L'actualité mondiale Un regard humain

Cambodge : une experte de l'ONU souligne l'importance de la société civile pour le développement durable

Des civils dans les rues d'Ang Tasom, au Cambodge (archives)
Photo : PAM/David Longstreath
Des civils dans les rues d'Ang Tasom, au Cambodge (archives)

Cambodge : une experte de l'ONU souligne l'importance de la société civile pour le développement durable

Droits de l'homme

Le gouvernement cambodgien doit travailler de concert avec les groupes de la société civile et élaborer ses politiques autour des droits de l’homme des citoyens, si le pays veut connaître une paix et un développement durables, a exhorté jeudi une experte de l’ONU. 

Lors d'une conférence de presse clôturant une visite de onze jours au Cambodge, Rhona Smith, Rapporteure spéciale sur les droits de l'homme dans le pays, a déclaré que « la bonne gouvernance nécessite des institutions fortes et ouvertes, fonctionnant conformément aux principes des droits de l'homme ».

« Cela signifie l'accès à l'information, la transparence, la participation du public au processus de décision, la responsabilisation des responsables et des fonctionnaires et l'accès à la justice, soutenus par une presse libre et une société civile dynamique, libre et innovante », a-t-elle ajouté.

La bonne gouvernance nécessite des institutions fortes et ouvertes - Rhona Smith, Rapporteure spéciale des droits de l’homme au Cambodge

La Rapporteur spéciale a souligné la pertinence de l’ODD 16, l’Objectif de développement durable des Nations Unies axé sur les institutions inclusives, la transparence et l’accès à la justice, estimant qu’il « fournit un moyen » d’intégrer les droits de l’homme dans la stratégie de développement du pays.

Suite à des élections générales largement critiquées en juillet, qui, selon de nombreux articles de presse, ont été entachées par des interdictions faites à l'opposition, des allégations de corruption et d'illégitimité, Mme Smith a souligné la nécessité d'une plus grande participation du public aux décisions politiques et juridiques.

L’experte s’inquiète également de l’absence de procès rapides dans le pays et de la détention provisoire prolongée. Elle a appelé à la libération de Kem Sokha, dirigeant du Parti du sauvetage du Cambodge, récemment dissous, qui a passé un an en détention provisoire, avant d'être libéré sous caution en septembre de cette année, sous le chef d'accusation de trahison présumée.

Faire preuve de plus de transparence

« J'appelle le ministère de la Justice et les institutions judiciaires à faire preuve de plus de transparence dans leurs opérations, à prendre davantage de mesures pour lutter contre la corruption et à renforcer l'indépendance et l'impartialité du pouvoir judiciaire », a déclaré Mme Smith.

L’experte a également appelé à la transparence en matière de droits fonciers. Après avoir visité la province de Kampon Chhnang, où les villageois sont transférés de communautés aux conditions de vie insalubres vers des terres permanentes, elle a constaté des progrès. Elle a toutefois exhorté le gouvernement « à améliorer la manière dont il aborde les problèmes complexes des droits fonciers, par davantage de transparence, d'équité et en assurant une approche holistique ».

Soulignant le rôle central des droits de l'homme dans la réalisation du développement durable, Mme Smith a déclaré que « si le Cambodge veut poursuivre sur la voie de la croissance économique durable, il lui faut un gouvernement qui reflète la volonté de la population, des institutions qui tiennent compte de leurs droits, et des personnes ayant les compétences et l’accès aux services nécessaires pour participer activement au développement et à la société ». « La Constitution, les normes des droits de l'homme et les ODD fournissent les moyens de le faire », a-t-elle conclu.