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Le HCR exhorte la Grèce à améliorer les conditions de vie des demandeurs d'asile à Samos et Lesbos

Des tentes abritant des familles de réfugiés s’étendent sur la colline au centre de réception et d’identification de Vathy (RIC) sur l’île de Samos, en Grèce.
HCR/Markel Redondo
Des tentes abritant des familles de réfugiés s’étendent sur la colline au centre de réception et d’identification de Vathy (RIC) sur l’île de Samos, en Grèce.

Le HCR exhorte la Grèce à améliorer les conditions de vie des demandeurs d'asile à Samos et Lesbos

Migrants et réfugiés

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a de nouveau appelé les autorités grecques à tout mettre en œuvre pour remédier à la situation humanitaire critique des 11.000 demandeurs d’asile vivant sur les îles de Samos et Lesbos.

Les conditions de vie des demandeurs d’asile dans les centres de réception et d’identification des deux îles grecques se sont dégradées, souligne l’agence onusienne.

« Seule une visite des centres de réception et d’identification permet de se rendre compte des conditions effroyables qui y règnent », a déclaré mardi un porte-parole du HCR, Charlie Yaxley, lors d’un point de presse à Genève.

A Samos et Lesbos, les centres de réception et d’identification sont surpeuplés. Sur l’île de Samos, le centre de Vathy et ses environs accueillent actuellement environ 4.000 personnes soit six fois sa capacité initiale d’accueil. Sur l’île de Lesbos, le centre de Moria accueille toujours environ 6.500 personnes, soit plus de trois fois sa capacité.

A l’approche de l’hiver et du fait de l’arrivée d’un nombre accru de personnes a Samos et Lesbos, le temps presse et des mesures d’urgence s’imposent.

« Les nouveaux arrivants doivent s’acheter des tentes en mauvais état dans les magasins locaux, qu’ils installent sur une pente raide dans les champs adjacents. Elles offrent très peu de protection contre le froid, et les familles n’ont ni électricité, ni eau courante, ni toilettes. Il y a des serpents dans la région, et les rats pullulent parmi les déchets non collectés », a dit M. Yaxley.

« Les familles n’ont ni électricité, ni eau courante, ni toilettes. Il y a des serpents dans la région, et les rats pullulent parmi les déchets non collectés »

Beaucoup de demandeurs d’asile arrivent en Grèce dans un état vulnérable, mais même ceux qui se présentent en bonne santé au centre de réception et d’identification tombent malade. Au centre de Vathy, un seul médecin de garde fournit des soins médicaux à l’ensemble de la population et, souvent, seuls les cas les plus urgents sont vus. Les médecins de l’hôpital local sont également débordés.

Parmi les demandeurs d’asile vulnérables, le HCR a recensé 200 enfants non accompagnés, plus de 60 femmes enceintes, des handicapés et des survivants de violences sexuelles.

Sur l’île de Samos, la situation en matière d’assainissement s’est également dégradée. « Un grand nombre de toilettes et de douches sont cassées, ce qui fait que les eaux usées s’écoulent près des tentes habitées, tandis que d’autres personnes utilisent les buissons voisins comme toilettes », a décrit M. Yaxley.

Le HCR a appelé le gouvernement grec à améliorer d’urgence les conditions d’hébergement sur les iles et à accélérer les transferts vers le continent pour les 4.000 personnes qui y ont droit. L’agence onusienne a salué l’annonce par Athènes de 6.000 places d’hébergement supplémentaires sur le continent et le transfert, géré par les autorités, de plus de 6.500 personnes vers le continent.

« Un grand nombre de toilettes et de douches sont cassées, ce qui fait que les eaux usées s’écoulent près des tentes habitées »

« Cependant, plus de 11.000 personnes sont arrivées sur les îles ces trois derniers mois – et ce chiffre est supérieur aux départs. Nous sommes particulièrement préoccupés par le récent ralentissement des transferts, alors que les nouveaux logements sur le continent sont rares », a dit M. Yaxley.

Sur les îles, la tension et la frustration augmentent chez les demandeurs d’asile, en particulier en ce qui concerne les retards administratifs. Le centre de Moria est devenu une poudrière, et tout retard administratif ou toute détérioration supplémentaire des conditions de vie constitue une menace sérieuse pour la sécurité des personnes qui y vivent et y travaillent.

Compte tenu des besoins croissants sur les îles, le HCR continue d’appuyer les transferts jusqu’à la fin 2018 et a déjà aidé 5.300 demandeurs d’asile autorisés par les autorités à se rendre sur le continent depuis début septembre. L’agence onusienne a également acheté 400 conteneurs préfabriqués pour aider à renforcer la capacité d’accueil de la Grèce sur les sites continentaux et a acheminé 19.000 articles de secours pour les îles, tels que des kits d’équipement contre les conditions hivernales, des sacs de couchage, des vêtements d’hiver et des articles d’hygiène. En outre, le HCR augmente le nombre de places disponibles en appartement, de 25.500 en septembre à 27.000 d’ici la fin novembre.

Mais l’appel lancé par le HCR ne se limite pas aux autorités grecques. L’agence onusienne a également exhorté la Commission européenne et les États membres de l’Union européenne à aider d’urgence la Grèce, notamment dans la réinstallation des demandeurs d’asile.

« Le HCR se tient prêt à continuer de fournir un appui aux autorités, notamment en transférant les personnes éligibles vers le continent et en renforçant leur capacité à répondre aux besoins des demandeurs d’asile et des réfugiés en Grèce », a souligné son porte-parole.