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Les crimes perpétrés contre les Rohingyas et les Yézidis ne doivent pas rester impunis, selon Michelle Bachelet

Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.
Photo ONU/Elma Okic
Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.

Les crimes perpétrés contre les Rohingyas et les Yézidis ne doivent pas rester impunis, selon Michelle Bachelet

Droits de l'homme

Le crime de génocide « demeure à la fois une menace et une réalité au XXIe siècle », a déclaré la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, lors d'une réunion du Conseil des droits de l'homme jeudi à Genève sur le 70e anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. 

À titre d’exemple, Michelle Bachelet a indiqué qu’il y a deux semaines, la Mission d’établissement des faits dépêchée par le Conseil des droits de l’homme au Myanmar a publié un rapport choquant sur la campagne d’assassinats, de viols et d’agressions par l’armée du Myanmar contre les rohingyas vivant dans l’État de Rakhine. Le nombre de morts est estimé à dix mille au moins, avec un nombre incalculable de personnes mutilées, violées et traumatisées, et alors même que près de 800.000 autres ont été forcées de fuir vers le Bangladesh voisin.

La nouvelle Cheffe des droits de l’homme de l’ONU a invité à méditer sur la gravité des actes récents perpétrés contre les Rohingyas et les Yézidis et de tout mettre en œuvre pour que leurs auteurs de tels crimes rendent des comptes. Michelle Bachelet a ainsi salué la décision prise la semaine dernière par la Cour pénale internationale (CPI) qui s’est déclarée compétente pour enquêter sur la déportation présumée des Rohingyas du Myanmar. Selon la Haut-Commissaire, cette décision de la CPI offre un réel espoir de reddition de comptes. 

De façon générale, comme un génocide n’arrivant jamais sans signes avant-coureurs, Mme Bachelet a ajouté que dans le cas des Rohinghyas, les « signes précurseurs abondaient » : des personnes opprimées de la naissance à la mort, une armée qui ne rend de comptes à personne, et des violations systématiques des droits humains sous l’égide de l’État, impunies pendant des décennies, y compris la privation arbitraire de nationalité. Selon Mme Bachelet, il faut aussi prendre des mesures face à des signes précurseurs, comme ces discours de haine parfois proférés dans les médias sociaux. 


En RCA, en Iraq, au Myanmar, au Soudan du Sud, en Syrie ou au Yémen, les peuples ont souffert des pires crimes sous nos yeux, Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du génocide

De son côté, le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a rappelé qu’à ce jour, 149 États ont ratifié ou adhéré à la Convention, mais 45 États membres des Nations Unies ne l’ont pas encore fait : vingt sur le continent africain, 18 en Asie et sept dans les Amériques. Or, selon M. Dieng, beaucoup d’événements auraient pu être qualifiés de génocide.

Par exemple, « en République centrafricaine, en Iraq, au Myanmar, au Soudan du Sud, en Syrie, au Yémen et dans d’autres lieux, les peuples ont souffert et souffrent des pires crimes, sous nos yeux », a-t-il dit.

Le génocide n’est pas un hasard, c’est notre passivité ou notre inefficacité à réagir à ses signes précurseurs qui le transforment en réalité, a fait observer le Conseiller spécial. « Une réalité où les peuples sont déshumanisés et persécutés pour ce qu’ils sont, la religion qu’ils pratiquent, la culture dans laquelle ils ont grandi ou simplement en raison de leurs caractéristiques physiques différentes », a poursuivi le Conseiller spécial qui a mis en garde contre la menace que le génocide représente pour la paix et la sécurité mondiales.

En conclusion, si Michelle Bachelet a exhorté tous les États à appuyer la CPI alors que cette année sera célébré le vingtième anniversaire de l’adoption du Statut de Rome, Kimberley Prost, Juge à la Cour internationale de justice a insisté sur le fait que la CPI ne remplace pas l’autorité suprême des États de traiter ces crimes mais la complète.