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Réfugiés palestiniens : « Nous ne vous abandonnerons pas », assure l’UNRWA

Le Commissaire général de l'UNRWA, Pierre Krahenbühl lors d'une visite à l'école Abu Tue'ma à Khan Younis, dans la bande de Gaza, en septembre 2014 (archive). Après la décision américaine de ne plus financer l'UNRWA, le Commissaire général a répété aux ré
UNRWA/Shareef Sarhan
Le Commissaire général de l'UNRWA, Pierre Krahenbühl lors d'une visite à l'école Abu Tue'ma à Khan Younis, dans la bande de Gaza, en septembre 2014 (archive). Après la décision américaine de ne plus financer l'UNRWA, le Commissaire général a répété aux réfugiés palestiniens que l'agence onusienne ne les abandonnera pas.

Réfugiés palestiniens : « Nous ne vous abandonnerons pas », assure l’UNRWA

Aide humanitaire

Après la décision des Etats-Unis de cesser leur financement à l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine a réaffirmé sa détermination à poursuivre ses opérations d’assistance et de protection.

« Nous ne vous abandonnerons pas (…) Votre dignité n’a pas de prix », a déclaré le Commissaire général de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl dans une lettre ouverte adressée samedi aux réfugiés palestiniens répartis en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie.

« La décision sur le financement d’un État membre, bien qu’il soit notre bailleur de fonds historiquement le plus généreux et le plus constant, ne modifiera pas ou n’aura pas d’impact sur l’énergie et la passion avec lesquelles nous concevons notre rôle et notre responsabilité envers les réfugiés palestiniens. Elle ne fera que renforcer notre détermination », a souligné le Commissaire général.

Le 31 août, le gouvernement américain a annoncé qu’il cessera de financer les opérations de l’UNRWA. Dans un communiqué publié vendredi par le Département d’Etat américain, Washington avait indiqué « ne plus être disposé à assumer la part très disproportionnée du fardeau des coûts de l’UNRWA » et « ne plus vouloir engager de financement pour cette opération irrémédiablement défectueuse », jugeant son modèle de fonctionnement et ses pratiques financières comme étant « insoutenable et en mode de crise depuis de nombreuses années ».

Pierre Krähenbühl a fait part de son « profond regret » et de sa « déception » quant à la nature de la décision des Etats-Unis. Le chef de l’UNRWA a rejeté sans réserve les arguments avancés par Washington, soulignant que la décision américaine « affecte l'un des partenariats les plus solides et les plus fructueux dans les domaines de l’humanitaire et du développement » et que le travail de son agence avait été salué par l'Assemblée générale des Nations Unies et la Banque mondiale.

L’annonce de l'arrêt du financement des Etats-Unis à l’UNRWA intervient après une première réduction conséquente de l’aide américaine. En janvier, les États-Unis avaient annoncé que leur contribution annuelle à l'agence onusienne serait de 60 millions de dollars pour 2018 contre 360 millions en 2017.

« Nous avons salué ce financement important à l'époque, mais avons également souligné qu’il représentait une réduction de 300 millions de dollars en termes de ressources et que notre organisation était confrontée à une crise existentielle », a dit Pierre Krähenbühl. « A aucun moment au cours des huit derniers mois, nous n’avons été informés des raisons spécifiques de cette réduction drastique », a-t-il ajouté.

Pour le Commissaire général, la décision américaine semble « clairement liée » aux tensions entre les États-Unis et les dirigeants palestiniens qui ont suivi l’annonce faite par Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël « et non pas à la performance de l’UNRWA ».

M. Krähenbühl a déploré « une politisation évidente de l’aide humanitaire ». « L’annonce faite (vendredi) remet en question la notion de dépolitisation du financement humanitaire. Cela risque de saper les fondements des systèmes internationaux multilatéraux et humanitaires », a prévenu le chef de l’UNRWA.

Les Etats-Unis ont été le principal bailleur de fonds de l’UNRWA depuis sa création en 1949. Pour le Commissaire général, la décision américaine constitue « un changement d’orientation radical après sept décennies de soutien authentique, même si parfois critique, des États-Unis à notre agence et incompatible avec l’accord de coopération signé début décembre 2017 entre les États-Unis et l’UNRWA ». Un accord dans lequel Washington reconnaissait « la robustesse et l'intégrité de notre gestion de l'organisation et de ses ressources et la manière dont nous traitons nos multiples défis opérationnels, de sécurité et financiers », a précisé M. Krähenbühl.

La situation budgétaire de l’UNRWA est critique. Malgré les « dons généreux » faits par plusieurs pays du Golfe, (Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït), l’agence onusienne a besoin d’urgence de plus de 200 millions de dollars pour surmonter la crise financière à laquelle elle est confrontée cette année. « Nous appelons les bailleurs de fonds à soutenir la mobilisation collective pour réussir dans cette entreprise cruciale » a dit le Commissaire général.

Mercredi dernier, les efforts de l’UNRWA et de ses partenaires ont permis à l’agence onusienne d’assurer sans retard la rentrée scolaire de 526.000 enfants palestiniens dans les 711 écoles qu’elle soutient.

« L’UNRWA ne se contente pas de belles paroles en ce qui concerne le droit à l’éducation, à l’autonomisation des jeunes filles, au développement de la pensée critique et à l’enseignement de la tolérance et des droits de l’homme. Notre engagement à préserver les opportunités et les droits n’a rien d’artificiel », a dit M. Krähenbühl. « Nous agissons concrètement sur ces fronts difficiles, engagés à maintenir l’intégrité de notre mandat et à viser des normes élevées dans nos services d’éducation, de santé, de secours et de services sociaux et d’intervention d’urgence ».