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L’action parlementaire est indispensable pour mettre un terme à la faim (FAO)

Une femme vend des légumes sur un marché à Lubumbashi, en République démocratique du Congo.
Photo: FAO / Olivier Asselin
Une femme vend des légumes sur un marché à Lubumbashi, en République démocratique du Congo.

L’action parlementaire est indispensable pour mettre un terme à la faim (FAO)

Santé

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) invite les parlementaires du monde entier à faire de la sécurité alimentaire et de la nutrition des priorités de l’agenda politique afin de mettre un terme à la faim et de garantir des régimes alimentaires sains et durables.

« Il est essentiel que les parlementaires du monde entier agissent dès maintenant afin d'adapter et d'améliorer les cadres juridiques, politiques et institutionnels, de mettre un terme à la faim et de garantir des régimes alimentaires sains et nutritifs pour tous», a déclaré le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva.

« Vous pouvez vous assurer du fait que la sécurité alimentaire et nutritionnelle soit placée en haut de l'agenda politique et législatif », a ajouté M. Graziano da Silva devant près de 200 parlementaires réunis à l'occasion du Sommet parlementaire mondial contre la faim et la malnutrition qui se tient à Madrid, en Espagne.

Le Sommet est une initiative conjointe des Tribunaux généraux d'Espagne, de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), de la FAO et du Front parlementaire contre la faim d'Amérique latine et des Caraïbes.

« En tant que responsables de l'approbation des lois et de la révision des budgets, vous pouvez jouer un rôle primordial en matière de promotion de la sécurité alimentaire et d'amélioration de la nutrition dans vos pays respectifs », a souligné le Directeur général de la FAO.

La globalisation de l'obésité

Selon les derniers chiffres fournis par l'ONU, 821 millions de personnes - soit 11% de la population mondiale - souffrent de la faim. Au même moment, d'autres formes de malnutrition ont également augmenté et on compte 2 milliards d'adultes en surpoids, dont 672 millions d'obèses.

« Si nous ne trouvons pas de solutions concrètes pour stopper cette hausse, le nombre de personnes obèses sera bientôt plus élevé que le nombre de personnes souffrant de la faim. Nous devons mettre en place des systèmes alimentaires qui proposeront des aliments sains, nutritifs et abordables pour tous », a déclaré José Graziano da Silva, soulignant que l'obésité devait être traitée comme un problème public et non comme un problème individuel.

Le problème se manifeste dans les pays développés comme dans les pays en développement, y compris ceux confrontés à des souffrances liées à la faim. Un phénomène que le Directeur général de la FAO qualifie de « globalisation de l'obésité », soulignant que « 8 des 20 pays où l'on remarque une croissance rapide de l'obésité se situent en Afrique ».

Les Etats se doivent d'autonomiser, d'encourager et d'éduquer les personnes afin qu'elles puissent adopter des régimes alimentaires sains - José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO

La raison principale de cette hausse alarmante, a-t-il expliqué, est que les systèmes alimentaires actuels ne sont pas en mesure de fournir des régimes alimentaires sains et que, partout à travers le monde, les gens consomment toujours plus d'aliments industriels, extrêmement transformés, contenant peu de nutriments, mais riches en matière grasse, en sucres, en sel et en additifs chimiques. Une situation qui s'explique par le fait que ces aliments sont moins chers et plus faciles à préparer que les aliments frais, en particulier dans les zones urbaines.

« En tant que responsables du bien-être de ses concitoyens, un bien-être qui comprend le droit à une alimentation adéquate, les Etats se doivent d'autonomiser, d'encourager et d'éduquer les personnes afin qu'elles puissent adopter des régimes alimentaires sains et doivent également approuver la législation nécessaire en vue d'améliorer la nutrition », a déclaré José Graziano da Silva.

Le coup de pouce des parlements pour transformer les systèmes alimentaires

Le Directeur général de la FAO a noté qu'il existait « d'excellents exemples récents » d'actions parlementaires allant dans ce sens : le Canada, par exemple, a interdit l'usage de certains types de graisses artificielles dans la production d'aliments et l'Argentine semble emprunter la même voie. Le Chili a également approuvé une loi pour garantir un étiquetage plus complet et plus compréhensible pour le consommateur, en particulier pour les enfants.

José Graziano da Silva a présenté la publication Le défi de la nutrition dans laquelle la FAO et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) proposent une série de mesures que les parlementaires peuvent prendre comme exemple pour transformer les systèmes alimentaires, de la production des aliments à leur consommation.

Par exemple, il est essentiel d'assurer la promotion de politiques qui favoriseront la diversification de la production et faciliteront la consommation d'aliments frais, produits localement et issus de l'agriculture familiale. Il est également important d'introduire l'éducation nutritionnelle dans les programmes académiques et de réglementer la publicité à l'attention des enfants.

« Malgré des échecs récents, parvenir à un monde libéré de la faim et de la malnutrition est encore à portée de main, mais nous devons agir vite et de manière décisive. Il est de notre responsabilité commune de favoriser la volonté politique qui nous permettra de garantir que tout le monde puisse s'alimenter avec dignité. Atteindre l'objectif Faim Zéro d'ici à 2030 est encore possible si nous travaillons ensemble », a conclu le Directeur général de la FAO.