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A l'ONU, l’actrice Cate Blanchett appelle le Conseil de sécurité à ne pas laisser tomber les réfugiés rohingyas

Cate Blanchett, ambassadrice de bonne volonté du HCR, s'exprime devant le Conseil de sécurité sur la situation au Myanmar.
Photo : ONU/Manuel Elias
Cate Blanchett, ambassadrice de bonne volonté du HCR, s'exprime devant le Conseil de sécurité sur la situation au Myanmar.

A l'ONU, l’actrice Cate Blanchett appelle le Conseil de sécurité à ne pas laisser tomber les réfugiés rohingyas

Droits de l'homme

L’actrice australienne aux multiples récompenses et ambassadrice de bonne volonté de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Cate Blanchett, a appelé le Conseil de sécurité à agir d’urgence pour aider les réfugiés rohingyas lors d’une réunion de cet organe des Nations Unies mardi à New York.

Ce n’est pas comme « experte », mais comme « témoin » que l’actrice a pris la parole devant le Conseil de sécurité, expliquant qu’elle est « quelqu’un qui a vu et qui ne peut plus détourner son regard » de la situation des réfugiés rohingyas.

En mars dernier, Cate Blanchett s’est rendue au Bangladesh où plus de 720.000 Rohingyas apatrides ont trouvé refuge depuis août 2017 après avoir fui la violence dans l’État de Rakhine, au Myanmar. « Rien n’aurait pu me préparer à l’ampleur et à la profondeur des souffrances que j’ai vues », a-t-elle dit.

« Comme vous, j’avais entendu des histoires épouvantables de torture, de femmes brutalement violées, de personnes qui ont perdu des êtres chers devant leurs yeux, d’enfants qui ont vu leurs grands-parents enfermés dans des maisons en flammes », a poursuivi l’Ambassadrice de bonne volonté du HCR.

« Je suis une mère, et j’ai vu mes enfants dans les yeux de chaque enfant que j’y ai rencontré. Comment une mère peut-elle supporter de voir son enfant jeté dans les flammes ? », s’est indignée Mme Blanchett, reconnaissant que leurs expériences ne la quitteront jamais plus.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à droite), avec l'actrice et ambassadrice de bonne volonté du HCR, Cate Blanchett, au siège de l'ONU.
Photo : ONU/Evan Schneider
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à droite), avec l'actrice et ambassadrice de bonne volonté du HCR, Cate Blanchett, au siège de l'ONU.

« L’une des pires crises humanitaires et des droits de l’homme au monde »

De son côté, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé mardi le Conseil de sécurité à rester unis pour mettre un terme au drame que vivent les Rohingyas depuis un an.

En juin dernier, les autorités du Myanmar ont finalisé un mémorandum d’accord avec le HCR et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin d’établir un cadre de coopération pour créer les conditions d’un retour volontaire, sûr, digne et durable des réfugiés vers l’Etat de Rakhine.

Un tel retour nécessite un investissement massif, non seulement dans la reconstruction et le développement de toutes les communautés de l’une des régions les plus pauvres du Myanmar, mais aussi dans la réconciliation et le respect des droits de l’homme, a souligné M. Guterres. « Je ne vois pas encore l’engagement nécessaire pour que cet investissement ait lieu », a déploré le Secrétaire général, constatant que les conditions ne sont pas encore réunies pour le retour des réfugiés rohingyas.

Pour que les Rohingyas puissent rentrer chez eux il faut assurer leur sécurité et changer leur condition, a renchéri Cate Blanchett. « Il n’existe pas de solution à moitié », a-t-elle estimé en exigeant qu’on leur accorde les moyens de leur appartenance au Myanmar à commencer par la nationalité. « Il ne s’agit pas là d’un privilège mais bien d’un droit, un droit dont nous tous ici jouissons », a lancé l’actrice aux personnes présentes dans la salle du Conseil, « un droit dont sont privés les Rohingyas ». L’Ambassadrice du HCR a imploré le Conseil à ne pas perdre de vue cet impératif, et de redoubler d’effort pour répondre aux besoins pressants des réfugiés qui se trouvent aujourd’hui au Bangladesh. 

A Cox's Bazar, au Bangladesh, l'ambassadrice de bonne volonté du HCR, Cate Blanchett, rencontre une réfugiée rohingya qui a fui le Myanmar (archives).
Photo HCR/Hector Perez
A Cox's Bazar, au Bangladesh, l'ambassadrice de bonne volonté du HCR, Cate Blanchett, rencontre une réfugiée rohingya qui a fui le Myanmar (archives).

Le Conseil de sécurité invité à appuyer les efforts du Secrétaire général

Le Secrétaire général a demandé aux membres du Conseil de sécurité de se joindre à lui pour exhorter les autorités du Myanmar à coopérer avec l’ONU et à assurer un accès immédiat, sans entrave et efficace à leurs agences et partenaires. « Nous devons également continuer à faire pression pour la libération des journalistes arrêtés pour avoir dénoncé cette tragédie humaine », a-t-il plaidé. M. Guterres a souligné que l’accès au terrain est essentiel pour répondre aux besoins énormes et pour apaiser les craintes des réfugiés qui souhaiteraient rentrer chez eux.

Le chef de l’ONU a indiqué que les Rohingyas qui sont restés dans l’Etat de Rakhine continuent de faire face à la marginalisation et à la discrimination. Nombre d’entre eux ont été privés de l’aide humanitaire vitale. Environ 130.000 Rohingyas restent enfermés dans des camps avec de sévères restrictions à leur liberté de mouvement. Ils ont un accès extrêmement limité à la santé, à l’éducation et à d’autres services essentiels, ainsi qu’à des moyens de subsistance.

Le drame des Rohingyas ne date pas de l’an dernier mais d’il y a 40 ans, a rappelé Cate Blanchett aux membres du Conseil. « En 1978, 200.000 réfugiés rohingyas ont afflué au Bangladesh », fuyant le Myanmar pour les mêmes raisons que les 720.000 autres personnes qui sont partis depuis un an, a dit l’Ambassadrice du HCR.

« Nous avons laissez tomber les Rohingyas avant. S'il vous plaît, ne les abandonnons pas une nouvelle fois », a demandé l’actrice au Conseil de sécurité, lui rappelant que ce dernier est le « principal organe onusien responsable de la paix et de la sécurité internationales ».