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Conseil des droits de l’homme : la détermination du Tchad dans la lutte contre le terrorisme

Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.
Photo ONU/Elma Okic
Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.

Conseil des droits de l’homme : la détermination du Tchad dans la lutte contre le terrorisme

Droits de l'homme

Le Tchad a signalé des progrès sur le plan juridique, institutionnel et dans le cadre de la coopération avec les mécanismes des Nations Unies, dans le cadre de son troisième l’Examen périodique universel (EPU) ce mardi à Genève.

« Qu’il s’agisse de conflits intercommunautaires, de pauvreté, de difficultés d’accès aux services sociaux de base, du réchauffement climatique, des nouvelles menaces sécuritaires, plus particulièrement le terrorisme, toujours est-il que les défis sont nombreux et multiformes », a déclaré le Ministre de la justice, Djimet Arabi, devant le Conseil des droits de l’homme.

Selon lui à l’image de plusieurs Etats africains, le pays fait « face à de multiples foyers de tensions ayant des conséquences désastreuses sur la situation des droits de l’homme ces derniers temps ».

Selon M. Arabi le Tchad s’attèle à faire du respect et de la promotion des droits de l’homme un axe majeur de sa politique nationale.

Des journalistes en reportage dans un camp de transit, près de Kinshasa, en République démocratique du Congo. Photo ONU/Sylvain Liechti

A cet égard, le Garde des Sceaux a répondu implicitement à la Fédération internationale de l’action des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT) qui avait souligné que « des cas de torture continuaient d’être recensés », avec comme « principales victimes », des membres d’organisations de la société civile, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes.

Face à ces allégations de cas torture infligés « dans les locaux de garde à vue », N'Djamena entend insister sur les pouvoirs octroyés à la Commission nationale des droits de l’homme par (CNDH), dans le cadre de la lutte contre la torture.

« Ce sont des avancées notables qui doivent être soutenues par les différents partenaires afin d’éradiquer entièrement ce fléau résultant des années des conflits armés et des dictatures », fait remarquer le Ministre de la justice.

Face à la menace terroriste, le Tchad plaide pour plus de moyens pour lutter contre la pauvreté des jeunes

S’agissant des droits de l’homme et de la lutte antiterroriste, les services de la Haut-Commissaire Bachelet ont interpellé Ndjamena sur l’adoption en juillet 2015, d’une législation contenant une définition générale de l’attentat terroriste, rétablissant la peine de mort pour les auteurs d’actes de terrorisme et faisant passer de quarante-huit heures à trente jours la durée de la détention avant jugement (celle-ci pouvant être prolongée deux fois).

Sur cette question, le Tchad a indiqué que la loi 034/PR/2015 portant répression des actes de terrorisme du 15 juillet 2015 est en cours de révision avec l’appui de les partenaires de l’Union Européenne et de I’ONUDC.

« La nouvelle loi recadrera la définition du terrorisme conformément aux standards internationaux et fixera les modalités de son application en respectant strictement les droits de tous à un procès équitable », a déclaré Djimet Arabi.

Une jeune fille déplacée avec sa famille de son village au Tchad par le groupe Boko Haram (archives). Photo UNICEF/Sokhin

Le Tchad a toutefois profité pour rappeler que le pays est au cœur du dispositif de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et le bassin du Lac Tchad.

Sur le plan interne, le Tchad a été contraint de mettre en place du pool judiciaire antiterroriste, de renforcer le dispositif sécuritaire sur l’ensemble du territoire national et de créer un centre de transit et d’orientation (CTO) des enfants associés au groupe terroriste Boko Haram, dans la région du Lac.

Aussi, pour mener cette « lutte contre cette force parfois invisible » et dans cette guerre qui leur est « imposée par les nébuleuses terroristes », d’importantes ressources humaines, matérielles et financières sont mobilisées.

A cet égard, N'Djamena rappelle l’aide apportée dans le cadre du soutien aux forces multinationales mixtes dans le cadre du bassin du Lac Tchad et aux forces du G5 Sahel pour donner « une réponse axée sur le développement afin d’éprouver la résilience ».

Mais il prévient que l’humanitaire ne peut pas à lui seul apporter une réponse durable à cette problématique.

Dans ces conditions, le Ministre plaide pour une mobilisation de « plus de moyens pour lutter contre la pauvreté qui est la base de l’embrigadement des jeunes souvent désœuvrés ».

La politique de libéralisation de la presse a permis l’éclosion des médias publics et privés

En réponse à une question écrite envoyée par avance par la Suède sur les allégations « de détention arbitraire de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme » et sur les inquiétudes exprimées par le Comité des droits de l’homme sur les atteintes à la liberté d’expression, le Tchad note que la liberté de circulation, la liberté de presse, le droit de grave et le droit de manifestation sont garantis par la constitution et s’exercent dans le cadre des lois qui les règlementent.

« Toutefois, les préoccupations soulevées contre les interdictions de manifestations entendues ces derniers temps ne sont que les conséquences de la tension sécuritaire ambiante dans notre pays qui est à l’épicentre de la lutte contre le terrorisme », fait remarquer le Ministre.

Dans tous les cas, N'Djamena note que la politique de libéralisation de la presse a permis l’éclosion des médias publics et privés, tant en ce qui concerne la presse écrite, l’audiovisuel.

Le rapport national soumis en marge de cet examen souligne aussi qu’en dépit de nombreux obstacles d’ordre socioculturel, économique et financier qui tendent à réduire et saper ces efforts, le Tchad reste toujours disponible à coopérer avec les partenaires techniques et financiers désireux de l’accompagner dans cette lutte de longue haleine pour la promotion et la protection de la dignité humaine.

A noter que l’examen du rapport du Tchad s’est fait sur la base du rapport national soumis par le pays, mais aussi d’une compilation d’informations provenant de rapports d’experts des droits de l’homme, des institutions nationales des droits de l’homme, des organisations régionales et de la société civile.

Le Burundi, l’Allemagne et le Kirghizistan sont les trois États du groupe de rapporteurs (« troïka ») pour l’examen du Tchad. Le Groupe de travail sur l’EPU adoptera ses recommandations sur le Tchad jeudi 15 novembre. L’État examiné pourra alors indiquer sa position sur les recommandations reçues lors de l’examen.