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Soudan du Sud : l’ONU dénonce de possibles crimes de guerre dans l’État d’Unité

Des femmes attendent avec leurs enfants d'être examinées et de recevoir de la nourriture dans une clinique mobile gérée par l'UNICEF à Rubkuai, dans l'Etat d'Unité, au Soudan du Sud, en février 2017.
Photo UNICEF/Modola
Des femmes attendent avec leurs enfants d'être examinées et de recevoir de la nourriture dans une clinique mobile gérée par l'UNICEF à Rubkuai, dans l'Etat d'Unité, au Soudan du Sud, en février 2017.

Soudan du Sud : l’ONU dénonce de possibles crimes de guerre dans l’État d’Unité

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) dénonce, dans un rapport publié mardi à Genève, les attaques violentes contre des civils, en particulier contre des femmes et des enfants, dans certaines parties de l’État d’Unité, au Soudan du Sud.

Ce rapport « répertorie des actes (qui) constituent de graves violations des droits de l’homme et des abus au regard du droit humanitaire international - pouvant s’apparenter à des crimes de guerre », explique le HCDH dans un communiqué de presse. Le document a principalement mis en cause les forces gouvernementales et leurs alliés ainsi que des groupes de jeunes armés dans des villages de zones contrôlées par l’opposition, à Mayendit et Leer.

Les forces gouvernementales sud-soudanaises et leurs alliés sont ainsi accusés d’avoir tué au moins 232 civils dans ces attaques. Le document précise que les attaques, qui ont visé 40 villages tenus par la rébellion, ont eu lieu entre le 16 avril et le 24 mai dans l’Etat d’Unité.

Des personnes âgées et handicapées ont été brûlées vives, des villageois égorgés, des femmes pendues et des civils exécutés alors qu’ils fuyaient.

Près de 120 femmes et jeunes filles victimes de viols ou de viols collectifs

« Les civils ont été pris pour cibles, les personnes âgées, les handicapés et les enfants très jeunes tués dans de terribles actes de violence - certains victimes de pendaisons ou brûlés vifs dans leurs maisons », affirme le rapport.

Trois officiers ont été identifiés comme les principaux responsables de ces graves violations des droits de l’homme, précise le Haut-Commissaire Zeid Ra’ad al-Hussein dans un communiqué.

Au cours des attaques gouvernementales d’avril-mai, relève l’ONU, les violences sexuelles ont été utilisées « comme arme de guerre », poursuit-il. « Au moins 120 femmes et jeunes filles ont été victimes de viols ou de viols collectifs, parmi lesquelles une petite fille de quatre ans ».

« Suite à son viol, une femme de 20 ans a subi des saignements prolongés lors de son accouchement », indique le rapport qui rappelle que celles qui ont résisté ont été abattues. Au moins 132 autres femmes et filles ont été également enlevées.

Les violences ont eu lieu dans l’État d’Unité à la suite d’affrontements entre l’Armée de libération du peuple soudanais (SPLA) et les forces associées, et l’Armée de Libération du Peuple Soudanais dans l’opposition (SPLA-IO) de Riek Machar. Ce qui a abouti à une opération militaire importante entre le gouvernement et les forces associées entre avril et mai dans plusieurs régions du sud de l’Unité. Ces violences s’inscrivent dans un contexte plus large dans lequel « les forces de l’opposition ont également mené des attaques armées faisant des victimes civiles ».

 

Soudan du Sud : l’ONU dénonce de possibles crimes de guerre dans l’État d’Unité

Le Haut-Commissaire Zeid réclame l’établissement du Tribunal hybride

Par ailleurs, plus de 5.000 personnes ont cherché refuge dans les sites protégés de l’ONU à Leer et Bentiu à la suite de cette nouvelle flambée de violence. Les services du Haut-Commissaire Zeid estiment que 8.000 autres se cachent dans des buissons et marécages, tandis que 18.000 civils se sont réfugiés dans la ville de Mayendit. Les acteurs humanitaires ont également été ciblés. Trois travailleurs humanitaires locaux ont été tués et les installations détruites, laissant ces personnes vulnérables sans nourriture, eau, médicaments et abris.

Dans ces conditions, le Haut-Commissaire Zeid estime que « les coupables ne doivent pas rester impunis ». « Le gouvernement du Soudan du Sud et la communauté internationale sont dans l’obligation d’assurer la justice » dans le pays afin que les responsables de ces violences rendent des comptes, ajoute-t-il. Il exhorte le gouvernement national de transition et l’Union africaine à prendre des mesures pour l’établissement et l’opérationnalisation rapide du Tribunal hybride pour le Soudan du Sud.