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RDC : la Haut-Commissaire Michelle Bachelet plaide pour un processus électoral apaisé

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.
Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

RDC : la Haut-Commissaire Michelle Bachelet plaide pour un processus électoral apaisé

Droits de l'homme

La Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a plaidé pour « un processus électoral apaisé » pour assurer une bonne tenue des élections présidentielles et législatives du 23 décembre prochain en République démocratique du Congo (RDC).

« D’habitude, avant les élections et pendant les élections, nous constatons une multiplication des violations des droits de l’homme à l’approche des élections », a déclaré Mme Michelle Bachelet lors d’une conférence de presse ce mercredi à Genève.

L’ancienne Présidente chilienne encourage donc les autorités et l’opposition congolaises à mettre en œuvre l’Accord politique de décembre 2016, « notamment sur la libération de tous les prisonniers politiques, la reddition de comptes en cas de violations des droits humains, l’interdiction du recours à la force meurtrière par la police ou les forces de sécurité lors de manifestations ».

D’autant que dans certaines provinces, outre l’épidémie d’Ebola, l’insécurité reste toujours un défi.

« Nous assistons également à la poursuite d’affrontements dans certaines parties de la RDC au Nord-Kivu, ce qui s’est traduit par la prolifération de certains groupes armés générant des violences interethniques et entraînant des déplacements massifs », a-t-elle ajouté.

Je suis vraiment déçue qu’autant de pays se désengagent du Pacte - Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l'homme

La Cheffe des droits de l’homme de l’ONU a indiqué qu’elle fêtera les 70 ans de la Déclaration universelle à Marrakech où sera adopté lundi le Pacte sur les migrations.

Outre le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et la Présidente de l’Assemblée générale, Maria Fernanda Espinosa, plusieurs de ses prédécesseurs au Palais Wilson à Genève doivent également participer à la conférence intergouvernementale.

Lors de sa conférence de presse, la Haut-Commissaire Bachelet a exprimé sa déception par rapport au désengagement de certains pays.

« Je suis vraiment déçue qu’autant de pays se désengagent du Pacte », a-t-elle dit, notamment par rapport à l’attitude de ces pays qui renoncent à s’associer au Pacte des migrations ou reportent leur décision.

« Certains des négociateurs ont été ceux qui ont dit ensuite qu’ils n’iraient pas » à Marrakech, a-t-elle déploré.

Mme Bachelet attendue à Maroc pour le Pacte mondial sur les migrations

Une déception qu’elle explique autrement aussi. « Au lieu de diriger et de donner l’exemple », certains dirigeants scrutent les sondages ».

« J’estime que ce qui se passe probablement dans le monde d’aujourd’hui, c’est que de nombreux dirigeants, au lieu de diriger et de donner l’exemple, préfèrent examiner les sondages pour voir si leurs populations sont préoccupées par la question des migrants ou s’elles craignent les migrants, etc. », a regretté Mme Bachelet. 

Or, selon la Cheffe des droits de l’homme, après de longs mois de négociations, le Pacte tente d’améliorer la collaboration sur cette question de manière globale.

Mme Bachelet appelle aussi à tenter de résoudre dans les pays d’origine les raisons qui poussent les migrants à se déplacer.

Plus largement, elle a dénoncé la montée du nationalisme, la crise du « multilatéralisme » et certains reculs sur les droits de l’homme. Interrogée d’ailleurs sur les déclarations du président élu du Brésil Jair Bolsonaro sur la dictature en Amérique Latine, Mme Bachelet a dit espérer que cette région du monde va tirer les leçons du passé.

De nombreux dirigeants, au lieu de diriger et de donner l’exemple, préfèrent examiner les sondages - Michelle Bachelet 

« Il y a eu une dictature au Brésil. Il y a eu des victimes. Et au Chili aussi », a insisté celle qui avait été torturée dans son pays.

Une façon aussi d'alerter sur les menaces qui pèsent sur les avancées du contenu de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

« Trop de dirigeants semblent oublier » les principes de ce document, a dit l’ancienne présidente chilienne, pointant du doigt ces « gouvernements et politiciens, de plus en plus recentrés sur des intérêts étroits et nationalistes ».

Or la Déclaration nous rappelle que nous naissons « libres et égaux », mais des millions de personnes sur cette planète ne restent pas libres et égales.

« Leur dignité est piétinée et leurs droits violés au quotidien », déplore-t-elle, tout en se disant convaincue « que l’idéal des droits de l’homme, tel que défini dans cette Déclaration, a été l’un des progrès les plus constructifs en matière d’idées de l’histoire de l’humanité - et l’un des plus réussis ».