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Conflits : la prévention est une fin en soi, déclare le Secrétaire général

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d'un débat au Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Manuel Elias
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d'un débat au Conseil de sécurité.

Conflits : la prévention est une fin en soi, déclare le Secrétaire général

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité a débattu ce matin du rôle des États, des accords régionaux et de l’ONU dans la prévention et la résolution des conflits. Lors de son intervention, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a plaidé pour un renforcement général de la prévention et de la coopération avec les organisations régionales.

Plutôt que de lancer des opérations d’aide humanitaire pour sauver des vies, nous devrions investir pour réduire les besoins d’assistance, a  lancé M. Guterres au début de la séance présidée par le Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, Marcel Amon-Tanoh, dont le pays préside le Conseil de sécurité pendant le mois de décembre. 

« La prévention est une fin en soi », a-t-il ajouté. Outre la protection des vies humaines, la prévention a un intérêt économique, a assuré le Secrétaire général, citant le rapport de l’ONU et de la Banque mondiale intitulé « Chemins pour la paix », selon lequel la prévention économiserait quelque 34 milliards de dollars de dommages dans les pays échappant à la guerre. 

Le Secrétaire général a fait observer que le nombre de pays qui font face à un conflit violent est le plus élevé depuis 30 ans et que les conflits de basse intensité ont augmenté de 60% au cours de la dernière décennie. Il a rappelé qu’il s’est donné la prévention pour priorité, qu’il s’agisse de conflits, de catastrophes naturelles, de pandémies ou de dangers posés par les nouvelles technologies. 

Outre la protection des vies humaines, la prévention a un intérêt économique - António Guterres, Secrétaire général de l'ONU

Au-delà du pilier paix et sécurité, tout le système des Nations Unies lutte contre les causes à l’origine de la vulnérabilité des communautés et des sociétés à la violence et au conflit. Ces causes vont du contrôle du pouvoir et des ressources à la mauvaise gouvernance et à l’instrumentalisation des divisions ethniques et religieuses, en passant par les inégalités et l’exclusion, a expliqué le Secrétaire général. 

Les causes sont exacerbées par les changements climatiques, la migration, la criminalité transnationale et le terrorisme mondial. Tout le travail entrepris pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qu’il s’agisse des droits de l’homme ou de l’égalité entre les sexes en passant par la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques, a un rôle dans la prévention des conflits, a continué M. Guterres.

« Le développement durable est une fin en soi mais aussi l’un des outils les plus efficaces pour la prévention », a-t-il ajouté.

Rendre les sociétés résilientes

Le Secrétaire général a également mis en avant la diversité des sociétés et la nécessité de les rendre résilientes, ce qui passe par un investissement dans l’éducation et la formation pour les jeunes, afin de leur donner de l’espoir et des perspectives.

Selon lui, les jeunes femmes et les jeunes hommes doivent pouvoir participer à la prise de décisions sur les sujets qui les concernent, ce qui permettra aussi de limiter le risque de les voir se laisser entraîner par des discours extrémistes. Quant aux pays sortant de conflits, ils ont besoin d’aide dans un nécessaire processus de justice, vérité et réconciliation.

L’ONU s’y emploie, avec l’aide des États et des organisations régionales et sous-régionales, a assuré M. Guterres, citant en exemple le partenariat avec l’Union africaine. Les organisations régionales et sous-régionales disposent de la proximité, de l’expérience, de la connaissance des dynamiques locales et de la flexibilité nécessaires à un engagement rapide et efficace lorsqu’une situation se détériore, a-t-il fait valoir, citant les interventions conjointes ayant permis d’apaiser des tensions en Gambie, à Madagascar, au Mali, en République centrafricaine, mais aussi en Asie centrale et au Honduras.

Il ne nous manque que le courage et la volonté politique - António Guterres

En venant aux réformes qu’il a engagées, le Secrétaire général a estimé qu’elles aideront à améliorer la cohérence des efforts et qu’il fallait notamment aider les organisations régionales et sous-régionales à mieux anticiper les crises et à prendre des mesures de prévention précoce, comme l’illustre le Système d’alerte et de réaction rapide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOWARN). 

Convaincu qu’aucun État ni aucun organisme ne peut relever seul les défis actuels, M. Guterres s’est inquiété des tendances politiques en cours, du « pessimisme ambiant » et du « manque de confiance », qui risquent de saper le multilatéralisme et le système international fondé sur des règles. 

Aussi, a-t-il exhorté les dirigeants mondiaux à renouveler leur engagement en faveur d’un multilatéralisme inclusif centré sur la Charte mais également sur les principes de complémentarité et de subsidiarité. « J’estime que nous avons le savoir-faire et les ressources nécessaires pour réaliser cet objectif; il ne nous manque que le courage et la volonté politique », a assuré le Secrétaire général.