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Syrie : 45.000 civils ont fui les combats à Deraa dans le sud-ouest du pays, selon l’ONU

A Al-Taqba, en Syrie, des enfants déracinés par le conflit passent devant une voiture détruite.
Photo ©UNICEF/Souleiman
A Al-Taqba, en Syrie, des enfants déracinés par le conflit passent devant une voiture détruite.

Syrie : 45.000 civils ont fui les combats à Deraa dans le sud-ouest du pays, selon l’ONU

Aide humanitaire

Au moins 45.000 civils ont fui les combats dans la province méridionale de Daraa, au Sud de la Syrie, a annoncé mardi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (BCAH). 

« Des sources humanitaires font état d’une escalade des hostilités dans le sud de la Syrie, mettant en danger quelque 750.000 personnes. Selon les estimations, 45.000 personnes auraient été déplacées à cause des combats, la plupart provenant de l’est de la province de Daraa, dans des zones proches de la frontière avec la Jordanie », a déclaré le porte-parole du BCAH, lors d’un point de presse ce mardi à Genève. Jens Laerke a indiqué que des informations font état de blessés et de décès dont des enfants dus aux hostilités depuis le 23 juin.

Reste que cette escalade de la violence a déjà un impact sur le quotidien socio-économique des civils. En effet, le coût des biens, comme le carburant, a augmenté en raison de la perturbation du mouvement commercial causée par les combats. « Les personnes déplacées ont particulièrement besoin d’aide humanitaire et de logement », a ajouté le porte-parole du BCAH à Genève.

Pourtant malgré les hostilités sur le terrain, l’ONU et ses partenaires continuent de fournir des vivres, des soins, de l’éducation et des articles de première nécessité à des centaines de milliers de personnes dans le sud de la Syrie.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi fourni une aide alimentaire d’urgence à la frontière syro-jordanienne pour venir en aide à des milliers de civils déplacés depuis le lancement d’une offensive du gouvernement syrien visant à reprendre les zones contrôlées par l’opposition dans le sud du pays. Cette aide du PAM passe par le poste frontalier syro-jordanien d’Ar-Ramtha.

Des vivres fournis aux déplacés et des kits médicaux prêts à être livrés sud-ouest de la Syrie

Jusqu’à présent, l’agence onusienne a livré des vivres à plus de 30.000 personnes hébergées dans des villages et des camps de fortune. Ces rations contiennent suffisamment de nourriture pour une semaine et sont composés de boîtes de conserve telles que le thon, le poulet et les haricots. Pour aider à prévenir la malnutrition chez les enfants de moins de deux ans, le PAM a également fourni des produits nutritionnels spécialisés. « Nous sommes prêts à intensifier notre action pour atteindre les familles les plus vulnérables par des livraisons transfrontalières ou à l’intérieur de la Syrie si les voies d’approvisionnement sont ouvertes », a déclaré Corinne Fleischer, Représentante du PAM en Syrie.

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique avoir activé son plan d’intervention d’urgence dans le sud-ouest de la Syrie. L’agence onusienne entend envoyer un convoi de 27,5 tonnes de fournitures médicales suffisantes pour plus de 135.000 traitements. « Près de 2.100 traitements de traumatologie sont prêts à être livrés au gouvernorat de Deraa dès que nous aurons reçu le feu vert des autorités syriennes », a fait remarquer le porte-parole de l’OMS lors d’un point de presse ce mardi à Genève. Selon Tarik Jasarevic, environ 5 équipes mobiles médicales seront déployées dans les prochains jours dans cette zone.

En attendant, les organismes humanitaires de l’ONU ont appelé à l’arrêt immédiat de l’escalade militaire actuelle et a exhorté toutes les parties prenantes à respecter leurs obligations en vertu du droit international des droits humains et du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des infrastructures civiles.

A Genève, Staffan de Mistura et la Commission d’enquête de l’ONU préoccupés par l’escalade militaire à Daraa

Cette situation à Deraa a été évoquée lors des consultations menées hier lundi à Genève par l’Envoyé spécial pour la Syrie avec de hauts représentants de la France, de l’Allemagne, de la Jordanie, du Royaume-Uni et des États-Unis. « Des préoccupations sérieuses ont été exprimées au sujet de l’escalade militaire en cours dans le sud-ouest de la Syrie et des appels ont été lancés en faveur d’une fin immédiate de la violence », font remarquer les services de Staffan de Mistura dans une déclaration rendue publique lundi soir.

Selon le médiateur de l’ONU, « des échanges de fond ont eu lieu sur les perspectives de progrès sur la voie constitutionnelle et sur la poursuite des efforts diplomatiques visant à promouvoir un terrain d’entente entre les acteurs internationaux en faveur d’un règlement politique en Syrie ».

Au Conseil des droits de l’homme de l’ONU aussi, le Président de la Commission d’enquête indépendante internationale sur la République arabe syrienne, a indiqué que les civils syriens vivent dans la crainte que les événements de la Ghouta orientale se répètent ailleurs tant les sièges de civils dans des zones peuplées en tant qu’arme de guerre ont un impact direct sur les civils. Et Paulo Sergio Pinheiro de prévenir que « certaines parties d’Idlib et de Deraa risquent bien d’être les prochaines ».

Face à ce qu’il considère comme « une banalisation de la barbarie », il a souligné que la seule solution consiste à un retour à la table des négociations et que les belligérants engagent un dialogue politique sincère et constructif.