L'actualité mondiale Un regard humain

Libye : une quarantaine d’attaques contre des centres de santé en un an

Des civils libyens traversent les rues détruites de la ville de Misrata (archives).
Photo HCR/Helen Caux
Des civils libyens traversent les rues détruites de la ville de Misrata (archives).

Libye : une quarantaine d’attaques contre des centres de santé en un an

Paix et sécurité

Les violences restent toujours préoccupantes en Libye et n’épargnent même plus des centres de santé, dénonce un rapport conjoint publié mardi à Genève, par le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU (BHCDH) et la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

« Entre le 1er mai 2017 et le 1er mai 2018, l’ONU a enregistré 36 attaques contre des centres de santé, des patients ou des travailleurs de santé en un an en Libye», a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat lors d’un point de presse aujourd’hui à Genève.

Le nombre d’attaques qui ont visé la santé est probablement beaucoup plus élevé, estiment la MANUL et le BHCDH.

Entre le 1er mai 2017 et le 1er mai 2018, l’ONU a enregistré 36 attaques contre des centres de santé, des patients ou des travailleurs de santé en un an en Libye

Des centres de santé sont bombardés ou pillés. Des travailleurs sont enlevés ou détenus arbitrairement, selon le rapport qui porte sur la période entre début mai 2017 et début mai dernier.

« La violence en Libye continue d’avoir un impact dévastateur sur les soins de santé dans le pays et les patients ont parfois refusé de recevoir des soins vitaux ou été attaqués pendant leur traitement », a d’ailleurs précisé Ravina Shamdasani.

Des violations importantes du droit international et de possibles crimes de guerre

L’ONU dénonce ainsi des violations importantes du droit international et de possibles crimes de guerre.

A cet égard, les Nations Unies citent le sort du centre de santé de Sabah, dans le sud du pays, qui a notamment été ciblé 15 fois en trois mois. En cause notamment, des groupes armés, dont ceux qui font désormais partie des ministères, sont régulièrement responsables de mauvais traitements. Dans un cas d’ailleurs, un combattant aurait même pointé une arme à feu sur la tête d’un médecin, obligeant le médecin à réanimer sa mère.

Face à cette situation, le Chef des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé une « attitude honteuse qui affecte certaines des personnes les plus vulnérables en Libye ».

Des attaques intentionnelles contre des centres et du personnel médicaux, des exécutions délibérées ou des abus contre des malades ou des blessés peuvent constituer des crimes de guerre

« Des attaques intentionnelles contre des centres et du personnel médicaux, des exécutions délibérées ou des abus contre des malades ou des blessés peuvent constituer des crimes de guerre », ajoute également le Haut-Commissaire Zeid Raad al-Hussein.


« Trop souvent, il n’y a pas de respect pour les malades et pas de caractère sacré pour ceux qui fournissent des soins.  Cela doit cesser », a déclaré Ghassan Salamé, tout en rappelant que le droit international prévoit notamment le droit à la santé pour tous, l’ONU demande aux parties de prendre toutes les mesures adaptées pour empêcher ou au moins de réduire l’impact des violences sur la santé.De son côté, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye et Chef de la MANUL a fustigé des attaques qui « constituent une violation du droit international et un mépris tragique de notre humanité commune ».

Les Nations Unies appellent aussi le gouvernement d’union nationale (GNA) des efforts et de garantir que les responsables seront poursuivis.