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L’Algérie appelle à réformer l’ONU pour résoudre la « crise morale » du multilatéralisme

Le Ministre des affaires étrangères algérien, Abdelkader Messahel, prend la parole à la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Photo : ONU/Cia Pak
Le Ministre des affaires étrangères algérien, Abdelkader Messahel, prend la parole à la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

L’Algérie appelle à réformer l’ONU pour résoudre la « crise morale » du multilatéralisme

Paix et sécurité

A la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le chef de la diplomatie algérienne a appelé samedi à rejeter la « logique dangereuse » des politiques de puissance en renforçant l’action multilatérale : « la meilleure voie pour relever les défis mondiaux en matière de sécurité et de développement ».

« Ce n'est pas sans regret que nous constatons que le monde dans son ensemble continue de vivre au rythme d'une crise multiforme d’une rare intensité. Une crise à propos de laquelle M. Antonio Guterres était parfaitement fondé de s'alarmer », a déclaré Abdelkader Messahel, le Ministre des affaires étrangères algérien.

Pour Alger, le monde ne peut plus « s’accommoder de la perpétuation d’un ordre international qui ne favorise plus la promotion et la concrétisation des valeurs universelles de la paix, de la justice, de l’égalité et du développement ».

« Le triste constat que nous devons nous résoudre à faire est que nous sommes face à une véritable crise morale », a dit le chef de la diplomatie algérienne. « Aujourd’hui, plus que jamais depuis sa création, l'ONU se doit de trouver les voies et moyens à même de lui permettre de jouer pleinement le rôle que ses pères fondateurs lui ont assigné au sortir d'une conflagration planétaire dévastatrice », a-t-il ajouté.

Si l’ONU demeure « l'enceinte par excellence du dialogue et de la coopération entre toutes les nations du monde », elle se doit également d'être porteuse des changements nécessaires à cet effet, estime l’Algérie.

Le Ministre algérien a appelé à réparer « l'injustice historique faite au continent africain » en termes de sous-représentation dans les instances onusiennes plus particulièrement au Conseil de sécurité, soulignant que la réforme doit également porter sur la revitalisation de l'Assemblée générale,

M. Messahel a souligné que son pays suit avec un intérêt particulier les conflits et les crises qui secouent les pays de l'aire géographique à laquelle elle appartient.

« Il n'y a pas meilleure approche que celle favorisant les solutions politiques à travers l’appropriation par les parties concernées et le dialogue inclusif qui place les intérêts nationaux suprêmes au-dessus de toute autre considération et préserve ainsi la souveraineté, l'indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale des Etats », a-t-il dit.

Qu'il s'agisse des situations au Mali et en Libye ou encore en Syrie et au Yémen, « seule une telle approche pourrait permettre à ces pays frères de renouer avec la paix et la stabilité pour qu'ensuite puisse s'engager l’œuvre de la reconstruction », a dit le Ministre des affaires étrangères algérien.

Concernant la question du Sahara occidental « qui, en tant que problème de décolonisation, relevé de la responsabilité première des Nations Unies », l’Algérie considère que son règlement ne peut être trouvé qu'à travers l’exercice, par le peuple du Sahara occidental, « de son droit inaliénable et imprescriptible » à l’autodétermination.

« Mon pays, qui réitère son ferme soutien aux efforts du Secrétaire général des Nations Unies et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, forme, à cet égard, le vœu que leur action puisse contribuer, avec l'apport de l’Union africaine, à la reprise des négociations sans préconditions et de bonne foi entre les deux parties, le Royaume du Maroc et le Front Polisario pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable assurant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental », a dit M. Messahel.