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En Iraq, le mécontentement de la population souligne les énormes besoins de développement (ONU)

Des civils sur un marché de la partie est de Mossoul, dans le nord de l'Iraq.
OCHA / Kate Pond
Des civils sur un marché de la partie est de Mossoul, dans le nord de l'Iraq.

En Iraq, le mécontentement de la population souligne les énormes besoins de développement (ONU)

Développement économique

Sur fond de contestation électorale et de sécurité précaire, la population iraquienne affiche son mécontentement face à l’absence d’opportunités, a souligné mercredi le chef de la mission de l'ONU en Iraq.

A la suite des élections parlementaires iraquiennes de mai 2018, des plaintes et des allégations de fraude électorale et de gabegie avaient justifié la décision de procéder à un recomptage partiel des voix, a déclaré devant le Conseil de sécurité le Représentant spécial de l’ONU en Iraq, Jan Kubis.

Des contestations électorales compliquées par les manifestations qui ont débuté le 8 juillet dans le gouvernorat de Basra, et qui se sont étendues à d’autres gouvernorats majoritairement chiites du sud et à Bagdad, a relaté M. Kubis.

Le Représentant spécial a fait état de la frustration ressentie par la population devant l’insuffisance des services de bases, les coupures d’électricité, le taux de chômage et la corruption rampante. « Notons que nombre de leurs demandes font directement écho à celles des manifestations qui ont secoué des gouvernorats majoritairement sunnites il y a quelques années », a-t-il souligné.

M. Kubis, qui dirige la Mission d’appui des Nation Unies en Iraq (MANUI), s’est félicité de voir que le Premier Ministre du pays, Haïder Al-Abadi, se soit efforcé de répondre aux attentes populaires légitimes, en aidant les personnes qui vivent dans des conditions difficiles, même si ces mesures restent insuffisantes.

Ján Kubiš, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Iraq (mai 2018)
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Ján Kubiš, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Iraq (mai 2018)

Le haut responsable onusien a exhorté les dirigeants politiques iraquiens à accélérer la formation d’un gouvernement patriotique, inclusif et non-sectaire avec à sa tête un Premier Ministre assez courageux pour donner la priorité aux réformes politiques, économiques et sociales, ainsi qu’à la création d’emplois, à la réconciliation, à la justice, à l’égalité, à l’établissement des responsabilités, et à la bonne gouvernance, y compris la lutte contre la corruption.

Compte tenu de la loi électorale amendée le 6 juin, le Collège des juges chargé de surveiller le processus électoral a adopté les modalités pour le décompte des bulletins, qui a été finalisé le 6 août, sous la supervision d’une équipe d’observateurs électoraux de la MANUI.

Ces dernières semaines, le Représentant spécial s’est entretenu avec de nombreux dirigeants politiques, des femmes, des représentants de minorités et de la société civile en vue de promouvoir une participation significative des femmes dans tous les aspects de la vie politique, sociale et économique, y compris au plus haut niveau de l’appareil politique et dans les organes décisionnaires, notamment le futur gouvernement et le Conseil des représentants.

 Des experts en déminage mènent des opérations dans la vieille ville fortement détruite de Mossoul, dans le nord de l'Iraq.
UNMAS/Cengiz Yar
Des experts en déminage mènent des opérations dans la vieille ville fortement détruite de Mossoul, dans le nord de l'Iraq.

Deux millions d’Iraquiens toujours déracinés

Un an après la libération de Mossoul du joug de l’Etat islamique, les équipes du Service de la lutte antimines de l’ONU (UNMAS) ont retiré 43.700 explosifs dangereux de la ville du nord de l’Iraq), dont un millier d’engins explosifs improvisés dans cinq gouvernorats.

Depuis janvier 2018, plus de 684.000 personnes déplacées ont pu rentrer chez eux, mais un peu moins de deux millions d’Iraquiens sont toujours déracinés.

La situation sécuritaire demeure toutefois précaire en Iraq, et pose de sérieux risques pour les civils. Enlèvements, disparitions, détentions, risques accrus de violences sexistes et sexuelles et de violations des droits de l’enfant se poursuivent. Pour nombre de personnes, une combinaison de ces facteurs est à l’origine de déplacements répétés, a expliqué M. Kubis.

61 projets de développement de l’ONU prêts à être financés

Le Représentant spécial a souligné que les dernières manifestations avaient remis au premier plan les besoins socioéconomiques et de développement considérables de l’Iraq, et que l’Équipe de coordination des Nations Unies œuvre à une stratégie et à des programmes visant à renforcer l’assistance. Une assistance d’autant plus nécessaire que la raréfaction de l’eau dans les cinq gouvernorats ne fera que s’aggraver dans les mois à venir, faisant encourir des risques sanitaires à près de 25% d’une population de deux millions de personnes, a mis en garde M. Kubis.

Le 19 juillet, une réunion du Forum de coopération pour le développement s’est tenue à Bagdad, à laquelle une vingtaine de partenaires internationaux ont été informés de 61 projets de l’Equipe de pays de l’ONU, prêts à être financés au travers du Programme de relèvement et de résilience de l’Iraq, doté d’un montant d’un milliard de dollars. Le chef de la MANUI a exhorté les Etats membres à soutenir Bagdad en honorant les engagements qui ont été pris au Koweït en février dernier.