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Syrie : les récoltes à leur plus bas niveau depuis 29 ans, selon la FAO et le PAM

Une famille reçoit des vêtements de l'UNICEF dans le camp de fortune de Mabrouka, en Syrie, en août 2018.
Photo UNICEF/Delil Souleiman
Une famille reçoit des vêtements de l'UNICEF dans le camp de fortune de Mabrouka, en Syrie, en août 2018.

Syrie : les récoltes à leur plus bas niveau depuis 29 ans, selon la FAO et le PAM

Aide humanitaire

La production de blé en Syrie a atteint son plus bas niveau en 29 ans, selon une mission d’évaluation de l’ONU sur les récoltes et la situation alimentaire pour ce mois d’octobre.

D’après cette mission conjointe de l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), la production céréalière est estimée à 1,2 million de tonnes, soit environ les deux tiers des niveaux de 2017.

Une situation qui n’est pas étrangère à « la période prolongée du temps sec au début de la campagne agricole suivie par de fortes pluies hors saison ». « Les conditions météorologiques extrêmes qui ont caractérisé la septième année de conflit en Syrie ont amené la production agricole nationale à son plus bas niveau en trois décennies », a déclaré aux médias ce mardi à Genève, Hervé Verhoosel, un porte-parole du PAM.

Le rapport révèle également que, même si le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire en Syrie a légèrement diminué, le maintien de l’aide alimentaire à grande échelle est essentiel. Selon Hervé Verhoosel, les agriculteurs ont signalé qu’il s’agissait de la pire saison agricole de tous les temps à Al-Hasakeh, la région du nord-est qui fournit généralement près de la moitié du blé du pays.

Situation difficile chez les personnes déplacées

Les données de suivi de la sécurité alimentaire montrent qu’environ 44% des ménages ont réduit le nombre de repas consommés et plus de 35% ont limité les repas des adultes afin de donner la priorité aux enfants. « La situation est plus difficile parmi les personnes déplacées, les rapatriés et les ménages dirigés par une femme », a indiqué le porte-parole de l’agence onusienne basée à Rome.

C’est dans ce contexte que plus de 963.000 personnes déplacées internes sont rentrées dans leur foyer, soit 58% de plus qu’en 2017. Plus de 23.000 réfugiés syriens ont également quitté les pays voisins pour rentrer chez eux. « Un certain degré de stabilité dans de nombreuses régions de la Syrie permet aux familles déplacées de rentrer chez elles », fait remarquer le porte-parole du PAM. Cependant une fois de retour, beaucoup trouvent des maisons détruites et des moyens de subsistance évaporés.

Malgré l’augmentation des retours, le déplacement de la population reste le principal facteur d’insécurité alimentaire dans le pays. Selon le PAM, plus de 13 millions de personnes ont toujours besoin d’une aide humanitaire, dont plus de 6 millions de personnes déplacées internes qui sont en état d’insécurité alimentaire.

Dans ces conditions, « il est essentiel de maintenir une aide alimentaire vitale pour les familles vulnérables en Syrie ». L’agence onusienne est venue en aide à 3 millions de personnes en septembre. Le PAM fournit également de la nourriture à plus de 600.000 écoliers, ce qui incite les parents à envoyer leurs enfants à l’école.

La publication du rapport intervient alors que le Directeur exécutif du PAM entame ce mardi une visite dans ce pays. David Beasley devrait visiter la Ghouta orientale et la région rurale de Damas. Il est également attendu mercredi au Liban où se sont réfugiés 1 million de Syriens, dont 700.000 dépendent de l’aide du PAM.