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Deux enfants sur trois vivent dans un pays où les pères n’ont aucun jour de congé de paternité rémunéré (UNICEF)

Une enfant de trois ans et son père à l'extérieur de l'école à Kibera, Nairobi, Kenya, 16 mai 2017.
Photo : UNICEF/Adriane Ohanesian
Une enfant de trois ans et son père à l'extérieur de l'école à Kibera, Nairobi, Kenya, 16 mai 2017.

Deux enfants sur trois vivent dans un pays où les pères n’ont aucun jour de congé de paternité rémunéré (UNICEF)

Culture et éducation

Près des deux tiers des enfants de moins de 1 an, soit environ 90 millions d’enfants dans le monde, vivent dans un pays dans lequel leur père ne peut pas légalement prétendre à une seule journée de congé de paternité rémunéré, selon une nouvelle analyse de l’UNICEF. 

Quatre-vingt-douze pays, dont l’Inde et le Nigéria, qui comptent pourtant une importante population d’enfants en bas âge, ne disposent d’aucune politique nationale garantissant aux jeunes papas de pouvoir passer du temps avec leur nouveau-né sans subir une perte de revenus. En revanche, d’autres pays fortement peuplés d’enfants en bas âge, à l’instar du Brésil et de la République démocratique du Congo, disposent d’une politique nationale de congé de paternité rémunéré, même si la durée de ce congé est relativement courte. 

« Des échanges positifs et constructifs avec la mère et le père dès la naissance du nouveau-né contribuent au développement du cerveau de l’enfant à long terme, ce qui lui permet de vivre en meilleure santé et plus heureux, et de disposer d’une plus grande capacité d’apprentissage. Il est de notre responsabilité à tous de permettre [aux parents] de remplir ce rôle », a déclaré Henrietta H. Fore, Directrice générale de l’UNICEF

Des données probantes indiquent que les pères qui nouent un lien avec leur bébé dès sa naissance ont ensuite davantage de chances de jouer un rôle actif dans le développement de leur enfant. Des études suggèrent en outre que les enfants qui ont des échanges positifs avec leur père ont une meilleure santé psychologique, une plus grande estime d’eux-mêmes et sont plus satisfaits de leur vie à long terme. 

L’UNICEF encourage vivement les gouvernements à mettre en œuvre des politiques nationales bénéfiques à la vie de famille qui favorisent le développement de la petite enfance, notamment la rémunération du congé de paternité, afin de donner aux parents le temps, les ressources et les informations dont ils ont besoin pour prendre soin de leurs enfants. 

Plus tôt dans l’année, l’UNICEF a modernisé ses dispositions en matière de congé parental pour octroyer à ses employés dans l’ensemble de ses bureaux à travers le monde un congé de paternité rémunéré pouvant aller jusqu’à 16 semaines. Il est ainsi devenu le premier organisme des Nations Unies à allonger la durée de ce congé au-delà des quatre semaines habituelles. 

« Nous ne pouvons prétendre agir “Pour chaque enfant” sans agir “Pour chaque parent” », a ajouté Henrietta Fore. « Nous devons exiger davantage des gouvernements et des employeurs si nous voulons donner aux pères et aux mères le temps et les ressources dont ils ont besoin pour veiller sur leurs enfants, en particulier durant les premières années de leur vie. » 

Mettre en place des politiques favorables à la vie de famille

La volonté de mettre en place des politiques favorables à la vie de famille devient de plus en plus pressante dans le monde entier. L’Inde, par exemple, vient de proposer un projet de loi relatif à une prestation de paternité qui sera examiné à la prochaine session du Parlement. S’il est adopté, les pères pourraient bénéficier d’un congé de paternité rémunéré d’une durée de trois mois.

Il reste toutefois beaucoup de travail à accomplir. Huit pays à travers le monde, dont les États-Unis, qui abritent pourtant près de 4 millions d’enfants en bas âge, ne disposent d’aucune politique de congé de maternité ou de paternité rémunéré. 

Cette nouvelle analyse a été réalisée dans le cadre de la campagne « Super-papas » menée pour la deuxième année consécutive par l’UNICEF dans le but d’éliminer les obstacles qui empêchent les pères de jouer un rôle actif dans le développement de leurs jeunes enfants. La campagne profite de la fête des Pères, célébrée dans plus de 80 pays en juin, pour promouvoir l’importance de l’amour, du jeu, de la protection et d’une nutrition saine pour le bon développement du cerveau des enfants en bas âge.

Des avancées en neurosciences ont démontré que le cerveau des enfants qui évoluent dans un environnement bienveillant et stimulant pendant les premières années de leur vie, en particulier pendant les 1 000 premiers jours de leur vie, de leur conception à leur deuxième anniversaire, établit des connexions à un rythme optimal. Ces connexions neuronales ont une véritable incidence sur les capacités cognitives de l’enfant, sur la manière dont il apprend et pense, et sur son aptitude à gérer le stress, et peuvent même avoir une incidence sur ses revenus une fois adulte. 

D’après une série d’articles intitulée « Promouvoir le développement de la petite enfance : des données scientifiques à la mise en œuvre d’interventions à grande échelle », qui a commencé à être publiée dans la revue The Lancet en octobre 2016, près de 250 millions d’enfants de moins de 5 ans dans le monde courent un risque de développement sous-optimal en raison d’un retard de croissance ou de la pauvreté. Cette série d’articles a en outre révélé que les programmes promouvant des soins bienveillants en matière de santé, de nutrition, d’attention, de sécurité et de protection, et d’apprentissage préscolaire, peuvent ne pas coûter plus de 50 centimes par habitant et par an lorsqu’ils sont combinés aux services de santé existants.