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La Turquie appelle à la réforme du Conseil de sécurité

Le Président turc Recep Tayyip Erdogan à la tribune de l'Assemblée générale.
Photo : ONU/Cia Pak
Le Président turc Recep Tayyip Erdogan à la tribune de l'Assemblée générale.

La Turquie appelle à la réforme du Conseil de sécurité

À l’ONU

Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, a rappelé mardi que les Nations Unies avaient beaucoup fait et beaucoup réussi au long des 73 années de leur existence, pour aussitôt estimer qu’elles s’étaient au fil du temps éloignées des attentes de l’humanité en matière de paix et de bien-être.

Dans son discours à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, il s’en est pris au Conseil de sécurité, l’accusant de ne plus servir que les intérêts de ses cinq membres permanents dotés du droit de veto « en ignorant l’oppression dans le reste du monde », comme l’ont montré, selon lui, les massacres commis sous ses yeux en Bosnie, au Rwanda, en Somalie dans le passé, au Myanmar récemment et en Palestine aujourd’hui.

Face à ceux qui ne haussent pas la voix, « voire qui réduisent leur aide, encourageant ainsi l'audace de leurs oppresseurs », la Turquie continuera de se placer aux côtés des Palestiniens, a promis M. Erdogan, qui a réitéré la nécessité de réformer la structure et le fonctionnement du Conseil de sécurité. « Le monde est plus grand que les Cinq », a-t-il lancé, affirmant en outre qu’il fallait rendre l’ONU plus efficace, mais ne pas limiter la réforme à celle de son budget.

M. Erdogan a insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de promouvoir la justice, « qui apporte ordre et bonheur » dans le monde. Parlant d’un « cercle de justice » aujourd’hui brisé, il a illustré ses propos en opposant l’égale richesse des 62 personnes les plus riches du monde et celle des 3,6 milliards les plus pauvres.

La Turquie apporte sa contribution à cette quête de justice par sa politique humanitaire mondiale, a aussi affirmé M. Erdogan, citant l’accueil par son pays de « 4 millions de réfugiés, dont 3,5 millions de Syriens », et les services « sans comparaison dans le monde » qui leur sont apportés, pour un montant de 32 milliards de dollars, qu’il a comparés au 1,7 milliard d’euros et aux 600 millions de dollars reçus à ce jour par son pays de la part de l’Union européenne et d’organisations internationales. Il a donc demandé un soutien « plus abondant et plus souple ».

Le Président a également mentionné l’assistance apportée dans la zone d’Idlib en Syrie, ainsi que les efforts diplomatiques de la Turquie dans le conflit syrien, mentionnant les processus de Genève et d’Astana, la lutte contre Daech et contre le terrorisme. Appelant à la coopération pour résoudre les conflits dans de multiples régions de monde, M. Erdogan a également mis en avant les efforts de son pays, « devenu cette année le premier donateur d’assistance humanitaire dans le monde, et le sixième pour l’aide au développement » du fait de l’accueil des réfugiés syriens.

M. Erdogan a aussi décrit les efforts de son pays en faveur de la médiation, notamment au sein de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ou de l’Alliance des civilisations, ainsi que pour lutter contre le racisme ou l’islamophobie, « notamment en Europe ». 

Le Président turc a fait part de son inquiétude face au risque de guerre commerciale, rappelant que de telles guerres avaient toujours, en tout temps, nui à l’humanité.  Alors que nous devrons travailler ensemble à réaliser les objectifs de développement durable du Programme de développement durable à l'horizon 2030, « personne ne veut voir le monde subir une nouvelle rupture économique », a-t-il affirmé, avant de dénoncer « certains pays qui cherchent de manière persistance à créer le chaos ». 

Enfin, M. Erdogan a appelé à la mise en place d’une « Organisation des Nations Unies de la jeunesse », en proposant qu’elle établisse son siège à Istanbul.