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Égypte : l'ONU dénonce un « problème chronique » de détention arbitraire

Des journalistes lors d'un point de presse.
Photo : ONU/Violaine Martin
Des journalistes lors d'un point de presse.

Égypte : l'ONU dénonce un « problème chronique » de détention arbitraire

Droits de l'homme

Une série d'arrestations, d'interrogatoires et de détentions de militants, blogueurs et journalistes en Egypte au cours des dernières semaines semble indiquer une escalade importante dans la répression contre les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion dans le pays, a déclaré mardi le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).

« Nous appelons sans équivoque à la libération immédiate et inconditionnelle de tous ceux qui sont détenus par les autorités égyptiennes pour l'exercice légitime de leurs droits humains », a affirmé le HCDH dans une déclaration publiée mardi.

La détention arbitraire est devenue un problème chronique en Egypte

Dans plusieurs des cas, les individus n'ont pas été présentés avec un mandat d’arrêt et les accusations auxquelles ils sont confrontés sont assorties de longues peines de prison.

C’est notamment le cas du journaliste Ismail Alexandrani, détenu depuis novembre 2015, et qui a été condamné, le 22 mai dernier, à 10 ans d'emprisonnement par un tribunal militaire au Caire pour appartenance à un groupe illégal et diffusion de fausses informations.

La récente vague d'arrestations intervient après une déclaration faite en février par le procureur général ordonnant aux procureurs de surveiller les sites de médias sociaux qui « répandent des mensonges et des fausses nouvelles ».

Le 3 mai dernier, le Parquet suprême de la sûreté de l'Etat égyptien a décidé de renouveler la détention de Gamal Abdel Fattah, Hassan Hussein et Ahmed Manna pour encore 15 jours.

Il est important que la société civile, y compris les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et autres, puisse mettre en lumière les sujets de préoccupation et servir de chien de garde

Les trois hommes sont en détention depuis plus de trois mois après avoir appelé au boycott des élections présidentielles qui se sont tenues en Egypte en mars.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par le fait que les arrestations, souvent suivies de peines sévères, et souvent pour avoir simplement exercé les droits à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion, sont devenues monnaie courante », a déclaré le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

La détention arbitraire est devenue un problème chronique en Egypte.

Selon le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, la privation de liberté est arbitraire lorsqu'elle résulte de l'exercice de certains droits et libertés, y compris les droits à la liberté d'expression et de réunion.

Il est important que la société civile, y compris les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et autres, puisse mettre en lumière les sujets de préoccupation et servir de chien de garde. Mais au contraire, ils sont mis en prison, y compris pour de simples tweets critiques des autorités, et soumis à d'autres mesures de représailles, comme des interdictions de voyager, le gel des avoirs, l'intimidation et le harcèlement, et un environnement juridique extrêmement restrictif.

Le HCDH a appelé les autorités à garantir pleinement les droits de tous les détenus à leur intégrité physique et psychologique et à une procédure régulière.