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Myanmar : à Rakhine, la peur et la méfiance éloignent les perspectives de cohésion intercommunautaire (HCR et PNUD)

Des enfants marchent sur un chemin entre les abris d'un camp de personnes déplacées dans l'État de Rakhine, au Myanmar, le 6 avril 2017. La plupart des personnes déplacées sont des femmes et des enfants (archive)
Photo : UNICEF/Brown
Des enfants marchent sur un chemin entre les abris d'un camp de personnes déplacées dans l'État de Rakhine, au Myanmar, le 6 avril 2017. La plupart des personnes déplacées sont des femmes et des enfants (archive)

Myanmar : à Rakhine, la peur et la méfiance éloignent les perspectives de cohésion intercommunautaire (HCR et PNUD)

Aide humanitaire

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont achevé leur première phase d’évaluation dans l’État de Rakhine, au Myanmar.

Le HCR et le PNUD ont mené leurs évaluations dans 23 villages et trois zones villageoises afin d’évaluer les besoins immédiats des communautés et les priorités de leurs actions à court terme.

« Après la fuite de plus de 720.000 réfugiés rohingyas au Bangladesh voisin en 2017, cela fait plus d’un an que le HCR n’a pas été en mesure d’intervenir auprès des communautés touchées dans les zones septentrionales de l’État de Rakhine », a déclaré le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d’un point de presse à Genève.

Sur place, les deux agences onusiennes ont noté les efforts déployés par les autorités pour faciliter ces premières évaluations, en dépit du peu de lieux visités et du faible champ d’analyse. Bien qu’elles ne permettent pas de tirer des conclusions plus générales, les visites sur le terrain ont permis au HCR et au PNUD de se faire une première idée des défis auxquels sont confrontées les personnes qui y vivent.

Ces dernières semaines, les équipes des deux agences onusiennes ont observé une diminution des moyens de subsistance, ce qui accroît considérablement la vulnérabilité de toutes les communautés qui demeurent à Rakhine.

Les communautés rencontrées par les équipes du HCR et du PNUD ont évoqué l’effet cumulatif des restrictions à la liberté de mouvements, qui réduisent encore leur accès aux moyens de subsistance et aux services essentiels.

« Alors que certains restreignent leurs déplacements à cause d’un sentiment réel ou perçu d’insécurité ou par crainte des communautés voisines, d’autres - en particulier les communautés musulmanes - ne sont pas autorisés à circuler librement »

« Alors que certains restreignent leurs déplacements à cause d’un sentiment réel ou perçu d’insécurité ou par crainte des communautés voisines, d’autres - en particulier les communautés musulmanes - ne sont pas autorisés à circuler librement », a indiqué M. Mahecic.

« La peur et la méfiance ont un impact sur l’accès à l’éducation, à la santé et à d’autres services essentiels. Tout cela limite également les interactions entre les communautés, ce qui entrave les perspectives de renforcement en matière de confiance et de cohésion sociale », a expliqué le porte-parole. « Les communautés où nous nous sommes rendus ont souvent témoigné de difficultés d’accès aux services de santé ainsi que des restrictions imposées à la population musulmane pour accéder à l’éducation ».

La méfiance, la peur des communautés voisines et le sentiment d’insécurité sont monnaie courante dans de nombreuses régions. Les communautés vivent souvent dans l’isolement, ce qui réduit les perspectives de contacts, de compréhension mutuelle et de cohésion intercommunautaire. Ceci est notable pour les relations entre la communauté musulmane et les autres communautés.

« Il sera essentiel d’instaurer la confiance et d’améliorer les conditions dans les communautés restantes pour rapprocher les habitants, atténuer la pauvreté et lutter contre les disparités en matière de santé et d’éducation tout en faisant des progrès tangibles pour lutter contre les causes profondes », a dit M. Mahecic.

La deuxième phase d’évaluation a débuté vendredi

Depuis vendredi matin, les équipes du HCR et du PNUD, titulaires de leurs autorisations de voyage reçues au cours des dernières 24 heures, entament une deuxième phase d’évaluation dans les cantons de Maungdaw, Buthidaung et Rathedaung.

« Nous espérons également avoir un accès plus prévisible et plus important ainsi que pouvoir multiplier les évaluations. Des discussions se poursuivent sur les modalités d’un « accès effectif » à toutes les zones de l’Etat de Rakhine qui sont couvertes par le mémorandum d’accord », a dit M. Mahecic.

Le HCR et le PNUD restent attachés à la mise en œuvre du mémorandum d’accord et à soutenir les efforts déployés par le gouvernement du Myanmar pour trouver des solutions globales et durables à la crise dans l’État de Rakhine. « Pour créer les conditions propices au retour volontaire, sûr, digne et durable des réfugiés rohingyas, le leadership du gouvernement du Myanmar est essentiel dans la mise en œuvre de cet accord », a souligné le porte-parole du HCR.