’ex-Yougoslavie mais elle a toutefois commencé à faire en sorte que les responsables rendent des comptes. Il a également mentionné les crimes récemment commis par Daech en Iraq contre les Yézidis et il s’est dit inquiet pour les Rohingyas musulmans au Myanmar.

La Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies Maria Fernanda Espinosa a pour sa part rendu hommage « à ceux que nous n’avons pas pu protéger et à ceux qui ont survécu à la haine et à la barbarie ».

« La communauté internationale n'oublie pas les victimes du génocide. Elles seront toujours au centre de notre détermination à ne pas commettre les erreurs du passé. En tant que représentante des 193 États membres de cette organisation, je m'engage à continuer à promouvoir une vision préventive des conflits, œuvrant pour une paix durable, pour la compréhension et la réconciliation », a-t-elle ajouté.

Le Conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide, Adama Dieng, qui a également prononcé un discours lors de la cérémonie ce vendredi, a rappelé dans un entretien avec ONU Info en septembre dernier, que depuis l’adoption de la Convention en 1948, « nous avons trop souvent assisté à la perpétration de génocides ou d’autres crimes internationaux graves aux quatre coins du monde ». « Aucune région n’a fait exception », a-t-il souligné.

« Aussi longtemps que la menace de génocide planera dans notre société, nous aurons toujours besoin de la Convention sur le génocide. La Convention est plus importante que jamais précisément parce que ces crimes continuent d’être commis », a ajouté M. Dieng.

Pour cette raison, le Secrétaire général de l’ONU a engagé chaque pays à ratifier ce document.

« J’exhorte les 45 États, qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier cette Convention sans plus tarder », a dit M.  Guterres. « Je demande également à tous les États d’appliquer concrètement les principes de la Convention afin de prévenir d’immenses souffrances humaines et de faire en sorte que ce crime ne reste pas impuni. Alors que l’antisémitisme, l’islamophobie et d’autres formes de haine, de racisme et de xénophobie sont en nette progression, réaffirmons ensemble notre volonté de faire respecter l’égalité et la dignité de tous ».

 

Convention sur le génocide : l’ONU appelle à agir