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Réfugiés rohingyas : la lutte contre la traite des êtres humains requiert une coopération poussée (OIM)

Deux femmes quittent un espace réservé aux femmes dans un camp de réfugiés rohingyas à Cox's Bazar, au Bangladesh. Ces espaces offrent aux femmes et aux filles un refuge où elles peuvent trouver soutien et protection.
UNFPA Bangladesh/Allison Joyce
Deux femmes quittent un espace réservé aux femmes dans un camp de réfugiés rohingyas à Cox's Bazar, au Bangladesh. Ces espaces offrent aux femmes et aux filles un refuge où elles peuvent trouver soutien et protection.

Réfugiés rohingyas : la lutte contre la traite des êtres humains requiert une coopération poussée (OIM)

Migrants et réfugiés

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a appelé mardi à une coopération approfondie pour lutter contre la traite des êtres humains qui menace des milliers de réfugiés rohingyas et leurs communautés d’accueil au Bangladesh.

La traite des êtres humains ne peut être éradiquée que si les autorités locales et internationales travaillent ensemble, explique l’OIM qui appelle à une approche ‘multi-acteurs’ pour empêcher que davantage de réfugiés et de membres de la communauté d'accueil de Cox's Bazar ne soient victimes d'exploitation. Un appel qui fait suite à la Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains (30 juillet) au cours de laquelle le gouvernement, l'armée, les forces de l'ordre du Bangladesh et d'autres organismes concernés ont rejoint l'OIM à Cox's Bazar pour dire non à ce fléau et trouver ensemble des moyens d’y mettre fin.

Au cours des 10 derniers mois, 78 victimes de la traite ont été identifiées et soutenues par l'OIM à Cox's Bazar, une région du sud-est du Bangladesh où ont afflués la grande majorité des réfugiés rohingyas qui ont fui le Myanmar frontalier.

Ce chiffre qui ne représente qu'une fraction du nombre réel d'hommes, de femmes et d'enfants victimes de la traite au cours de cette période, estime l’agence onusienne, soulignant la nature complexe et clandestine du crime.

Au cours des 10 derniers mois, 78 victimes de la traite ont été identifiées et soutenues par l'OIM à Cox's Bazar

« La perspective terrifiante que des milliers de personnes touchées par la crise des Rohingyas finiront entre les mains des trafiquants est un risque qui ne doit pas être sous-estimé », souligne Manuel Marques Pereira, le coordinateur des urgences de l'OIM à Cox's Bazar.

« Nous devons montrer notre engagement à travailler ensemble pour mettre fin à ce fléau. Mais nous avons aussi besoin du soutien de la communauté mondiale pour nous assurer que nous disposons du financement nécessaire pour aider à empêcher que des personnes ne soient victimes de ce terrible crime », précise M. Pereira.

Une jeune fille rohingya debout sous une pluie battante dans le camp de réfugiés de Shamlapur, à Cox's Bazar, au Bangladesh
HCR/Patrick Brown
Une jeune fille rohingya debout sous une pluie battante dans le camp de réfugiés de Shamlapur, à Cox's Bazar, au Bangladesh

Les trafiquants d’êtres humains profitent de la vulnérabilité des réfugiés

À Cox's Bazar, l'OIM est la principale agence coordonnatrice de la lutte contre la traite des êtres humains. Elle a lancé son programme en septembre 2017, quelques semaines après que des centaines de milliers de réfugiés rohingyas aient fui les violences au Myanmar.

L'afflux de réfugiés en provenance du Myanmar vers le Bangladesh depuis août 2017 a porté le nombre total de Rohingyas dans la région de Cox's Bazar à près d'un million de personnes. Une situation d’urgence qui a exigé une mobilisation humanitaire massive pour répondre aux besoins des réfugiés mais aussi des communautés locales qui luttaient pour faire face à l'arrivée de tant de personnes désespérées dans une région où les habitants vivent déjà dans une grande pauvreté.

Les trafiquants ont profité de cette arrivée massive de réfugiés, dont la plupart étaient démunis de tout bien, pour exploiter certaines des personnes les plus vulnérables du monde.

Beaucoup d'abus se produisent sous le couvert de l'obscurité, lorsque la présence des agences et des autorités dans les communautés et les camps est limitée

« Beaucoup d'abus se produisent sous le couvert de l'obscurité, lorsque la présence des agences et des autorités dans les communautés et les camps est limitée », explique Dina Parmer, la cheffe de la protection de l'OIM à Cox's Bazar, ce qui signifie que les communautés ont souvent du mal à se protéger.

« Bien qu'il soit impossible de fournir des chiffres exacts en raison de la nature secrète de ce crime, grâce à notre travail avec les communautés et les autorités, nous disposons de nombreuses preuves anecdotiques que des milliers de personnes sont menacées par toutes sortes de trafics », indique Mme Parmer.

Sans accès à des moyens de subsistance appropriés, les gens sont souvent victimes d'exploitation tout en cherchant du travail pour survivre, explique l’OIM. Et les femmes et les filles sont particulièrement exposées au trafic sexuel et à la violence sexiste qui y est associée.

 Des jeunes filles dans un espace réservé aux femmes dans un camp de réfugiés rohingyas à Cox's Bazar, au Bangladesh.
UNFPA Bangladesh/Allison Joyce
Des jeunes filles dans un espace réservé aux femmes dans un camp de réfugiés rohingyas à Cox's Bazar, au Bangladesh.

Protection, prévention et poursuites

À Cox's Bazar, l’OIM s’attaque à la traite des êtres humains avec une triple approche de protection, de prévention et de poursuites. Une approche qui, selon la cheffe de la protection de l'agence, devrait augmenter considérablement au cours des prochains mois et à plus long terme.

Sur place, l’OIM identifie les victimes de la traite et fournit une aide directe, y compris juridique, aux survivants et les oriente en toute sécurité.

L’agence organise actuellement plus de 500 séances et campagnes de sensibilisation au fléau de la traite au sein des communautés. La plupart des Rohingyas ne sachant ni lire ni écrire, l’OIM a produit trois récits dessinés pour illustrer les dangers de la traite et les différentes méthodes utilisées par les trafiquants. Ces histoires reposent sur des cas concrets de traite qui ont eu lieu à Cox's Bazar. D'autres activités de sensibilisation doivent suivre.

Par ailleurs, plus de 250 membres de la communauté humanitaire présents sur place ont reçu une formation de renforcement des capacités sur les dangers de la traite et l’agence onusienne travaille avec les forces de l’ordre pour les aider à identifier et à orienter les victimes en toute sécurité.

« La traite des êtres humains est une forme intolérable d'abus à laquelle l’ensemble société doit y mettre fin », souligne Mme Parmer. « L'OIM, ici, à Cox's Bazar est déterminée à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les personnes des trafiquants ».