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Soudan du Sud : la Vice-Secrétaire générale de l'ONU entend être la porte-voix des femmes victimes du conflit

La Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina J. Mohammed, embrasse une jeune fille lors de sa visite au Soudan du Sud.
Photo : ONU / Isaac Billy
La Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina J. Mohammed, embrasse une jeune fille lors de sa visite au Soudan du Sud.

Soudan du Sud : la Vice-Secrétaire générale de l'ONU entend être la porte-voix des femmes victimes du conflit

Femmes

La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina J. Mohammed, est arrivée mardi à Juba, au Soudan du Sud, dans le cadre d’une tournée dans plusieurs pays africains cette semaine.

Accompagnée de Bineta Diop, l’Envoyée de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, Mme Mohammed est venue souligner l’importance de la participation et de l’inclusion des femmes dans les efforts visant à construire la paix, la sécurité et le développement au Soudan du Sud.

Dès son arrivée au Soudan du Sud, Mme Mohammed et Mme Diop se sont rendues sur le site de protection de civils de Wau, à 650 kilomètres au nord-ouest de Juba, où elles ont rencontré des femmes sud-soudanaises pour « écouter leurs souffrances, colères, frustrations et espoirs ».

« Nous sommes ici pour essayer de faire entendre vos voix là où elles doivent pouvoir faire une différence », a dit la Vice-Secrétaire-générale aux femmes sud-soudanaises.

Mme Mohammed qui arrive de Nouakchott, en Mauritanie, où se tenait une réunion de l’Union africaine, a partagé avec les femmes sud-soudanaises le message des dirigeants africains sur la situation dans leur pays : « les dirigeants au Soudan du Sud doivent changer, être responsables et rendre des comptes pour la paix au Soudan du Sud »

Chaque femme ici est une mère, fille ou une épouse. Chaque homme qui perpétue la violence contre nous est un fils, un frère, ou un mari. Il est donc important de semer les graines du respect envers les femmes dans le cœur de vos fils

L’ONU s’efforce avec sa mission de maintien de la paix au Soudan du Sud (MINUSS) et le bureau de la Représentante spéciale sur les violences sexuelles dans les conflits de mettre en lumière les voix des femmes sud-soudanaises victimes de violences auprès de la communauté internationale pour faire pression sur les dirigeants afin qu’ils agissent.

« Malheureusement, jusqu’à présent nous avons échoué. C’est la vérité. Donc il n’y a pas de paix au Soudan du Sud », a reconnu Mme Mohammed. « Mais en tant que mère, en raison des enfants, (…) nous n’abandonnerons pas la quête de la paix au Soudan du Sud », a-t-elle ajouté.

La Vice-Secrétaire-générale a exhorté les femmes sud-soudanaises a ne pas se décourager et à ne pas perdre espoir afin qu’elles puissent surmonter les « tragédies d’aujourd’hui » pour réaliser leurs « rêves de demain ».

« Chaque femme ici est une mère, fille ou une épouse. Chaque homme qui perpétue la violence contre nous est un fils, un frère, ou un mari. Il est donc important de semer les graines du respect envers les femmes dans le cœur de vos fils. C’est mon message pour l’avenir », a dit Mme Mohammed.

 

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed, est venue apporter aux femmes sud-soudanaises un message d'espoir et de paix.
Photo : ONU / Isaac Billy
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed, est venue apporter aux femmes sud-soudanaises un message d'espoir et de paix.

La visite de Mme Mohammed intervient à un moment critique pour le « plus jeune Etat du monde » qui s’apprête à célébrer dans quelques jours son septième anniversaire mais est déchiré par un conflit depuis décembre 2013.

Mercredi dernier, le Président sud-soudanais Salva Kiir et son rival Riek Machar ont signé à Khartoum un accord qui prévoit un cessez-le-feu. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’était dit encouragé par cet accord, alors que la situation sécuritaire dans certaines régions du Soudan du Sud continue de se détériorer, marquée par des violations de l'accord de cessation des hostilités de décembre 2017, dont des meurtres de civils et d’autres atrocités.

A Wau, Mme Mohammed a souligné que tout reste à concrétiser. « Le plus dur n’est pas de signer un accord de paix, mais de maintenir la paix », a-t-elle dit.

Devant le Conseil de sécurité jeudi dernier, Bintou Keïta, la Sous-Secrétaire générale de l’ONU aux opérations de maintien de la paix, avait averti que la poursuite des combats au Soudan du Sud aggravait l’urgence humanitaire et l’insécurité alimentaire pour la population sud-soudanaise.

Malgré la persistance du conflit au Soudan du Sud, Mme Mohammed a souligné l’existence d’endroits où existe « un peu de paix ».

« Nous voulons trouver des moyens pour y ramener des agriculteurs et des moyens d’existence », a dit la Vice- Secrétaire générale, reconnaissant que cela prendra du temps avant que les civils reprennent une vie normale. « Nous ferons usage de nos voix pour faire les choses plus rapidement, de façon plus urgente pour changer cette situation ».

Alice Mamur, 38 ans, de Wulu, dans le centre du Soudan du Sud, a appris l'apiculture et aide ainsi à subvenir aux besoins de sa famille. (archives)
Photo MINUSS/Eric Kanalstein
Alice Mamur, 38 ans, de Wulu, dans le centre du Soudan du Sud, a appris l'apiculture et aide ainsi à subvenir aux besoins de sa famille. (archives)

Au programme de sa mission au Soudan du Sud, Amina Mohammed doit s’entretenir avec les autorités à Juba. La Vice-Secrétaire générale doit également se rendre dans un hôpital soignant les victimes des violences liées au genre et visiter des programmes de résilience communautaire. Une rencontre est également prévue avec des femmes leaders, des responsables religieux et des représentants de la société civile sud-soudanaise.