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L’impact du sida sur la population active coûte des milliards de dollars en pertes de revenu (OIT)

les risques psychosociaux, le stress lié au travail et les maladies non transmissibles sont un motif d’inquiétude croissante
Photo OIT/Giorgio Taraschi
les risques psychosociaux, le stress lié au travail et les maladies non transmissibles sont un motif d’inquiétude croissante

L’impact du sida sur la population active coûte des milliards de dollars en pertes de revenu (OIT)

Santé

Le VIH et le sida continuent de faire payer un lourd tribut à la population active et d'avoir des répercussions économiques et sociales,  selon un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui appelle à combler les lacunes en matière de traitement et à mettre en place des mesures de dépistage et de prévention afin de garantir aux travailleurs qu’ils pourront mener une vie saine et productive.

En plus des souffrances humaines, le VIH et le sida provoquent des milliards de dollars de pertes de revenu, en grande partie liées aux centaines de milliers de décès de travailleurs qui auraient pu être évités grâce aux traitements, indique l’OIT.

Les pertes de revenus imputables au sida – résultant de la mort ou de l’incapacité à travailler – connaissent un recul substantiel depuis 2005, quand elles s’élevaient à 17 milliards de dollars, mais elles devraient encore atteindre 7,2 milliards de dollars en 2020.

Le rapport, intitulé « L’impact du VIH et du sida sur le monde du travail : estimations mondiales » et préparé en collaboration avec l’ONUSIDA, étudie comment l’évolution de l’épidémie de sida et l’essor des thérapies antirétrovirales (ARV) ont impacté la main-d’œuvre mondiale et comment ils devraient le faire à l’avenir. Il évalue aussi les conséquences économiques et sociales du VIH sur les travailleurs et leurs familles.

Les mesures de dépistage et de prévention du VIH doivent aussi être intensifiées si nous voulons mettre fin au sida. Guy Ryder, Directeur général de l’OIT

Ainsi, le rapport montre que les décès attribués au VIH et au sida dans la population active devraient chuter à 420.000 en 2020, contre 1,3 million en 2005. Le plus fort taux de mortalité est observé parmi les travailleurs qui approchent la quarantaine. «C’est normalement l’âge où les travailleurs sont au sommet de leur vie productive. Ces morts sont totalement évitables avec la généralisation et l’accélération des traitements », déclare Guy Ryder, le Directeur général de l’OIT.

Le traitement du sida permet aux travailleurs de rester actifs

La bonne nouvelle, c’est que le traitement du sida permet aux travailleurs de rester actifs. Le nombre de travailleurs vivant avec le VIH qui sont totalement ou partiellement incapables de travailler a considérablement reculé depuis 2005, et la tendance devrait se poursuivre. Le nombre total des personnes qu’on estime totalement incapables de travailler devrait tomber à 40.000 en 2020 par rapport au niveau de 2005 d’environ 350.000 – une baisse de 85% pour les hommes et de 93% pour les femmes.

Le rapport étudie aussi les «coûts cachés» – le poids des soins ou des tâches supplémentaires pour les membres du foyer. En 2020, environ 140.000 enfants assumeront des tâches supplémentaires au niveau du travail des enfants, selon les prévisions moyennes, tandis que 50.000 travailleurs équivalents temps plein supplémentaires s’acquitteront des travaux ménagers non rémunérés. 

Le nombre de travailleurs vivant avec le VIH est passé de 22,5 millions en 2005 à 26,6 millions en 2015. Il devrait approcher les 30 millions en 2020, même si les traitements ARV sont étendus comme prévu.

« Le simple élargissement de l’accès aux traitements ne suffit pas. Les mesures de dépistage et de prévention du VIH doivent aussi être intensifiées si nous voulons mettre fin au sida. C’est l’évidence même sur le plan humain. Et c’est judicieux sur le plan économique », conclut M. Ryder.