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Un chirurgien du Soudan du Sud remporte la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés (HCR)

Des femmes sud-soudanaises à Yei au Soudan du Sud en janvier 2018.
Photo : ONU/Eric Kanalstein
Des femmes sud-soudanaises à Yei au Soudan du Sud en janvier 2018.

Un chirurgien du Soudan du Sud remporte la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés (HCR)

Migrants et réfugiés

Evan Atar Adaha, chirurgien et directeur médical d’un hôpital du nord-est du Soudan du Sud, est le lauréat 2018 de la distinction Nansen pour les réfugiés, a annoncé mardi le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

La distinction Nansen pour les réfugiés décernée par le HCR honore des services extraordinaires rendus aux personnes déracinées.

Cette année, la distinction est décernée au Dr Atar en reconnaissance de ses 20 années d’engagement exceptionnel et de ses efforts inlassables à apporter des soins médicaux aux personnes contraintes de fuir le conflit : plus de 200.000 personnes, dont environ 144.000 réfugiés originaires de l’État du Nil Bleu au Soudan, a déclaré le HCR.

Dans des conditions difficiles ainsi qu’avec très peu de fournitures et de matériel, le Dr Atar réalise en moyenne avec son équipe 58 opérations par semaine à l’hôpital de Bunj, dans le comté de Maban.

L’unique appareil de radiographie de l’hôpital ne fonctionne pas et le bloc opératoire est éclairé par un unique plafonnier. L’électricité est générée par des groupes électrogènes qui tombent souvent en panne. Comme l’hôpital de Maban est l’unique hôpital de l’État du Haut-Nil, il est régulièrement surchargé par le nombre de patients et les services débordent hors de ses murs.

21 ans de services médicaux dans l’Etat du Nil Bleu

Originaire de Torit, une ville située dans le sud du Soudan du Sud, le Dr Atar a obtenu une bourse pour étudier la médecine à Khartoum, au Soudan, avant de pratiquer en Égypte. En 1997, alors que la guerre faisait rage dans l’État du Nil Bleu, le Dr Atar est volontairement parti travailler dans cette région où il a créé son premier hôpital à partir de rien à Kurmuk, opérant au cœur même d’un conflit majeur et souvent sous les bombardements aériens.

En 2011, l’intensification des violences a contraint le Dr Atar à déménager son précédent hôpital dans l’État soudanais du Nil Bleu. Il a fui avec son équipe et autant de matériel qu’il pouvait transporter dans un périple qui leur a pris un mois.

À son arrivée à Bunj, il a monté son premier bloc opératoire dans un dispensaire abandonné où ses premières opérations ont été réalisées sur des tables empilées les unes sur les autres. Depuis son établissement dans cette petite ville, le Dr Atar travaille sans relâche pour mobiliser des financements et former des jeunes aux soins infirmiers et obstétricaux.

« Nous traitons tout le monde ici, sans nous soucier de qui ils sont — les réfugiés, les déplacés internes, les membres des communautés hôtes », a expliqué le Dr Atar dans un communiqué du HCR. « Ce qui me rend heureux, c’est de me rendre compte que mon travail a épargné de la souffrance ou sauvé la vie de quelqu’un. »

Le Soudan du Sud abrite près de 300 000 réfugiés dont 92 % de Soudanais originaires des régions soudanaises du Sud-Kordofan et du Nil Bleu, à proximité de la frontière avec le Soudan du Sud.