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Fistule obstétricale : la prévention est essentielle (OMS)

Une femme atteinte de fistule obstétricale à Juba, au Soudan du Sud. Photo ONU/Tim McKulka
Une femme atteinte de fistule obstétricale à Juba, au Soudan du Sud. Photo ONU/Tim McKulka

Fistule obstétricale : la prévention est essentielle (OMS)

Santé

On estime aujourd’hui à environ 2 millions de cas de fistule obstétricale non traitée dans le monde, la plupart en Asie et en Afrique subsaharienne. On compte entre 50.000 et 100 000 nouveaux cas chaque année, la plupart chez des femmes pauvres vivant dans des cultures où le statut et l'estime de soi d'une femme peuvent dépendre presque entièrement de son mariage et de sa capacité à avoir des enfants.

La fistule obstétricale est une lésion grave et dangereuse susceptible de survenir lors d'un accouchement. Il s'agit d'une brèche de la filière pelvi-génitale, c'est-à-dire l'ensemble des structures anatomiques que traverse le fœtus lors de l’accouchement. L’apparition d’une fistule obstétricale est directement liée à l’une des principales causes de mortalité maternelle : un travail difficile lors de l'accouchement ou l'absence de soins obstétricaux adéquats.

Les femmes qui présentent une fistule obstétricale souffrent d’une incontinence permanente, en ressentent de la honte et font l’objet d’une discrimination sociale. Cette affection évitable entraîne également à plus long terme des problèmes médicaux chroniques, tels que des infections cutanées, des troubles rénaux, voire le décès en l’absence de traitement.

Afin d’intensifier les mesures visant à éradiquer ce fléau, l’ONU a proclamé le 23 mai Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale.

La prévention est essentielle

La prévention est le meilleur moyen d’éliminer la fistule.  « C’est à dire comment faire pour s’assurer que les femmes ne se trouvent pas dans cette situation », a expliqué le Dr. Maurice Bucagu, médecin gynécologue au Département de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un entretien à ONU Info.

« L’OMS et ses partenaires ont fait la promotion de l’accouchement par du personnel qualifiée comme la sage-femme. Elle sait apprécier le moment où il faut l’accouchement normal ou encore le moment où il faut faire une césarienne. Et ceci permet donc d’éviter cette situation de fistule », a-t-il ajouté « On sait que  aujourd’hui à travers le monde, trois femmes sur cinq ont un accouchement dans des structures de santé » .

On estime aujourd’hui que, parmi les femmes affectées par la fistule, 1 femme sur 50 a accès au traitement chirurgical

En assurant la présence de personnel médical formé à tous les accouchements et en prodiguant des soins obstétricaux d’urgence aux femmes qui connaissent des complications à l’accouchement, on rendrait la fistule aussi rare dans les pays en développement qu’elle l’est aujourd’hui dans les pays développés.

Par ailleurs, il serait possible de réduire d’au moins 20 % l’invalidité et la mortalité maternelles si toutes les personnes qui le souhaitent ont accès aux services de planification familiale. Il faut en outre s’attaquer aux causes sous-jacentes de la marginalisation des femmes et des filles, notamment le manque d’accès aux services de santé et à l’éducation, la persistance de la pauvreté et des inégalités entre les sexes, le mariage d’enfants, la grossesse chez l’adolescente et le manque de protection des droits fondamentaux.

Des progrès lents pour le traitement de la fistule 

Pour ce qui est du traitement, les progrès sont plutôt lents, explique le Dr. Maurice Bucagu. « On estime aujourd’hui que, parmi les femmes affectées par la fistule, 1 femme sur 50 a accès au traitement chirurgical. Car il faut la chirurgie pour fermer la brèche qui s’est établie entre la cavité vaginale et la vessie »,  a-t-il expliqué.  « Donc refermer cette cavité, c’est possible de le faire, la technique est connue mais il faut une expertise. Dans les pays où on a la plus grande fréquence de ces cas c’est là où on a le moins de compétence et le moins d’expertise pour traiter ces cas ».

L’OMS recommande donc un personnel qualifié, des sages-femmes mais aussi des médecins qui puissent intervenir quand il y a une complication afin de prendre les mesures nécessaires pour sauver ces femmes.