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Santé en Afrique : les acquis menacés par la mauvaise qualité des prestations (OMS)

En République démocratique du Congo, des enfants en certains endroits doivent se laver les mains avant d'entrer à l'école.
Photo UNICEF/Jonathan Shadid
En République démocratique du Congo, des enfants en certains endroits doivent se laver les mains avant d'entrer à l'école.

Santé en Afrique : les acquis menacés par la mauvaise qualité des prestations (OMS)

Santé

Les Africains vivent plus longtemps et en meilleure santé mais les pays du continent doivent améliorer la qualité des prestations de services de santé essentiels, souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En marge de de la 68e session de son Comité régional pour l’Afrique qui se tient à Dakar, au Sénégal, l’agence onusienne a publié son dernier rapport sur l’Etat de la santé dans la Région africaine de l’OMS. Un document qui montre que l’état de santé des populations de 47 pays africains s’est considérablement amélioré.

L’espérance de vie en bonne santé - temps passé en pleine santé – est passé de 50,9 à 53,8 ans entre 2012 et 2015, la progression la plus notable enregistrée dans toutes les régions du monde. Et cette tendance se poursuit, les nouvelles données sur l’espérance de vie en bonne santé montrant une amélioration continue. 

« Près de trois ans de santé de plus, c’est un cadeau qui fait notre fierté à tous », s’est félicitée le Dr Matshidiso Moeti, la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, espérant que le continent pourra préserver ces acquis et se hisser « au niveau des normes mondiales ».

En Afrique, les infections des voies respiratoires inférieures, le VIH et les maladies diarrhéiques demeurent les principales causes de mortalité. Les pays du continent ont systématiquement mis l’accent sur la prévention et le traitement de ce trio, souvent grâce à des programmes spécialisés, souligne l’OMS qui note une baisse importante des décès imputables à ces pathologies.

La charge de morbidité provoquée par les dix maladies les plus mortelles a diminué de 50% depuis 2000 ; et la mortalité liée à ces pathologies a reculé, passant de 87,7 à 51,1 décès pour 100.000 personnes entre 2000 et 2015.

S’attaquer au large éventail d’affections

L’OMS souligne la nécessité d’améliorer le traitement de toutes les pathologies - et pas seulement les maladies prioritaires - qui ont une incidence sur la santé des populations. Les affections chroniques telles que les maladies cardiaques et le cancer font maintenant plus de victimes, une personne sur cinq âgée de 30 à 70 ans étant plus susceptible de mourir d’une maladie non transmissible.

« Par le passé, nous nous sommes concentrés sur certaines maladies dans la mesure où celles-ci étaient à l’origine d’un nombre anormalement élevé de décès. Nous avons réussi à mettre un terme à ces menaces, mais la santé des populations est maintenant remise en cause par un large éventail d’affections », a déclaré le Dr Moeti.

L’agence onusienne relève que les pays africains ne parviennent pas à fournir des services essentiels à deux groupes d’âge importants, à savoir les adolescents et les personnes âgées. Avec le vieillissement de la population en Afrique, les personnes âgées ont besoin de soins de santé qui leur soient destinés. Cependant, près d’un tiers des personnes interrogées dans le cadre de l’élaboration du rapport de l’OMS ont souligné le fait que les services destinés aux personnes âgées étaient inexistants dans leurs pays ». Pour le Dr Moeti, l’Afrique doit mettre au point « une approche nouvelle et plus globale de la santé ».

Mauvais fonctionnement des systèmes de santé

Le rapport de l’OMS constate que l’état de santé est davantage lié à la performance des systèmes de santé - mieux ils fonctionnent, plus l’état de santé est durable. Cependant, les systèmes de santé ou les personnes, les institutions et les ressources nécessaires pour fournir des services liés à la santé ne sont utilisés qu’à 49% de la capacité potentielle de la Région africaine. La performance de la Région - une mesure intégrée de la capacité des pays à améliorer l’accès aux services, la qualité des soins, la demande communautaire de services et la résilience aux flambées - est faible dans toutes ces dimensions, mais surtout dans les domaines de la garantie de l’accès aux services et de la résilience aux flambées. Les systèmes de santé ne fournissent toujours pas aux populations la gamme des services dont elles ont besoin, et ils ne sont pas en mesure de résister aux chocs, lorsqu’ils font face à des flambées.

Des investissements plus importants dans le personnel de santé et la proximité des établissements de santé avec les patients sont essentiels pour obtenir un bon niveau d’accès, souligne l’OMS. Malheureusement, l’on enregistre en moyenne seulement 2 médecins et 15,5 lits d’hôpital pour 10.000 personnes.

À l’heure actuelle, en moyenne 39 % des budgets consacrés à la santé sont utilisés pour l’achat de produits médicaux, alors que les dépenses consacrées au personnel de santé (14 %) et aux infrastructures (7%) sont faibles. Une analyse des habitudes de dépenses suggère que les pays ayant des systèmes de santé performants consacrent jusqu’à 40% de leurs investissements au personnel et 33% aux infrastructures.