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L’ONU lance une stratégie pour la santé mentale et le bien-être de son personnel

Le bâtiment du Secrétariat au siège de l'ONU à New York.
Photo : ONU/Rick Bajornas
Le bâtiment du Secrétariat au siège de l'ONU à New York.

L’ONU lance une stratégie pour la santé mentale et le bien-être de son personnel

À l’ONU

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé mardi une stratégie pour la santé mentale et le bien-être sur les lieux de travail du système des Nations Unies.

Une « initiative très importante » qui vise à assurer le bien-être des membres du personnel onusien – « le plus grand atout de notre Organisation » - alors que leur travail « devient de plus en plus difficile et stressant ».

« De nombreux membres du personnel sur le terrain sont confrontés à des environnements opérationnels de plus en plus dangereux », a rappelé M. Guterres. « Même dans les bureaux au siège en apparence calmes, les conditions de travail peuvent être hostiles et problématiques, y compris à la suite de harcèlement sexuel ou d’autres abus de pouvoir », a-t-il précisé.

Compte tenu de ces réalités, le chef de l’ONU estime que la santé mentale de son personnel revêt une importance primordiale.

« Promouvoir la santé mentale et le bien-être du personnel de l’ONU est un aspect fondamental du devoir de vigilance du management vis-à-vis du personnel », a souligné M. Guterres. « C’est également essentiel pour mener à bien notre travail pour les peuples du monde. Et cela s'inscrit pleinement dans les Objectifs de développement durable, qui nous appellent à ‘garantir des vies saines et à promouvoir le bien-être de tous à tous les âges’ ».

Promouvoir la santé mentale et le bien-être du personnel de l’ONU est un aspect fondamental du devoir de vigilance du management vis-à-vis du personnel

La santé mentale est un domaine négligé de la santé dans le monde. Certains pays ne comptent qu'une poignée de professionnels de la santé mentale. Même dans les pays les plus riches, les services de santé mentale sont souvent marginalisés et manquent de ressources. Et partout, les personnes ayant un diagnostic de santé mentale sont fréquemment stigmatisées, jugées et évitées.

« Notre propre lieu de travail n’est pas à l’abri de telles défaillances », a reconnu le Secrétaire général, expliquant que des membres du personnel aux prises avec l’anxiété, la dépression, des troubles de stress post-traumatique ou d’autres circonstances ont déclaré se sentir isolés et honteux, sans que personne ne se tourne vers eux pour offrir de l’aide.

« Nos propres enquêtes internes suggèrent qu'il s'agit d'un défi organisationnel d'une ampleur considérable », a dit M. Guterres, précisant que les diagnostics de santé mentale représentent près du quart des jours perdus en raison d'un congé de maladie et constituent la principale cause des pensions d'invalidité.

La dépression entraîne une tristesse persistante, une perte d'intérêt pour les activités que vous appréciez normalement et une incapacité à mener à bien les activités quotidiennes.
OMS
La dépression entraîne une tristesse persistante, une perte d'intérêt pour les activités que vous appréciez normalement et une incapacité à mener à bien les activités quotidiennes.

Santé mentale de son personnel : « l’ONU peut et doit mieux faire »

Pour le Secrétaire général, « l’ONU peut et doit mieux faire » dans l’appui au personnel, « et cela commence par la nouvelle stratégie que nous mettons en œuvre aujourd’hui ».

La stratégie, explique M. Guterres, constitue une feuille de route détaillée pour améliorer la manière dont les Nations Unies prennent soin de son personnel.

Première priorité : réduire la stigmatisation. « Jusqu'à ce que nous surmontions la stigmatisation, le personnel ne sera pas prêt à demander de l'aide ni à divulguer ce qu'il ressent », a dit le chef de l’ONU. « Cela signifie que toute personne en position d'autorité doit adopter les normes les plus strictes en matière de comportement, de langage et d'attitudes en matière de santé mentale. Nous ne réduirons jamais la stigmatisation sans un leadership venant du sommet (de la hiérarchie) », a-t-il prévenu.

La stratégie souligne également la nécessité de prendre soin les uns des autres – « de contacter les collègues qui peuvent être en détresse et de trouver des moyens de les aider à se sentir soutenus et non jugés ». Le Secrétaire général a également appelé à s’informer sur les signes avant-coureurs de la maladie mentale.

Pour le chef de l’ONU, adopter des « comportements plus sains » à l'égard de la question de la santé mentale aura également un impact positif sur les interactions du personnel onusien avec les personnes qu’elles aident, ces dernières souffrant beaucoup des conséquences sur leur santé mentale des conflits armés, du terrorisme, des catastrophes naturelles, des déplacements forcés ainsi que de l'exploitation et des abus sexuels.

« L'empathie, la compréhension et la solidarité devraient être les maîtres mots de notre travail à travers le monde », a dit M. Guterres, considérant que l’ONU doit être « au premier rang des meilleures pratiques en matière de santé psychosociale au travail ».