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Le Président sortant de l’Assemblée générale appelle à préserver le dialogue et le multilatéralisme du chaos

Miroslav Lajčák, le Président de la 72e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, remet le marteau à Maria Fernanda Espinosa, qui va présider la 73e session.
Photo : ONU/Manuel Elias
Miroslav Lajčák, le Président de la 72e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, remet le marteau à Maria Fernanda Espinosa, qui va présider la 73e session.

Le Président sortant de l’Assemblée générale appelle à préserver le dialogue et le multilatéralisme du chaos

Paix et sécurité

En clôture de la 72e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président sortant de cet organe, Miroslav Lajčák, a appelé les Etats membres à poursuivre leurs efforts pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD), lutter contre le changement climatique, et participer à la réforme de l’ONU dans un contexte où les principes du multilatéralisme sont remis en cause.

« Dans l'état actuel des choses, nous ne sommes pas en voie d'atteindre les Objectifs de développement durable ou les objectifs de l'Accord de Paris », a prévenu lundi M. Lajčák, soulignant que les ODD et l’accord sur le climat signé dans la capitale française en 2015 ne pourront être réalisés sans le financement adéquat.

Il s’agissait du dernier discours du Président sortant. La Présidente de la 73e session de l’Assemblée générale, Maria Fernanda Espinosa, qui succède à Miroslav Lajčák, a prêté serment ce lundi.

Face aux nombreux défis mondiaux qui persistent, le Président sortant s’est toutefois félicité de la conclusion du premier Pacte mondial pour les migrations qui doit être formellement adopté en décembre au Maroc. « Je pense que cela montre que notre mécanisme international - avec cette Assemblée comme salle des machines - peut s’adapter et peut réagir. Elle est une source de solutions pour presque toutes les questions figurant à l'ordre du jour mondial », a-t-il dit.

Pour M. Lajčák, l’Assemblée générale – étant donné ses 193 membres et de ses observateurs - jouit d’une énorme légitimité et peut jouer le rôle de leader mondial.

A l’heure où les changements s’opèrent à une vitesse plus rapide que jamais, l'Assemblée générale ne peut être à la traine, a-t-il toutefois alerté. « En tant qu’organisme le plus représentatif au monde, elle doit garder une longueur d’avance. Ou du moins être rapide pour suivre (ces changements) ».

Le multilatéralisme est menacé

La réforme de l’ONU a également largement figuré à l’ordre du jour de la 72e session de l’Assemblée générale. « Nous pouvons tous dire que nous voulons des réformes et nous pouvons même adopter des résolutions pour soutenir chaque processus de réformes mais ces actions, à elles seules, ne peuvent pas produire de résultats. Nous avons également besoin de financement », a-t-il prévenu.

Devant les représentants des Etats membres constituant les Nations Unies, M. Lajčák s’est dit préoccupé par la réduction de l’espace du dialogue. « Notre climat politique actuel nous a peut-être entraînés dans nos monologues. Mais je pense que nos instincts de dialogue sont plus profonds. Et j'espère qu'ils prévaudront », a-t-il dit.

Pour le Président sortant de l’Assemblée générale, en l’absence de dialogue dans l’enceinte de l’ONU, « il y aurait du chaos. Cette organisation deviendrait obsolète. Nos différences se transformeraient en animosité, voire en conflit. Et - dans l'ensemble - nous n'irions nulle part ».

Selon M. Lajčák, le multilatéralisme est menacé. « Notre système reposant sur des règles est attaqué. Certains semblent disposés à retourner dans un monde où les règles sont définies par ceux qui ont le plus de pouvoir », a-t-il déploré.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres a remercié M. Lajčák et les Etats membres pour leur contribution, notamment dans la restructuration du pilier paix et sécurité et dans l’adoption d’une résolution ambitieuse visant à repositionner le système de développement des Nations Unies.

« À travers ce travail, le Président de l’Assemblée générale, Miroslav Lajčák, a fait preuve d’une grande habileté pour guider cet organe », a dit M. Guterres tout en rappelant que « l’Assemblée est notre forum indispensable ».