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RDC : l’ONU dénonce la répression et appelle à respecter la liberté d’expression et de réunion pacifique

Des forces de sécurité à Kinshasa lors de manifestations en République démocratique du Congo (RDC) en décembre 2016 (archives).
Photo: MONUSCO
Des forces de sécurité à Kinshasa lors de manifestations en République démocratique du Congo (RDC) en décembre 2016 (archives).

RDC : l’ONU dénonce la répression et appelle à respecter la liberté d’expression et de réunion pacifique

Droits de l'homme

Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a dénoncé vendredi la répression violente de manifestations en République démocratique du Congo (RDC).

« Nous sommes vivement préoccupés par la répression violente des manifestations pacifiques des organisations de la société civile et des partis politiques de l'opposition avant le début de la campagne électorale en République démocratique du Congo, malgré les engagements publics pris par les autorités congolaises de lever l'interdiction des manifestations en place depuis 2017 », a déclaré une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève.

Selon le Haut-Commissariat, si certaines améliorations ont été constatées dans le contrôle des foules et le maintien de l'ordre public et de la sécurité, la police congolaise a continué à faire un usage excessif de la force contre des militants politiques et des manifestants, tuant un militant politique dans le sud-est du pays, et procédant aux arrestations de dizaines d'autres.

Répression violente à Lumumbashi et à Goma

Le 1er septembre, à Lubumbashi, dans la province du Haut-Kananga, un homme a été tué avant une réunion politique de la plateforme de partis de l'opposition « Ensemble pour le changement ». Au moins neuf autres personnes ont été arrêtées. « Nous comprenons que l'une de ces personnes a été libérée, tandis que d'autres ont été accusées de rébellion, d'association criminelle, de vandalisme, d'insultes contre un agent public et de destruction par incendie  », a dit Mme Shamdasani.

Toujours à Lubumbashi, le lundi 3 septembre, la police a dispersé une manifestation du mouvement citoyen, « Lutte pour le changement » (Lucha), qui tentait de remettre un mémorandum aux bureaux provinciaux de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour protester contre l'utilisation de la machine à voter. Cette action faisait partie d'une manifestation à l'échelle nationale.

Au moins 65 manifestants ont été arrêtés à Lubumbashi, Kinshasa, Bukavu, Goma et Mbuji-Mayi. Dans d'autres villes comme Beni, Butembo et Kananga, des manifestations ont eu lieu sans incident.

Les incidents de septembre font suite à la répression violente des manifestations de début août à Lubumbashi et à Kasumbalesa. Les 2 et 6 août, les forces de sécurité ont dispersé des manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes et des balles réelles, ce qui a entraîné la mort d’une femme et de deux garçons âgés de 10 et 15 ans. Trois autres personnes ont été blessées par des balles réelles. Au moins 55 personnes ont été arrêtées à Kasumbalesa et au moins 34 ont été arrêtées à Lubumbashi. Sur ces 89 personnes, 68 sont toujours en détention préventive et ont été accusées de vol qualifié, de destruction, d'incitation au manquement envers les autorités et de rébellion.

Respecter les droits à la liberté dexpression et de réunion pacifique

A l’approche des élections nationales du 23 décembre prochain, le HCDH a exhorté les autorités congolaises à respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

« Toute allégation de recours excessif à la force par la police et les forces de sécurité doit faire l’objet d’une enquête en vue de déterminer les responsabilités », a affirmé la porte-parole du HCDH, signalant que la justice était restée inaccessible pour les personnes tuées et blessées dans le passé à la suite d'un usage excessif et disproportionné de la force par les forces de défense et de sécurité depuis 2016.

Enfin le HCDH a réitéré son soutien à toutes initiatives « contribuant à traduire en justice les auteurs de ces violations ».